Roger Corman : d'Egdar Allan Poe à H. P. Lovecraft

Le 9 décembre 2022

C'est pour saluer la sortie du splendide coffret dvd/Bluray Roger Corman d'après Edgar Allan Poe, édité par Sidonis que nous présentons deux œuvres majeures réalisées par le plus infatigable des producteurs-réalisateurs hollywoodiens de son temps. Avec ses extraterrestres en caoutchouc et ses monstres en plastique, Roger Corman fut, dans les années 1950, le grand pourvoyeur des drive-in, le refondateur de ce qu'était la série B hollywoodienne en s'adaptant au gout et à la culture d'un nouveau public, celui des teenagers. En 1960, alors que le succès des films de la société britannique Hammer imposait mondialement un nouveau type de film d'horreur, un univers visuel gothique et en couleurs, Roger Corman débute la réalisation pour la société AIP, d'une série de films adaptés de l'œuvre d'Edgar Poe. Avec l'aide de son chef-opérateur Floyd Crosby, de scénaristes comme l'écrivain Richard Matheson, Corman ressuscite un fantastique dix-neuvièmiste, nourri de psychanalyse, très différent de la sécheresse des bandes d'horreur britanniques et du baroque organique de l'épouvante italienne de l'époque. Des titres toujours portés par le génial cabotinage shakespearien de Vincent Price.
La Tombe de Ligeia est le dernier titre de cette série. Il fut tourné, contrairement aux précédents, en Angleterre, dans les ruines d'une ancienne abbaye. Corman et son chef-opérateur (Arthur Grant remplace Floyd Crosby) tirent parti de paysages magnifiques pour une ambiance tout à la fois diurne et inquiétante au service d'une méditation poétique sur le deuil.
La Malédiction d'Arkham est un film fallacieusement présenté comme dérivée d'un poème d'Edgar Poe. Il s'agit, en fait, d'une transposition de L'Affaire Charles Dexter Ward d'H.P. Lovecraft. Corman relève un défi impossible en s'attaquant à une œuvre difficilement adaptable au cinéma. La Malédiction d'Arkham est pourtant un des meilleurs titres de la série, poème morbide et camp sur la façon dont le passé s'insinue dans le présent, dont le mort saisit le vif.

Jean-François Rauger

Cinéma bis

Le vendredi soir, c'est bis ! Des doubles programmes consacrés à des genres supposément mineurs : péplum, horreur, western italien, film d'arts martiaux, giallo, SF bon marché, délires érotiques, et mille autres formes cinématographiques subversives et insolentes, naïves et sophistiquées à la fois. Ou une poésie des extrêmes.

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