Polars français des années 80

Le 7 juillet 2023

À quoi ressemblait le cinéma français du samedi soir dans les années 1980 ? À Spécial Police de Michel Vianey et Descente aux enfers de Francis Girod. C'était encore une époque où le genre policier hexagonal rencontrait assez aisément les faveurs du public et constituait une valeur économiquement sûre pour les producteurs. Le premier titre est sorti en salles le 3 juillet 1985. Il s'agit du cinquième long métrage d'un cinéaste qui, après avoir débuté avec une œuvre d'une poésie assez inclassable, (Un type comme moi ne devrait jamais mourir mettant en vedette le dessinateur Jean-Michel Folon) a choisi les voies commercialement plus balisées du polar. Spécial police met en scène un policier barbu, binoclard et féru de technologie, incarné par Richard Berry, en guerre contre une mystérieuse organisation secrète aux ramifications remontant jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir. Le récit introduit en effet un élément de critique politique paranoïaque alors fort en vogue dans le cinéma populaire français. Carole Bouquet joue avec son élégance habituelle le rôle de la femme traquée.

Descente aux enfers est signé de Francis Girod et démontre une véritable ambition, celle d'adapter et d'acclimater un roman de David Goodis. Dans la moiteur tropicale d'Haïti, un écrivain alcoolique, Claude Brasseur, marié à une femme plus jeune que lui, commet un homicide involontaire et tente d'échapper aux conséquences de son geste. C'est à Jean-Loup Dabadie que le réalisateur du Trio infernal a demandé de travailler à cette transposition périlleuse. Scénariste et cinéaste ont tenté de saisir, davantage qu'un récit policier, une certaine atmosphère, pesante et sombre, et à dépeindre un couple en crise. Sophie Marceau, à peine sortie de ses personnages de lycéenne et d'étudiante, crève littéralement l'écran. Au moment de sa sortie en salle, le 5 novembre 1986, le film divisa la critique. Certains y virent un dépliant touristique avouant un refoulé néocolonial mal digéré. D'autres saluèrent la sobriété de la mise en scène et la force romanesque de ce qui est surtout une histoire d'amour.

Jean-François Rauger

Cinéma bis

Le vendredi soir, c'est bis ! Des doubles programmes consacrés à des genres supposément mineurs : péplum, horreur, western italien, film d'arts martiaux, giallo, SF bon marché, délires érotiques, et mille autres formes cinématographiques subversives et insolentes, naïves et sophistiquées à la fois. Ou une poésie des extrêmes.

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