Le 5 juillet 2024
La Cinémathèque française contribue pleinement à la redécouverte de cinéastes outrageusement oubliés et il faut admettre que certaines réalisatrices sont encore peu reconnues aujourd'hui malgré leur engagement combatif dans le vent nouveau du cinéma des années 60. C'est le cas de Paula Delsol, qui réalisa plusieurs courts et uniquement deux longs métrages particulièrement audacieux : La Dérive (1964) et Ben et Bénédict (1977). Des films restés invisibles malgré leur intérêt artistique et leurs sujets, tabous et controversés, qui expliquent les critiques railleuses de l'époque. Paula Delsol parle de liberté sexuelle, de stérilité, d'avortement clandestin et de plaisir féminin, et inquiète les producteurs, les distributeurs et la censure. La Dérive, d'une vivacité exemplaire et que la cinéaste produira seule, encouragée par François Truffaut, sera interdit aux moins de 18 ans en raison du « comportement profondément immoral de certains personnages du film ». De quoi nous encourager à venir aujourd'hui le redécouvrir. Une réhabilitation nécessaire, pour l'historienne Aurore Renaut : « Qu'une femme ait réalisé un film aussi abouti et si libre, en le produisant elle-même envers et contre tous dans cette France corsetée des années 60, reste un exploit qui n'a que peu d'équivalents. »
Fenêtre sur les collections
Un parcours éclectique dans notre collection de films, au gré des restaurations, des tirages ou des enrichissements. Un rendez-vous mensuel pour explorer l'histoire du cinéma, ouvrir nos archives au public, et y découvrir de nouvelles pépites cinématographiques.
