Parlons cinéma avec... Pascal Bonitzer
Du 12 février au 5 mars 2026
Je suis un boomer : à la base de la cinéphilie telle que je l'ai vécue, celle effervescente des années 60, des films ont été des révélations. Est-ce bien le mot ? Disons des secousses, sans lesquelles je n'aurais pu vouloir faire carrière dans le cinéma. Secousses est un mot pudique, tant la jouissance que le cinéma m'a procurée, dans les tristes années de mon adolescence, a été à la fois salvatrice et formatrice. Les films que je voyais alors, surtout dans les cinémas d'art et d'essai de mon quartier, le Ranelagh et le Passy (mais aussi déjà à la Cinémathèque), étaient principalement en noir et blanc. Je n'aimais pas les films en couleurs. Et le comble du noir et blanc, le comble de la jouissance, c'était les films noirs du cinéma américain. La vie n'est pas seulement vulgaire, elle est inexplicable (pour citer Bolaño) : jeune, je n'aimais pas les films en couleurs et je détestais les comédies, or mes premiers films et presque tous les suivants ont été des comédies en couleurs. J'ai dû y injecter pour les tolérer un peu de noirceur, et même, assez souvent, des revolvers. La Cinémathèque, et je l'en remercie vivement, m'offre aujourd'hui, avec la rétrospective de ceux-ci, de choisir quatre films qui m'ont diversement marqué. Vus à différentes époques, en pointillés et en zigzags, ils me racontent. — Pascal Bonitzer
Pascal Bonitzer est cinéaste et scénariste, pour lui-même et pour d'autres (Ruiz, Rivette, Akerman, Téchiné...). Enseignant, essayiste, il a commencé par être critique aux Cahiers du cinéma, à partir de 1969.