Parlons cinéma avec... Benoît Peeters

Du 6 au 27 avril 2023

Le premier film dont je garde un souvenir très fort, c'est Tabou de Murnau et Flaherty. Je devais avoir huit ou neuf ans et je suis tombé dessus par hasard à la télévision. Il m'a marqué par son exotisme, sa beauté et surtout par la tristesse de sa fin. Adolescent, j'ai été un spectateur très assidu au Musée du cinéma de Bruxelles, où les places étaient très bon marché. J'ai vu des films à haute dose sans faire de vrais choix : je voulais en découvrir le plus possible. Il y avait des rétrospectives de Pasolini, Visconti, Bergman, du cinéma muet, des œuvres expérimentales ; je voyais jusqu'à trois films d'affilée. Fassbinder, Duras, Godard ont compté pour moi autant que Lang, Hitchcock et Welles. J'ai pratiqué très tôt le cinéma en Super 8, puis en 16 mm, et l'envie d'écrire et réaliser était forte. Si la bande dessinée s'est présentée à moi à travers mon amitié d'enfance avec François Schuiten et a rapidement pris la première place dans ma vie professionnelle, l'amour du cinéma est resté une évidence. Ozu, Melville, Demy, Varda, Kieślowski, Tarkovski, Wong Kar-wai et bien d'autres continuent de m'accompagner. Ne retenir que quatre films a donc été un exercice aussi impossible qu'excitant.

Benoît Peeters


Benoît Peeters est biographe, notamment de Hergé, Jacques Derrida, Paul Valéry et Alain Robbe-Grillet. Il est scénariste de bandes dessinées (Les Cités obscures, avec François Schuiten, depuis 1983) et pour le cinéma, en particulier avec Raoul Ruiz (La Chouette aveugle, 1987) dont il fut l'ami et l'un des exégètes. Ensemble, ils ont aussi écrit un roman, Le Transpatagonien (2002). Éditeur (Les Impressions Nouvelles, où il a publié Hitchcock, le travail du film), commissaire d'exposition, théoricien des formes du récit et du rapport texte/image (Lire Tintin : Les Bijoux ravis, lecture minutieuse de l'album Les Bijoux de la Castafiore). Benoît Peeters a été élu pour la saison 2022-2023 à la chaire de création artistique du Collège de France où il enseigne la « Poétique de la bande dessinée ».

Parlons cinéma

La Cinémathèque invite une personnalité à programmer quelques séances pour parler des « films de sa vie ». À chaque séance, projection d'un film, suivie d'une prise de parole et d'un dialogue avec les spectateurs. Un rendez-vous régulier, une programmation spécifique, pour découvrir ou revoir autrement des images que l'on croyait connaître, pour écouter chaque fois une parole singulière et échanger des idées.

Découvrir ce cycle

Partenaires et remerciements

Diaphana Distribution, INA, Les Acacias, Tamasa Distribution