Jérôme Prieur
Du 28 avril au 26 mai 2022
Des rendez-vous dans d'autres vies
Une joie et une souffrance, pour reprendre la formule du cher François Truffaut. La joie de choisir des films aimés pour les retrouver, pour les faire connaître. La souffrance, ou du moins l'embarras du choix, quand il faut se résoudre à n'en montrer que quelques-uns.
Alors je n'ai voulu privilégier ni des films phares (ceux qui vous ont fondé, ceux que l'on emmènerait dans une île déserte – à condition qu'il y ait là-bas une salle de cinéma) ni les films de chevet : ces films parmi lesquels on dort et on rêve, on travaille (d'abord Hitchcock et Lang, et puis derrière tous les autres, comme l'eau qui monte irrésistiblement dans la chambre forte du docteur Mabuse, la liste est tellement infinie que j'en oublie déjà). Justement le cinéma n'est-il pas cette profusion (des âges, des auteurs, des genres, des formes, des styles, des acteurs) ? Depuis plus de cent ans (pour on ne sait combien de temps encore), c'est notre pays de cocagne.
Un immense chantier d'expériences, sensations, émotions, pensée, mémoire. Un univers incroyable qui nous démultiplie et donne toujours au spectateur nocturne rendez-vous dans d'autres vies. Ces quatre films rares en sont des preuves : le si troublant De beaux lendemains, la mise en abîme littérale pratiquée par Citoyen d'honneur, les fantasmagories et les fictions nées de la théologie dans La Voie lactée, ou le faux documentaire et la vraie enquête à travers les années sombres qu'est Hôtel du parc, projeté exceptionnellement.
Jérôme Prieur
De Corpus Christi (1997, début d'une série culte réalisée avec Gérard Mordillat) à Hélène Berr, une jeune fille dans Paris occupé (2013) ou Les Suppliques (2022) en passant par Vivement le cinéma (2011, coproduit par la Cinémathèque française), les films documentaires que réalise Jérôme Prieur sont des essais. Parallèlement, et depuis Nuits blanches (Gallimard, 1980) qui rassemblait ses écrits rapportés des salles obscures (sur Rivette, Eustache, Rohmer, Pialat, Bertolucci, Wenders, Ruiz, ...), il est l'auteur d'une bonne vingtaine de livres, dont Lanterne magique (nouvelle édition chez Fario, 2021) et Où est passé le passé, écrit avec l'archéologue Laurent Olivier (à paraître en mai 2022). « Fasciné par les fantômes, cet artiste archéologue est pourtant bien un homme du présent. » (Fabrice Gabriel, Le Monde des livres, 16 juin 2021)