Metin Erksan
Du 24 mars au 5 avril 2010
A la découverte de Metin Erksan
Metin Erksan est né le 1er janvier 1929. Très jeune passionné de cinéma, il débute, après avoir étudié l’histoire de l’art à l’Université d’Istanbul, comme assistant-réalisateur et scénariste. Il est également critique de cinéma. Son frère aîné, cinéaste confirmé, lui favorise l’entrée dans la profession. Pour lui, le cinéma est un art à part entière, une opinion qui s’oppose à la conception du cinéma en Turquie dans les années cinquante, où celui-ci est uniquement considéré comme un divertissement commercial. Il signe son premier film en 1952. Hayati est une biographie du poète aveugle Asik Veysel. Ce premier long métrage sera interdit par la censure qui considérait qu’il donnait une mauvaise image de la Turquie. A partir de 1960, il contribue à la création d’un authentique réalisme social dans le cinéma avec des films comme Un été sans eau, qui obtiendra l’Ours d’or au festival de Berlin en 1960, ou La Vengeance des serpents (1962), tous deux décrivant la vie du monde rural anatolien. Mais à ce réalisme, déterminé par un engagement politique marqué à gauche, s’ajoute une dimension métaphysique (son œuvre est hantée par le combat du bien et du mal) et un intérêt marqué pour des thèmes « modernes » (la solitude et l’incommunicabilité) déjà présents dans des films comme Le Héros des neuf montagnes (1958) et La Blessure de la séparation (1959).
Celui qui a dit « La raison, l’intelligence et la logique n’ont aucune valeur sans l’imagination » est aussi un peintre de passions violentes. Mais parallèlement à la création de son œuvre personnelle, Metin Erksan n’a pas cessé de réaliser des films populaires, une direction qui s’accentuera après 1965. La fin de sa carrière est marquée par la réalisation de feuilletons et de dramatiques pour la télévision. Metin Erksan a réalisé une quarantaine de films. La rétrospective qui lui est consacrée présente une dizaine de longs métrages ainsi que quelques moyens métrages produits pour la télévision turque.
Jean-François Rauger