Les 35 ans de Mad Movies
Du 21 au 30 décembre 2007
Cinéma bis : les 35 ans de Mad Movies
Créée en 1972 par Jean-Pierre Putters, alors jeune féru de cinéma fantastique désireux de faire partager, à son niveau, sa passion pour cette cinématographie peu considérée, la revue Mad Movies a été à sa naissance un fanzine un peu fauché, bricolé certes, mais déjà empreint d’un ton volontairement décalé, parfois caustique, toujours sincère. Après quelques numéros où les films de la Hammer, ceux de Mario Bava, ou encore les tout premiers Godzilla sont bénis à longueur de pages, Mad Movies se professionnalise et s’offre une nouvelle jeunesse (du moins, pour l’époque) avec un mémorable n°22, dans lequel Lucio Fulci est sacré « Poète du macabre » et se voit salué dans un dossier amoureusement élaboré.
Dès ses débuts, Mad Movies adopte une ligne éditoriale volontairement engagée : le cœur parle avant tout, et entre un « blockbuster » méthodiquement réalisé et un petit « shocker » horrifique sans le sou mais généreux, le choix est vite fait. Ce désir d’aller là où les autres revues fantastiques rechignent à mettre les pieds reste le credo du magazine, pour qui le partage d’une passion commune est un sacerdoce. Dans les années quatre-vingts, Mad Movies reçoit de plein fouet la déferlante des séries B américaines qui deviendront les classiques d’aujourd’hui et révèleront des grands noms du cinéma mondial tels que James Cameron, Peter Jackson, ou encore Sam Raimi. Défricher des cinématographies parallèles ou inconnues, dénicher des perles du genre, mettre en lumière des réalisateurs encore ignorés, lutter contre la critique institutionnelle, balourde et rétrograde, toujours condescendante envers le cinéma de genre et en particulier le fantastique et l’horreur, sont les éléments constitutifs du combat mené par Mad Movies depuis maintenant 35 ans. Anti-politiquement correct, vrai poil à gratter de la presse spécialisée, « Mad » (petit diminutif donné par les aficionados ou connaisseurs de la revue) est aussi un vrai vecteur de vocations, qu’elles soient journalistiques (comme le prouve la déferlante de fanzines après la création de Mad Movies) ou artistiques (la « Génération Mad Movies » ou comment la lecture d’une revue a donné envie à de jeunes créateurs de mettre en images leurs rêves et cauchemars). Et le passage à un rythme de parution mensuel n’altèrera aucunement ces préoccupations et objectifs, malgré le règne des grosses productions et l’extirpation du fantastique de ce ghetto qui l’a longtemps entravé.
Toujours là, debout et grande gueule, parfois roublard, mais acerbe et sans compromis, Mad Movies établit le lien entre passé cinématographique et actualité brûlante. Soutenir des petits films pas toujours accompagnés comme il le faudrait par leurs distributeurs et traités trop brièvement par la critique sonne comme LE leitmotiv éditorial à respecter. Découvrir et chérir, admirer et respecter, briser et construire, voilà ce qu’une poignée de résistants francs du collier tentent de faire chaque mois, par et pour une revue qu’ils espèrent immortelle.
Fausto Fasulo