Depuis vingt ans maintenant, l'Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion participe à la découverte et à une meilleure circulation de nombreux films d'auteurs, toutes nationalités confondues. Une sélection d'une trentaine de titres défendus par l'ACID depuis sa création permettra de constater le chemin parcouru et proposera un panorama éclectique d'un cinéma exigeant et novateur.
L’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion a 20 ans
« Pourquoi avons-nous besoin de tant d’histoires, de tant d’images ? Pourquoi ce désir d’être assis dans l’obscurité, de fixer l’écran où d’autres vivent, sans que nous puissions répondre à leurs paroles, nous mêler à leurs actes ? Pourquoi sommes-nous si sensibles à ces vies qui nous échappent ? Pourquoi rions-nous ? Pourquoi pleurons-nous ? La réponse semble évidente : parce que le cinéma est un art. Pourtant cette évidence est aujourd’hui violemment combattue, renvoyée au grenier poussiéreux des illusions, voire des utopies, niées par l’économie actuelle du cinéma. Aujourd’hui, l’essentiel des recettes se concentre sur de moins en moins de films capables, par leur puissance financière, d’occuper une partie si importante de la surface commerciale que tous les autres films sont repoussés dans une périphérie géographique et économique leur interdisant, de fait, de rencontrer leur public (…). (…) Il s’agit donc pour les cinéastes de résister, de ne pas se laisser imposer une morale qui n’est pas la leur : une morale qui ne pense qu’en termes de classement, de hiérarchie, d’exclusion, d’argent. Depuis toujours dans le cinéma français la marge et le centre sont intimement liés, indissociables. Toucher l’un, c’est atteindre l’autre. Henri Langlois avait fondé sa morale sur l’idée que « tous les films sont égaux ». Il n’en est pas d’autre qui vaille. Il s’agit donc pour les cinéastes de résister. Résister en donnant une vraie chance à tous les films d’être vus. »
Extrait du Manifeste Résister, signé en novembre 1991 par 180 cinéastes
Il y a 20 ans, en 1992, l’ACID naît suite à ce manifeste.
C’est avec la conscience du besoin de formes cinématographiques multiples et la conviction de la valeur de ce qui dure, de ce qui fait sens avec le temps, que des cinéastes fondent l’ACID. Ils imaginent un outil pour créer un lien entre cinéastes, distributeurs, exploitants et spectateurs, afin d’aider des films issus d’une création indépendante à atteindre leur public. Ils soutiennent les films d’autres cinéastes, convainquent des distributeurs et des exploitants de s’intéresser à ces films. Ils inventent alors de nouvelles manières de faire : pré-visionnements en régions pour les programmateurs, accompagnement des films par les cinéastes, rédaction de textes… Ils proposent au CNC des mécanismes d’aides à la distribution et à l’exploitation des films indépendants. Dès 1993, l’ACID décide d’être également présente au Festival de Cannes : une programmation parallèle d’œuvres indépendantes, souvent sans distributeur, réunit les cinéastes qui soutiennent et ceux qui sont soutenus, stimulantes rencontres accompagnées d’échanges passionnés. Ce sont ainsi 450 films qui, en 20 ans, ont été choisis et présentés aux quatre coins de la France et du monde par des cinéastes convaincus de la nécessité de regarder là où les autres ne veulent ou ne peuvent pas regarder, et de l’importance à long terme de ce geste-là. Aujourd’hui, ce geste n’a rien perdu de sa nécessité. Les chiffres mirobolants de la fréquentation cinématographique cachent une concentration massive, des difficultés accrues de production et de diffusion pour les œuvres les plus audacieuses. Un discours récurrent sur un trop grand nombre de « petits films » ne laisse plus de place à la valeur artistique et patrimoniale du cinéma. Face à cette situation, il est plus que jamais indispensable de continuer à regarder à côté, ailleurs, en toute indépendance. La Cinémathèque et l’ACID vous invitent aujourd’hui à fêter 20 ans de films, 20 ans de regards libres, 20 ans de liens entre cinéastes et publics, avec une programmation de premières œuvres, les premiers pas d’une trentaine de cinéastes. Fiction, documentaire, essai, expérimental : au cours de ces 20 ans, les cinéastes présents à l’ACID ont toujours choisi les films avec une seule règle : le coup de cœur…
Cet hommage s’ouvre avec l’un des tout premiers films défendus par l’ACID, Parfois trop d’amour de Lucas Belvaux. C’est donc à lui que nous laissons le mot de la fin en ne résistant pas au plaisir de vous faire partager un de ses textes écrit en 1994…
Les cinéastes de l’ACID
Second souffle et cinquième acte.
Le film est fini.
Fin de la première époque et premier bilan.
- Je suis fier, fier d’avoir fait un film qui ressemble à ce que j’avais imaginé et fier d’avoir tenu mes engagements, de n’avoir pas dépassé le temps qui m’était accordé donc le budget.
- Je suis fatigué.
- Tout reste à faire.
Deuxième époque. Un an après. L’impression étrange que chaque étape dure un an. Un an qui passe où rien ne se passe. Douze mois de confusion, de solitude aussi.
Quinze personnes ont vu le film, dix l’ont aimé. Fin du coup.
Ce film, mon film, est en train d’en rejoindre tant d’autres à la fosse commune.
C’est l’époque d’une nouvelle question qui m’obsède : « À quoi bon faire un film aujourd’hui ? ». Pas de réponse.
Combien sommes-nous à avoir eu cette expérience, sans s’en parler, éclatés géographiquement, moralement ?
Heureusement, c’est aussi l’époque d’une nouvelle rencontre, car une poignée décide que ça suffit et invente, rêve, organise.
C’est la naissance d’un réseau qui va à la rencontre d’autres réseaux.
Je sombrais dans le coma, et c’est l’ACID qui me réveille, qui réveille le film plutôt mais c’est tout comme, car c’était aussi l’époque où je ne faisais plus la différence entre mon film et moi (ce qui est dangereux), l’aimer c’était m’aimer et vice versa.
Nous avions décidé, avec Michel David, de distribuer le film nous mêmes, mais sans le soutien et le travail énergique de l’ACID, jamais nous n’y serions parvenu.
Aujourd’hui, Parfois trop d’amour est sorti, il est montré, il est vu, je peux enfin passer au suivant.
Merci à l’ACID, donc, et à chacun de ses membres, sans qui cette histoire, n’aurait jamais fini, grâce à qui d’autres histoires ont eu leur happy end.
Les films sont faits pour les salles, les salles pour les films, ça en fait des histoires d’amour…
Lucas Belvaux, 1994
Infos pratiques
Tarifs
- Plein tarif 7 €
- Tarif réduit 5,50 €
- Moins de 18 ans 4 €
- Carte Ciné Famille Adultes 5 €
- Carte Ciné Famille Enfants 3 €
- Libre Pass Gratuit
- Carte Festival 10 €
Formules d'abonnement
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Nouveau
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Dans les salles
Films, rencontres, conférences, spectacles
Du 16 au 27 mai 2012
Les films
- ADN Judith Cahen / France / 2004 Ve 18 mai 14h30
- Amitié (L') Serge Bozon / France / 1997 Sa 26 mai 15h00
- Antiquités de Rome (Les) Jean-Claude Rousseau / France / 1999 Je 17 mai 19h30
- Arrière-pays (L') Jacques Nolot / France / 1997 Me 23 mai 19h30
- Attendre le navire Alain Raoust / France / 1992 Je 17 mai 21h45
- BM du seigneur (La) Jean-Charles Hue / France / 2009 Sa 26 mai 19h00
- Château de hasard : Étage 1, pièce 1 (Le) Jean-Charles Fitoussi / France / 2019 Lu 21 mai 17h00
- Croisade d'Anne Buridan (La) Judith Cahen / France / 1995 Ve 18 mai 14h30
- Dancing Patrick Mario Bernard, Pierre Trividic, Xavier Brillat / France / 2002 Lu 21 mai 20h30
- Dans les champs de bataille Danielle Arbid / Belgique, Liban / 2003 Di 20 mai 21h00
- Des épaules solides Ursula Meier / Belgique, France, Suisse / 2002 Je 24 mai 19h30
- Donoma Djinn Carrénard / France / 2010 Sa 26 mai 21h00
- Du soleil pour les gueux Alain Guiraudie / France / 1999 Me 23 mai 21h30
- Fin du règne animal (La) Joël Brisse / France / 2002 Di 27 mai 21h00
- Jours où je n'existe pas (Les) Jean-Charles Fitoussi / France / 2002 Ve 25 mai 14h30
- Léger tremblement du paysage Philippe Fernandez / France / 2005 Ve 25 mai 17h00
- Lila Lili Marie Vermillard / France / 1998 Lu 28 mai 17h00
- Mémoire est-elle soluble dans l'eau ? (La) Charles Najman / France / 1995 Lu 28 mai 20h30
- Mystification ou l'histoire des portraits Sandrine Rinaldi / France / 2004 Lu 21 mai 17h00
- Noble art Pascal Deux / France / 2003 Sa 19 mai 20h30
- Parfois trop d'amour Lucas Belvaux / France, Belgique / 1991 Me 16 mai 20h00
- Petite amie d'Antonio (La) Manuel Poirier / France / 1991 Ve 25 mai 20h30
- Plus qu'hier, moins que demain Laurent Achard / France / 1998 Di 27 mai 19h00
- Quand la mer monte Gilles Porte, Yolande Moreau / France, Belgique / 2003 Di 27 mai 17h00
- Rêves de poussière Laurent Salgues / Burkina Faso, Canada, France / 2006 Me 23 mai 15h00
- Robert Mitchum est mort Olivier Babinet, Fred Kihn / France, Pologne, Belgique, Norvège / 2009 Lu 28 mai 14h30
- Terriens (Les) Ariane Doublet / France / 1999 Je 24 mai 14h30
- Vie de Jésus (La) Bruno Dumont / France / 1996 Ve 18 mai 19h00
- Vie est dure, nous aussi (La) Charles Castella / France / 1998 Je 17 mai 14h30
- Vie intermédiaire (La) François Zabaleta / France / 2008 Ve 18 mai 21h00
- Wesh wesh, qu'est-ce qui se passe ? Rabah Ameur-Zaïmeche / France / 2001 Je 24 mai 21h30
- Y aura-t-il de la neige à Noël ? Sandrine Veysset / France / 1995 Di 20 mai 19h00
- Zéro défaut Pierre Schoeller / France / 2004 Sa 19 mai 15h00
- Parfois trop d'amour Lucas Belvaux
- La Vie est dure, nous aussi Charles Castella
- Les Antiquités de Rome Jean-Claude Rousseau
- Attendre le navire Alain Raoust

- Mystification ou l'histoire des portraits Sandrine Rinaldi
- Le Château de hasard : Étage 1, pièce 1 Jean-Charles Fitoussi
- Dancing Patrick Mario Bernard, Pierre Trividic, Xavier Brillat
- Rêves de poussière Laurent Salgues
- L'Arrière-pays Jacques Nolot

- Du soleil pour les gueux Alain Guiraudie
- Les Terriens Ariane Doublet
- Des épaules solides Ursula Meier
- Wesh wesh, qu'est-ce qui se passe ? Rabah Ameur-Zaïmeche
- Les Jours où je n'existe pas Jean-Charles Fitoussi
- Léger tremblement du paysage Philippe Fernandez
- La Petite amie d'Antonio Manuel Poirier
Partenaires et remerciements
Tous les cinéastes dont les films sont présentés.
ACID , Agat Films, Alain Raoust, Arte France, Capricci, Haut et court, Les Films de la Croisade, Commune Image Media & Donoma Guerilla, Diaphana, GMT Productions, Jean-Claude Rousseau, Laurent Salgues, Les Films du Losange, Les Films du Paradoxe, Magouric Productions, Memento Films, Ostinato Production, Pyramide Distribution, Quark Productions, Shellac, Tadrart Films.
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