Le polar français des années 80

Le 17 juin 2022

Nouvelle descente dans l'univers du film policier français des années 1980, période particulièrement riche, quantitativement, pour le genre. Le goût pour les conventions du polar se mêlait en effet, alors, à diverses préoccupations politiques, produites par l'effervescence utopiste qui imaginait encore, en début de décennie, la possibilité d'un changement, plus ou moins radical, de la société française.

Boulevard des assassins est adapté par André G. Brunelin et Boramy Tioulong, en 1982, du roman de Max Gallo, Une affaire intime. Le film décrit le parcours d'un écrivain (Jean-Louis Trintignant), momentanément installé dans une ville balnéaire du Sud de la France, et qui découvre l'existence de magouilles immobilières auxquelles serait mêlée la municipalité. Il fut facile, à l'époque, de voir dans Boulevard des assassins une description, à peine cryptée, des scandales qui frappaient alors la ville de Nice sous la coupe de son maire Jacques Médecin. Mélangeant la dénonciation politique, obsession alors en vogue dans le cinéma français, et les ficelles du thriller paranoïaque, le film est l'unique réalisation pour le cinéma de Boramy Tioulong, cinéaste d'origine cambodgienne qui, après avoir été assistant, notamment de Pierre Schoendoerffer, a essentiellement travaillé pour la télévision. Le casting est particulièrement riche, qui compte Marie-France Pisier, Stéphane Audran et Victor Lanoux, superbe en édile-chef de gang.

Sorti en salles en France en septembre 1984, Tir à vue met en vedette Sandrine Bonnaire, époustouflante révélation, quelques mois plus tôt, de A nos amours de Maurice Pialat. La jeune comédienne s'amuse ici à endosser les habits d'un personnage façonné par certaines conventions du film noir romantique, celle de la jeune fille rebelle, formant avec son compagnon (incarné par Laurent Malet), un couple d'amants en fuite, en révolte contre la société et pratiquant le hold-up comme l'un des beaux arts. Le film est le premier et le seul long métrage pour le cinéma de Marc Angelo qui entamera ensuite une carrière prolifique pour la télévision, entre réalisation d'épisodes de feuilletons et de dramatiques.

Jean-François Rauger

Cinéma bis

Le vendredi soir, c'est bis ! Des doubles programmes consacrés à des genres supposément mineurs : péplum, horreur, western italien, film d'arts martiaux, giallo, SF bon marché, délires érotiques, et mille autres formes cinématographiques subversives et insolentes, naïves et sophistiquées à la fois. Ou une poésie des extrêmes.

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