Le cinéma en 70 mm
Du 13 au 30 juin 2014
Représentatifs du mouvement de monumentalisation qui s'enclenche à Hollywood à partir de la moitié des années cinquante, alors que les studios sont en crise et que la télévision apparaît comme un concurrent redoutable, les films tournés en 70 mm apparaissent comme une manière pour le cinéma d'affirmer une forme de particularité. Le format 70 mm n'est pas seulement le vecteur d'une forme monumentale, mais aussi une manière de conférer de nouvelles qualités à l'image cinématographique elle-même, d'accroître sa définition et la précision de sa profondeur de champ.
Le Tour du monde en 80 jours de Michael Anderson, filmé avec le procédé Todd-AO, inaugure cette rétrospective, témoignant de l'ambition culturelle globale d'une industrie qui, elle aussi, voudrait avoir le monde entier comme marché. Suivront des films hollywoodiens qui mettront les qualités de ce format géant au service de la comédie musicale (La Mélodie du bonheur, forme terminale du musical classique hollywoodien) ou de l'aventure épique (Khartoum, Lord Jim), l'aventure spatiale et métaphysique (2001 : l'odyssée de l'espace), la chronique guerrière (Patton), l'élégie (Dersou Ouzala). Goya, de l'Est-allemand Konrad Wolf, et Anna Karenine, du soviétique Alexandre Zarkhi, démontreront comment, de l'autre côté du rideau de fer, le format 70 mm aura aussi été une manière de célébrer des monuments de la culture.
Jean-François Rauger