Un cœur gros comme ça
Ces quelques lignes ne pourront jamais le contenir tout entier, lui et son œuvre viscéralement mêlés. Lui, l’anxieux qui attendait l’aube pour s’assoupir un peu. Lui, le cinéaste visionnaire qui écrasait le silence de la nuit sous la musique de Schumann. Lui qui tournait des films afin de partager son émotion devant l’indicible. Témoin privilégié de son époque, François Reichenbach a parcouru le monde la caméra contre son cœur. Il a attrapé au vol la musique des mots chuchotés, fait renaître la lumière posée sur Central Park, nous a offert l’humour d’Arthur Rubinstein, fait découvrir la mort joyeuse. Ce sont les détails qui ont retenu François Reichenbach, il a arrêté le temps pour des mains qui cherchaient à se nouer, un geste de Karajan, des regards perdus, des bouches qui se tendaient… Il a vu ce que les autres croisaient mais ne voyaient pas ; des épaules tassées par la douleur, la peur du condamné à mort, mais aussi la vie d’une richesse perpétuellement renouvelée, le Japon sous d’autres couleurs, les reflets des villes qui jouaient les narcissiques. Une œuvre magistrale, sincère, baignée de musique classique, pleine de son regard profondément généreux qui a su s’attarder sur des gamins de la rue, des artistes au sommet de la gloire, des pauvres, des hommes du quotidien, des musiciens, des sportifs, des assassins. À tous il a donné le temps de s’exprimer, offert la beauté et la grâce, une délicieuse magie…
Le cinéma de François Reichenbach est un cinéma sans frontières, celui d’un souffleur d’horizons, un buveur de départ. Il offre un cinéma différent qui fait partie de la Nouvelle Vague par sa liberté, son audace mais qui s’approche aussi de celui de Jean Rouch par sa vérité. Certains y verront parfois des images un peu surannées, d’autres des images d’une grande poésie, d’une sensibilité exceptionnelle, des regards, de nombreux regards, troublants qui les perceront.
Un certain regard
François Reichenbach est né le 3 juillet 1921 à Neuilly-sur-Seine, issu d’une grande famille d’industriels que côtoient de nombreuses personnalités : écrivains, musiciens, peintres – Wlaminck, Derain, Segonzac et même le photographe Jacques-Henri Lartigue, auquel Reichenbach consacrera un portrait en 1980. Il poursuit des études musicales à Genève, puis devient conseiller technique de musées américains pour l’achat en Europe de tableaux de maîtres, critique d’art. Pour gagner sa vie, il vend des toiles de maîtres aux Américains fortunés. Mais surtout, il écoute les gens parler et les regarde. Il a pour eux ce « regard caméra » qui emmagasine tout, il est un « voleur d’images », comme le disait Abdoulaye Faye dans Un cœur gros comme ça. Ce regard, c’est l’Amérique qui l’a développé, et même révélé. Regarder le monde avec un certain regard devient sa signature. François Reichenbach réalise en 1955 Impressions de New York, son premier court métrage, sans connaissance en photographie, aucune technique. Par mégarde, il recharge sa caméra avec de la pellicule déjà utilisée, cela offre une surimpression au film. Son ami Gérard Oury lui présente Pierre Braunberger qui, enthousiaste, produit le film. Le premier accueil en salle est désastreux, si bien que pour donner une autre chance à ce film muet, musique et commentaires sont ajoutés. Succès. La critique lui décerne le prix du Festival de Tours en 1956 et le prix du Festival d’Édimbourg. La carrière de François Reichenbach est lancée.
Le monde a encore un visage
Tout au long de sa vie, ce boulimique d’images qui aime avant tout se présenter comme un musicien, tournera plus d’une centaine de films et sera récompensé de prix prestigieux : Les Marines (1957), prix spécial du Festival d’Édimbourg. L’Amérique insolite (1960), sélection française au Festival de Cannes. Le Petit café (1962), prix du court métrage au Festival de Venise. Mais surtout, en 1964, François Reichenbach connaîtra la consécration avec le Grand prix du court métrage à Cannes pour La Douceur du village. Ce film bourré de tendresse s’articule autour de 16 leçons croustillantes qui reflètent une France savoureuse, et où le personnage principal devient le maître de l’école. Les tournages s’enchaînent, Chris Marker, qu’il appelait son « témoin honnête », le conseille et suit sa carrière. Son œuvre ressemble à une monumentale fresque, François Reichenbach ne lâche jamais sa caméra et parcourt le monde. Il s’attache à trois pays dont il ne cesse de guetter le visage : les États-Unis, le Japon, le Mexique. En 1977, il propose une autre vision des États-Unis avec Sex O’Clock USA, ouvre les débats avec Le Prix d’une vie, reportage choc sur le prix d’une vie, celle de Charlie Bass, un condamné à mort. L’art de Reichenbach ? Pas celui du pamphlet. Il ne se positionne pas, juste un témoin. L’enfant timide et rêveur qu’il était a pris pour habitude de s’extraire du décor pour mieux observer. Avec Le Japon insolite en 1982, puis en 1985 Les Chemins du Nord profond, il nous offre une nouvelle fois la preuve que le cinéma n’a pas besoin de fiction quand il dispose de la vie.
Témoin émerveillé d’un monde qui change, sa force est d’être toujours présent, caméra à l’épaule, à un point de bascule, au moment crucial où l’on sent que c’est la fin irrémédiable de quelque chose. 13 jours en France, tourné en 1968 avec Claude Lelouch, donne aux Jeux olympiques d’hiver de Grenoble le visage d’une France qui ne sera plus jamais la même. Les Marines (1957) dessine le portrait de ces hommes volontaires, prêts à mourir au combat. Ce point de bascule où l’homme devient machine de guerre. Justesse du regard, musique et image parfaitement liées l’une à l’autre, François Reichenbach a toujours su apprivoiser les silences et chorégraphier les images. Il offre sans retenue un cinéma généreux, tourné vers les autres, porté par son enthousiasme et son regard libre. À quatre pattes sous une table ou en équilibre précaire dans une barque, il n’a jamais cessé de filmer. Combien de portraits ? Yehudi Menuhin, Brigitte Bardot, Barbara, Orson Welles, Rostropovitch et bien d’autres encore, Arthur Rubinstein avec L’Amour de la vie, Oscar du documentaire à Hollywood… Quelques films inclassables où la fiction se mêle à la réalité : Vérités et mensonges (F for Fake) réalisé avec Orson Welles ou La Raison du plus fou avec Raymond Devos. La liste de ses films est infinie ! Infatigable, d’une aube à l’autre, avec sa caméra, il a stoppé l’éphémérité du temps par tous les chemins qui s’offraient à son regard. En 1987, l’Académie française a récompensé l’ensemble de son œuvre en lui décernant le Grand prix du cinéma.
Sarah Marty
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Du 7 janvier au 23 février 2015
Pérégrinations : Les Etats-Unis
- Américain se détend (L') François Reichenbach / France / 1957 CM Ve 9 jan 21h15 Ve 23 jan 20h30
- Amérique insolite (L') François Reichenbach / France / 1958 Me 7 jan 20h00 Sa 7 fév 19h00
- Caravane d'amour] = [Nous sommes venus pour vos filles (La) François Reichenbach / Etats-Unis-France / 1971 Sa 24 jan 21h45 Sa 14 fév 20h30
- Houston Texas François Reichenbach / France / 1956 CM Sa 10 jan 21h30 Me 4 fév 21h30
- Houston Texas (Le prix d'une vie, retour à Houston) François Reichenbach / France / 1979 Sa 10 jan 21h30 Me 4 fév 21h30
- Impressions de New York François Reichenbach / France / 1955 CM Ve 9 jan 21h15 Ve 23 jan 20h30
- Marines (Les) François Reichenbach / France / 1957 CM Ve 9 jan 21h15 Ve 23 jan 20h30
- Prison à l'américaine François Reichenbach / France / 1969 CM Ve 9 jan 21h15 Ve 23 jan 20h30
- Sex o'clock U.S.A François Reichenbach et Jean-Jacques Fourgeaud / France / 1976 Ve 9 jan 19h00 Me 4 fév 19h30
Pérégrinations : Le Mexique
- Médecines de l'âme (Les) François Reichenbach / France / 1985 Di 11 jan 21h00 Lu 2 fév 20h30
- Mexico, Mexico François Reichenbach / France-Mexique / 1968 Sa 10 jan 19h30 Sa 7 fév 21h00
- Mort joyeuse (La) François Reichenbach / France / 1992 CM Di 11 jan 21h00 Lu 2 fév 20h30
- Mort ne tue jamais personne - La fête des morts (La) François Reichenbach / France / 1971 CM Di 11 jan 21h00 Lu 2 fév 20h30
- Passion selon le peuple mexicain (La) François Reichenbach / France / 1978 Di 11 jan 19h00 Lu 9 fév 20h30
Pérégrinations : Le Japon
- Japon de François Reichenbach = Le Japon insolite (Le) François Reichenbach / France / 1980 Je 8 jan 20h30
- Japon, les chemins du nord profond François Reichenbach / France / 1985 Je 8 jan 20h30
Les portraits
- À la mémoire du rock François Reichenbach / France / 1963 CM Sa 10 jan 15h00 Sa 7 fév 15h00
- Antonio Vivaldi François Reichenbach / France / 1980 Lu 12 jan 20h30
- Arthur Rubinstein, l'amour de la vie François Reichenbach, Gérard Patris / France / 1968 Di 11 jan 14h30 Lu 16 fév 20h30
- Brigitte Bardot aux USA François Reichenbach / France / 1966 Sa 24 jan 15h00 Me 11 fév 20h30
- Chasseur (Le) François Reichenbach / France / 1970 CM Me 21 jan 21h15 Di 22 fév 20h30
- Douceur du village (La) François Reichenbach / France / 1963 Sa 17 jan 21h00 Di 8 fév 21h15
- Dunoyer de Segonzac François Reichenbach et Monique Lepeuve / France / 1965 CM Sa 17 jan 15h00 Di 8 fév 19h00
- Fou de musique (Le) François Reichenbach / France / 1990 Me 21 jan 21h15 Di 22 fév 20h30
- J'ai tout donné François Reichenbach / France / 1971 Sa 10 jan 15h00 Sa 7 fév 15h00
- Jacques-Henri Lartigue François Reichenbach / France / 1981 Me 14 jan 21h30 Ve 13 fév 20h30
- Je vous salue Paris = Paris-Dior = Christian Dior François Reichenbach / France / 1967 CM Sa 17 jan 17h15 Lu 9 fév 17h00
- Karajan à Salzbourg François Reichenbach / France-République fédérale d'Allemagne / 1967 CM Me 21 jan 19h00 Sa 21 fév 20h30
- Lomelin = Portrait d'un novillero François Reichenbach / France / 1965 CM Sa 17 jan 21h00 Di 8 fév 21h15
- Manitas de Plata François Reichenbach / France / 1967 Di 18 jan 19h00
- Maurice Béjart François Reichenbach / France / 1982 Di 18 jan 16h30
- Michel Legrand François Reichenbach / France / 1992 Sa 17 jan 17h15 Lu 9 fév 17h00
- Mon amie Sylvie François Reichenbach / France / 1971 Je 22 jan 20h30
- Orson Welles François Reichenbach et Frédéric Rossif / France / 1968 CM Sa 17 jan 15h00 Di 8 fév 19h00
- Paul Sacher François Reichenbach / France / 1990 Me 21 jan 19h00 Sa 21 fév 20h30
- Petit café (Le) François Reichenbach / France / 1962 CM Sa 24 jan 15h00 Me 11 fév 20h30
- Petit cirque mexicain (Le) François Reichenbach / France / 1975 Di 18 jan 21h00 Me 18 fév 20h30
- Portrait de Barbara François Reichenbach / France / 1978 Lu 12 jan 20h30
- Raison du plus fou (La) François Reichenbach / France / 1972 Me 14 jan 19h30 Je 19 fév 20h30
- Slava François Reichenbach / France / 1978 Je 15 jan 21h15
- Tant qu'il y aura des enfants il y aura des clowns François Reichenbach / Espagne / 1980 Sa 17 jan 15h00 Di 8 fév 19h00
- Un cœur gros comme ça François Reichenbach / France / 1961 Sa 17 jan 19h00 Ve 20 fév 19h00
- Yehudi Menuhin, chemin de lumière François Reichenbach et Bernard Gavoty / France / 1971 Di 25 jan 19h00 Ve 20 fév 20h45
Sous le regard de François Reichenbach
- Entends-tu les chiens aboyer ? François Reichenbach / Mexique-France / 1974 Di 25 jan 21h00
- Indiscret (L') François Reichenbach / France / 1968 Sa 24 jan 19h30 Lu 23 fév 20h30
- Vérités et mensonges Orson Welles / France-Iran-République fédérale d'Allemagne / 1973 Je 15 jan 19h00 Di 15 fév 19h30
- Sex o'clock U.S.A François Reichenbach et Jean-Jacques Fourgeaud
- Impressions de New York François Reichenbach CM
- Les Marines François Reichenbach CM
- L'Américain se détend François Reichenbach CM
- Prison à l'américaine François Reichenbach CM

- À la mémoire du rock François Reichenbach CM
- J'ai tout donné François Reichenbach
- Mexico, Mexico François Reichenbach
- Houston Texas François Reichenbach CM
- Houston Texas (Le prix d'une vie, retour à Houston) François Reichenbach
- Arthur Rubinstein, l'amour de la vie François Reichenbach, Gérard Patris
- La Passion selon le peuple mexicain François Reichenbach
- La Mort ne tue jamais personne - La fête des morts François Reichenbach CM
- Les Médecines de l'âme François Reichenbach
- La Mort joyeuse François Reichenbach CM
- Portrait de Barbara François Reichenbach
- Antonio Vivaldi François Reichenbach
- La Raison du plus fou François Reichenbach
- Jacques-Henri Lartigue François Reichenbach

- Vérités et mensonges Orson Welles
- Slava François Reichenbach

- Dunoyer de Segonzac François Reichenbach et Monique Lepeuve CM
- Orson Welles François Reichenbach et Frédéric Rossif CM
- Tant qu'il y aura des enfants il y aura des clowns François Reichenbach
- Je vous salue Paris = Paris-Dior = Christian Dior François Reichenbach CM
- Michel Legrand François Reichenbach
- Un cœur gros comme ça François Reichenbach
- Lomelin = Portrait d'un novillero François Reichenbach CM
- La Douceur du village François Reichenbach
- Karajan à Salzbourg François Reichenbach CM
- Paul Sacher François Reichenbach
- Le Chasseur François Reichenbach CM
- Le Fou de musique François Reichenbach
- Mon amie Sylvie François Reichenbach
- Sex o'clock U.S.A François Reichenbach et Jean-Jacques Fourgeaud
- Houston Texas François Reichenbach CM
- Houston Texas (Le prix d'une vie, retour à Houston) François Reichenbach

- À la mémoire du rock François Reichenbach CM
- J'ai tout donné François Reichenbach
- L'Amérique insolite François Reichenbach
- Mexico, Mexico François Reichenbach

- Dunoyer de Segonzac François Reichenbach et Monique Lepeuve CM
- Orson Welles François Reichenbach et Frédéric Rossif CM
- Tant qu'il y aura des enfants il y aura des clowns François Reichenbach
- Lomelin = Portrait d'un novillero François Reichenbach CM
- La Douceur du village François Reichenbach
- Je vous salue Paris = Paris-Dior = Christian Dior François Reichenbach CM
- Michel Legrand François Reichenbach
- La Passion selon le peuple mexicain François Reichenbach
- Le Petit café François Reichenbach CM
- Brigitte Bardot aux USA François Reichenbach
- Jacques-Henri Lartigue François Reichenbach
- La Caravane d'amour] = [Nous sommes venus pour vos filles François Reichenbach

- Vérités et mensonges Orson Welles
- Le Petit cirque mexicain François Reichenbach
- La Raison du plus fou François Reichenbach
- Un cœur gros comme ça François Reichenbach
- Yehudi Menuhin, chemin de lumière François Reichenbach et Bernard Gavoty
- L'Indiscret François Reichenbach
-
14h30
- Arthur Rubinstein, l'amour de la vie François Reichenbach, Gérard Patris
-
19h00
- La Passion selon le peuple mexicain François Reichenbach
-
21h00
- La Mort ne tue jamais personne - La fête des morts François Reichenbach CM
- Les Médecines de l'âme François Reichenbach
- La Mort joyeuse François Reichenbach CM
-
15h00
- Dunoyer de Segonzac François Reichenbach et Monique Lepeuve CM
- Orson Welles François Reichenbach et Frédéric Rossif CM
- Tant qu'il y aura des enfants il y aura des clowns François Reichenbach
-
17h15
- Je vous salue Paris = Paris-Dior = Christian Dior François Reichenbach CM
- Michel Legrand François Reichenbach
-
19h00
- Un cœur gros comme ça François Reichenbach
-
21h00
- Lomelin = Portrait d'un novillero François Reichenbach CM
- La Douceur du village François Reichenbach
-
19h00
- Dunoyer de Segonzac François Reichenbach et Monique Lepeuve CM
- Orson Welles François Reichenbach et Frédéric Rossif CM
- Tant qu'il y aura des enfants il y aura des clowns François Reichenbach
-
21h15
- Lomelin = Portrait d'un novillero François Reichenbach CM
- La Douceur du village François Reichenbach
Partenaires et remerciements
Sarah Marty, Françoise Widhoff, Bernard Meusnier, Jean-Jacques Fourgeaud, Archives Françaises du Film-CNC, Camera One, Le Centre culturel suisse, CIO, La Cinémathèque de Grenoble, La Cinémathèque québecoise, La Cinémathèque de Toulouse, Documentaire sur grand écran, Gaumont, INA, Les Films du Jeudi, Les Films du Prisme, Pathé Distribution, TF1.
En partenariat média avec
