Émile Cohl
Du 11 au 13 avril 2008
Émile Cohl, l'inventeur
Le premier plan de Fantasmagorie, premier film d'Émile Cohl, nous montre sa main traçant à la craie le trait qui, depuis ce moment, sera en perpétuelle transformation, et donnera vie à tout un univers de surprises sans cesse renouvelées, d'une inventivité toujours imprévisible.
L'œuvre d'Émile Cohl ne se limite pas à cette technique dont la simplicité et la force ont fait le succès. Il n'est guère de techniques auxquelles, en à peine quinze années de création cinématographique, il n'ait pas cherché à appliquer sa prodigieuse imagination. Burlesque, vaudeville, documentaire scientifique ou historique, publicité, film abstrait, en prises de vues réelles comme en pixilation (image par image), marionnettes, papiers découpés, incrustation ou objets animés. Et, toujours, le dessin comme moyen privilégié et direct d'une expression d'une intense liberté formelle.
S'il y a un mot qui convient particulièrement à Émile Cohl, c'est celui d'inventeur. Ce sont des circonstances presque hasardeuses qui ont conduit ce personnage hors du commun et déjà célèbre, caricaturiste, philatéliste, escrimeur, excellent dessinateur, à franchir les portes de la société Gaumont, en 1908, pour réaliser, à plus de 50 ans, son premier film. Qui sera suivi de beaucoup d'autres, chez Gaumont, chez Pathé ou chez Éclair, pour qui il travaillera même quelques années aux États-Unis. Lorsqu'en 1923, Émile Cohl abandonnera la caméra, il aura réalisé plus de trois cents courts métrages.
Il y a des inventeurs dont le destin est d'être moins reconnu que d'autres. Émile Cohl est de ceux-là. Probablement parce qu'il a été le pionnier de ce type de cinéma toujours un peu à l'écart de l'histoire traditionnelle de cet art, le cinéma d'animation, il a connu quelques traversées du désert dont ce programme devrait être l'occasion de le faire sortir définitivement.
Cent ans après Fantasmagorie, alors que l'animation est devenue l'un des domaines les plus créatifs du cinéma contemporain et occupe une nouvelle place dans le paysage cinématographique, la force poétique des films d'Émile Cohl reste intacte : à jamais expérimentale, inventive, fugace, fantasmatique.