De l'essai au documentaire filmé, écrire avec les images des autres
Le 5 octobre 2023
Lorsque se présenta l'opportunité d'adapter mon essai sur Jim Carrey en documentaire pour la télévision, je trépignais de concrétiser trois ambitions personnelles : faire un pas vers le cinéma, rendre mon travail accessible au plus grand nombre, et prouver que je ne m'étais pas trompé. J'allais enfin pouvoir faire la démonstration irréfutable que Jim Carrey avait été l'homme le plus drôle du monde, et passer en prime pour un « réalisateur » (le fantasme caché de bons nombres de critiques).
Deux ans et deux documentaires en images d'archives plus tard (j'en réaliserai un autre, sur Brad Pitt), je mesurais combien j'avais été naïf. L'usage des archives n'avait pas fait de moi un « réalisateur ». Il m'avait confirmé à ma place d'admirateur professionnel, dans un nouveau langage. J'avais raconté Brad avec les images de Fincher, et Jim, avec celles de la télé-poubelle des années 1990. Je n'étais pas devenu un cinéaste, j'avais réalisé un rêve de critique : sélectionner des images dans mes œuvres préférées, afin de montrer au reste du monde qu'il avait eu tort de ne pas les aimer autant que moi.
Adrien Dénouette