Comédies bavaroises

Chauds les teutons

Genre le plus populaire du cinéma ouest-allemand d’après-guerre, s’épanouissant dans les années 1950-1960, le « Heitmatfilm » pourrait se traduire par « film de terroir » (Heimat = patrie) et désigne des bluettes sentimentales dans les campagnes reculées ou les montagnes, sortes de paradis perdus, loin des villes frelatées par le progrès, misant sur les saines mœurs paysannes. La Bavière, ses chapeaux tyroliens, ses culottes de cuir et ses jodeln (chants alpins) sont les symboles kitsch de ces divertissements manichéens qui offrent des paysages de cartes postales intacts de toutes les ruines de la guerre et dont l’innocente quiétude s’oppose au désespoir des « films de décombres » entrepris après 1945. Les comédies érotiques bavaroises qui déferlent à partir des années 1970, après la vogue des films hygiéniques, reprennent tout ce folklore et peuvent être perçues comme la phase terminale du lénifiant Heitmatfilm, torpillé par une intense activité libidineuse. Aime-moi vite le jour se lève, L’Auberge des petites polissonnes, Chauds les teutons montrent des gretchens batifolant dans les granges, des paysans obsédés sexuels, des pasteurs voyeurs, des hôteliers cocus et des promoteurs désireux de transformer les auberges en usine à saucisses. La bière coule à flots, les matelas à ressorts grincent, les bustiers débordent et les serveuses ne portent plus de culotte.

Slips en vadrouille montre comment le sexe peut sauver de la ruine un hôtel de Haute-Bavière et relancer le tourisme : la critique sérieuse est indisposée par « la laideur agressive » des personnages, « ce qui rend certaines séquences franchement insupportables » (La Saison 75). Tiens ta bougie droite conte les frasques sexuelles de cinq mineurs de fond [le subtil titre original se traduit par « Continue de forer, mon pote ! »] ayant gagné à la loterie mais perdant le billet. On quitte la Bavière riante pour le bassin minier d’Essen en Rhénanie-du-Nord. La tenancière du Bordel est jouée par la fassbinderienne Elisabeth Volkmann.

Cinéma bis

Le vendredi soir, c'est bis ! Des doubles programmes consacrés à des genres supposément mineurs : péplum, horreur, western italien, film d'arts martiaux, giallo, SF bon marché, délires érotiques, et mille autres formes cinématographiques subversives et insolentes, naïves et sophistiquées à la fois. Ou une poésie des extrêmes.

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