Centenaire de la Nikkatsu
Fondée en 1912, la Nikkatsu est une des plus anciennes compagnies de production cinématographique japonaises. Son histoire témoigne des transformations du cinéma mais aussi de la société. Elle saura s’adapter aux mutations du public et trouvera des solutions originales (le roman porno par exemple) aux crises récurrentes de l’industrie cinématographique.
Parcourir en trente-sept films l’évolution d’une compagnie de production est une manière d’entrer dans l’histoire du cinéma qui ne réduirait pas celle-ci à une addition de titres ni à une sélection de cinéastes, mais à l’examen d’une stratégie industrielle s’adaptant aux transformations de la société et sensible à l’évolution du public. Un mouvement auquel se sont parfois exemplairement pliés quelques-uns de ceux qui sont devenus d’indiscutables auteurs du cinéma. C’est en tout cas ce que nous permettra de constater la programmation consacrée au studio Nikkatsu, qui fête son centenaire en 2012. Divisée en grands studios intégrés verticalement (production-distribution-exploitation), l’industrie cinématographique japonaise doit sa richesse et sa particularité à ce profil oligopolistique, force et faiblesse de la cinématographie nipponne classique.
Genre contre drames sociaux
La Nikkatsu a été fondée en 1912 par le regroupement de quatre compagnies de cinéma, cumulant les activités d’exploitation de salles, de distribution et de production. Elle possède alors des studios à Tokyo et à Kyoto. Elle lance notamment Matsunosuke Onoe, acteur venu du théâtre kabuki, qui deviendra une des premières stars du cinéma nippon, dans des oeuvres qui constitueront les sources du film de sabre (chambara) et du ninjutsu eiga (films de ninjas), comme le montrera l’étonnant fragment retrouvé et restauré de Jiraiya le ninja de Shôzô Makino (1921). Mais à côté de la production de films historiques, la Nikkatsu s’intéresse aussi aux drames contemporains, catégorie dans laquelle s’affirme Kenji Mizoguchi (La Marche de Tokyo en 1929 ou Terre natale l’année suivante, sans doute les titres les plus anciens disponibles de l’auteur de La Rue de la honte). Alors que Masahiro Makino (fils de Shôzô) continue la tradition du cinéma de genre (Singing Love Birds est un très curieux film musical) dans les années trente, on voit émerger des cinéastes comme Sadao Yamanaka, cinéaste-poète à la carrière fulgurante (il est mort à la guerre à 28 ans, seuls trois de ses films subsistent) dont seront montrés T*ange Sazen et le pot d’un million de ryôs* (1935), ainsi que Kôchiyama Sôshun (1936), comédies satiriques subtilement amorales, dénonçant l’ordre féodal.
Pendant la guerre, la Nikkatsu sera contrainte, à la demande du régime militaire, de fusionner avec d’autres compagnies de production. En 1942, son département de production est absorbé par la DAIEI. Essentiellement concentrée sur son réseau de salles après la guerre, la Nikkatsu reprend des activités de production à partir de 1954.
Vers la modernité
Un nouvel âge d’or pour l’industrie cinématographique japonaise s’annonce alors. La Nikkatsu va prendre en compte le rajeunissement d’un public, en quête d’autonomie et d’affirmation générationnelle. C’est le moment des films sur ce que l’on a appelé la « Génération du soleil » et de la découverte d’une nouvelle liberté chez de nombreux cinéastes. De Passions juvéniles de Kô Nakahira par exemple (1956), François Truffaut écrira : « La mise en scène est admirable d’invention et de non conformisme. Presque tous les raccords sont faux, tout simplement parce que les plans se suivent et ne se ressemblent pas… »
Parallèlement à ce rajeunissement général de l’inspiration, quelques auteurs vont s’imposer à la Nikkatsu, comme Yuzo Kawashima, chaînon manquant du cinéma nippon vers la modernité. On verra de lui Le Paradis de Suzaki (1956) et Chronique du soleil à la fin d’Edo (1957). Puis les désillusions de la « Génération du soleil » s’incarneront dans les années soixante dans une série de Films Noirs signés notamment Koreyoshi Kurahara (Black Sun ou The Warped Ones) ou Takashi Nomura (A Colt Is My Passport). Seijun Suzuki, quant à lui, fera exploser le genre dans une série de titres ultra stylisés mêlant violence et grotesque, comme La Jeunesse de la bête ou Le Vagabond de Tokyo. Mais les doutes et les révoltes de la jeunesse s’incarneront, tout autant sinon plus, dans les films de Shôhei Imamura, rejetons d’une Nouvelle Vague, qui s’attaqueront de front à la société japonaise et à ses mensonges (Cochons et cuirassés) et inventeront un cinéma de la pulsion individuelle (Désir meurtrier), elle-même symptôme d’une société déboussolée.
Naissance du roman porno
Au début des années soixante-dix, face à la concurrence de la télévision et à la chute de la fréquentation des salles, les studios durent proposer au public des sensations plus fortes en accentuant la violence et l’érotisme. La Nikkatsu sera ainsi sauvée de la faillite par le roman porno, somptueux genre-maison inauguré en 1971 avec un film comme Le Jardin secret des ménagères perverses de Shôgorô Nishimura. L’audace des sujets et des situations, où s’affirme une sexualité crue, brutale souvent, tordue parfois, inquiétante toujours, s’y marie avec des inventions formelles ébouriffantes. Une génération de cinéastes talentueux, doués, profonds, s’y affirme, comme Tatsumi Kumashiro (L’Enfer des femmes, forêt humide, étonnante transposition de la Justine de Sade), Chûsei Sone (sans aucun doute la révélation de cette programmation), Noboru Tanaka (Rape and Death of a Housewife), Masaru Konuma (Sasurai no koibito : memai). Véritable âge d’or du cinéma japonais, expression à part entière d’une modernité à la fois révoltée et désenchantée, morbide et ardente, le roman porno de la Nikkatsu aura constitué un moment crucial et inégalé depuis.
Jean-François Rauger
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Dans les salles
Films, rencontres, conférences, spectacles
Du 7 décembre 2011 au 20 janvier 2012
Les films
- Ashita kuru hito Yuzo Kawashima / Japon / 1955 Di 18 déc 21h30 Sa 14 jan 15h00
- Bakumatsu taiyoden Yuzo Kawashima / Japon / 1957 Di 11 déc 21h45 Sa 7 jan 16h45
- Bôkô kirisaki Jakku Yasuharu Hasebe / Japon / 1976 Ve 23 déc 20h00
- Boulevard des chattes sauvages Yasuharu Hasebe / Japon / 1970 Me 21 déc 19h30 Ve 13 jan 17h00
- Carnets de route de Chuji (Les) Daisuke Ito / Japon / 1927 Lu 12 déc 17h00 Je 29 déc 21h45
- Chants de tourtereaux Masahiro Makino / Japon / 1939 Me 28 déc 21h45 Sa 14 jan 21h45
- Chevalier voleur (Le) Daisuke Ito / Japon / 1931 Me 21 déc 21h30 Lu 16 jan 17h00
- Chokon Daisuke Ito / Japon / 1926 CM Sa 7 jan 15h00 Je 19 jan 17h00
- Cochons et cuirassés = Filles et gangsters Shôhei Imamura / Japon / 1961 Je 15 déc 21h00 Di 8 jan 17h30
- Dabide no hoshi : Bishôjo-gari Norifumi Suzuki / Japon / 1979 Ve 6 jan 20h00
- Désir meurtrier Shôhei Imamura / Japon / 1964 Sa 10 déc 14h00 Di 15 jan 21h00
- Enfer des femmes, forêt humide (L') Tatsumi Kumashiro / Japon / 1973 Lu 19 déc 17h00 Me 4 jan 19h30
- Furyo shoujo : noraneko no seishun Chusei Sone / Japon / 1973 Ve 30 déc 20h00
- Gappa, le descendant de Godzilla Haruyasu Noguchi / Japon / 1967 Ve 20 jan 20h00
- Godzilla contre Mecanik Monster Jun Fukuda / Japon / 1974 Ve 20 jan 20h00
- Hitozuma shudan boko chishi jiken Noboru Tanaka / Japon / 1978 Ve 6 jan 20h00
- Izu no odoriko Katsumi Nishikawa / Japon / 1963 Je 22 déc 21h30 Ve 20 jan 17h00
- Jardin secret des ménagères perverses (Le) Shogoro Nishimura / Japon / 1971 Je 22 déc 19h30 Di 15 jan 19h00
- Jeunesse de la bête (La) Seijun Suzuki / Japon / 1963 Sa 10 déc 17h30 Sa 7 jan 19h00
- Jiraiya le ninja Shôzô Makino / Japon / 1921 CM Me 7 déc 20h00 Sa 7 jan 21h00
- Kaitei kara kita onna Koreyoshi Kurahara / Japon / 1959 Sa 17 déc 19h00 Me 11 jan 15h00
- Ketto Takadanobaba Hiroshi Inagaki / Japon / 1937 Sa 7 jan 15h00 Je 19 jan 17h00
- Kôchiyama Sôshun Sadao Yamanaka / Japon / 1936 Sa 24 déc 16h30 Me 11 jan 19h30
- Koruto wa ore no pasupooto Takashi Nomura / Japon / 1967 Je 15 déc 19h00 Me 4 jan 15h00
- Kyonetsu no kisetsu Koreyoshi Kurahara / Japon / 1960 Di 18 déc 19h30 Me 11 jan 17h00
- Love Hotel Shinji Somai / Japon / 1985 Sa 24 déc 14h30 Je 12 jan 19h00
- Marche de Tokyo (La) Kenji Mizoguchi / Japon / 1929 CM Sa 7 jan 15h00 Je 19 jan 17h00
- Nureta koya o hashire Yukihiro Sawada / Japon / 1973 Lu 26 déc 19h30 Di 15 jan 16h30
- Paradis de Suzaki (Le) Yuzo Kawashima / Japon / 1956 Me 7 déc 20h00 Sa 7 jan 21h00
- Passions juvéniles Ko Nakahira / Japon / 1956 Di 11 déc 19h45 Di 8 jan 19h45
- Pot d'un million de yens = Tange Sazen et le pot d'un million de ryôs (Le) Sadao Yamanaka / Japon / 1935 Je 29 déc 19h45 Sa 14 jan 17h15
- Promenade sous les feuillages de l'érable Tsunekichi Shibata / Japon / 1899 CM Sa 7 jan 15h00 Je 19 jan 17h00
- Sabita naifu Toshio Masuda / Japon / 1958 Lu 26 déc 21h45 Di 15 jan 14h30
- Sasurai no koibito : memai Masaru Konuma / Japon / 1978 Me 28 déc 19h30 Sa 14 jan 19h30
- Shinjuku midaregai : Ikumade matte Chusei Sone / Japon / 1977 Ve 30 déc 20h00
- Shirobara gakuen : Soshite zen'in okasareta Koyu Ohara / Japon / 1982 Ve 23 déc 20h00
- Soleil noir (Le) Koreyoshi Kurahara / Japon / 1964 Sa 17 déc 21h00 Je 12 jan 17h00
- Terre (La) Tomu Uchida / Japon / 1939 Ve 9 déc 14h30 Me 4 jan 21h45
- Terre et soldats Tomotaka Tasaka / Japon / 1939 Me 14 déc 15h00 Je 5 jan 21h30 Je 12 jan 14h30
- Terre natale Kenji Mizoguchi / Japon / 1930 Di 18 déc 17h30 Je 5 jan 19h00
- Vagabond de Tokyo (Le) Seijun Suzuki / Japon / 1966 Me 14 déc 19h00 Di 8 jan 21h45
- La Terre Tomu Uchida

- Les Carnets de route de Chuji Daisuke Ito
- Terre et soldats Tomotaka Tasaka
- Le Vagabond de Tokyo Seijun Suzuki
- Koruto wa ore no pasupooto Takashi Nomura
- Cochons et cuirassés = Filles et gangsters Shôhei Imamura
- L'Enfer des femmes, forêt humide Tatsumi Kumashiro
- Boulevard des chattes sauvages Yasuharu Hasebe
- Le Chevalier voleur Daisuke Ito
- Le Jardin secret des ménagères perverses Shogoro Nishimura
- Izu no odoriko Katsumi Nishikawa
- Nureta koya o hashire Yukihiro Sawada
- Sabita naifu Toshio Masuda
- Sasurai no koibito : memai Masaru Konuma

- Chants de tourtereaux Masahiro Makino
- Le Pot d'un million de yens = Tange Sazen et le pot d'un million de ryôs Sadao Yamanaka

- Les Carnets de route de Chuji Daisuke Ito
- Koruto wa ore no pasupooto Takashi Nomura
- L'Enfer des femmes, forêt humide Tatsumi Kumashiro
- La Terre Tomu Uchida

- Ketto Takadanobaba Hiroshi Inagaki
- La Marche de Tokyo Kenji Mizoguchi CM
- Promenade sous les feuillages de l'érable Tsunekichi Shibata CM
- Chokon Daisuke Ito CM
- Bakumatsu taiyoden Yuzo Kawashima
- La Jeunesse de la bête Seijun Suzuki
- Jiraiya le ninja Shôzô Makino CM
- Le Paradis de Suzaki Yuzo Kawashima
- Kaitei kara kita onna Koreyoshi Kurahara
- Kyonetsu no kisetsu Koreyoshi Kurahara
- Kôchiyama Sôshun Sadao Yamanaka
- Terre et soldats Tomotaka Tasaka
- Le Soleil noir Koreyoshi Kurahara
- Love Hotel Shinji Somai
- Boulevard des chattes sauvages Yasuharu Hasebe
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15h00
- Ketto Takadanobaba Hiroshi Inagaki
- La Marche de Tokyo Kenji Mizoguchi CM
- Promenade sous les feuillages de l'érable Tsunekichi Shibata CM
- Chokon Daisuke Ito CM
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