Ouverture de la billetterie le 24 août à 11h
Andreï Kontchalovski
Metteur en scène complet, Andreï Kontchalovski est attentif à tous les aspects de ses films. Avant d'entreprendre des études de cinéma, il est dans sa prime jeunesse un pianiste émérite au Conservatoire de Moscou. Plus tard, il attache toujours une profonde importance à la musique dans ses films, aux liens qu'elle entretient avec l'art cinématographique. Son arrière-grand-père maternel, Vassili Sourikov, est l'un des peintres russes les plus célèbres du XIXe siècle, et son grand-père, Piotr Kontchalovski, l'un des artistes majeurs du post-impressionnisme. Ces antécédents artistiques font de lui un cinéaste soucieux du cadre et de la lumière. Par ailleurs, dès ses débuts, il ne sépare jamais l'écriture de la mise en scène. Il est d'abord scénariste pour Andreï Tarkovski, co-écrit avec lui le scénario du court métrage Le Rouleau compresseur et le Violon, puis celui d'Andreï Roublev.
Kontchalovski appartient à la génération des années 1960, la plus brillante du cinéma soviétique depuis celle des années 1920, celle qui, grâce au dégel khrouchtchévien, redonne tout son éclat au cinéma de son pays. D'Andreï Tarkovski à Larissa Chepitko, d'Elem Klimov à Kira Mouratova, d'Otar Iosseliani à Gleb Panfilov et Alexeï Guerman, ces cinéastes, tous nés dans les années 1930, apportent un souffle nouveau. Si Kontchalovski est l'un des rares à pouvoir témoigner encore de son talent, il figure surtout parmi les grands réalisateurs qui ont su s'imposer dès leur premier film, et continuent encore aujourd'hui à créer des œuvres dignes de leurs débuts. Célébré à la Mostra de Venise en 1966 pour Le Premier maître, son premier long métrage (Prix d'interprétation féminine à Natalia Arinbassarova), il y reçoit, un demi-siècle plus tard, deux Lions d'argent pour Les Nuits blanches du facteur (2014) et Paradis (2016). Entre-temps, il obtient le Grand prix du jury à Cannes pour Sibériade (1980) et la Concha de oro à San Sebastián pour Voyageurs sans permis (1989).
Création protéiforme, aventures esthétiques
Contrairement à d'autres cinéastes attachés à un style unique, son œuvre frappe par sa diversité. Dès Le Premier maître, tourné en Kirghizie, et qui est aussi son film de fin d'études, il oscille entre fiction et documentaire. Son héros, un instituteur chargé d'enseigner le communisme aux enfants d'un village d'Asie centrale, voit ses efforts contrecarrés par l'attitude dubitative de son jeune auditoire. Le traitement ironique du héros (positif) se double d'un regard critique sur la société musulmane patriarcale. Cette approche non conformiste réapparaît deux ans plus tard dans Le Bonheur d'Assia, mélodrame réaliste, où une paysanne balance entre un chauffeur de camion qui la brutalise mais qu'elle aime obstinément, et un homme de la ville qu'elle repousse. Par sa crudité, ce portrait sans fard d'un kolkhoze, tourné avec la participation de ses habitants, irrite les autorités, qui n'autorisent au film qu'une sortie confidentielle et en interdisent l'exportation.
Le cinéaste se réfugie alors avec brio dans des adaptations littéraires, Nid de gentilhomme d'après Tourgueniev ou Oncle Vania, version sombre de la pièce de Tchekhov. En 1974 sort Romance des amoureux, son plus grand succès commercial, qui séduit des millions de spectateurs. Musique et chansons y jouent un rôle majeur, et des réminiscences de Quand passent les cigognes (Mikhaïl Kalatozov, 1957), qui avait marqué sa jeunesse, émaillent le film. L'éclectisme de Kontchalovski se confirme ensuite avec Sibériade, vaste fresque souvent comparée au 1900 de Bertolucci, où s'opposent deux familles dans un village sibérien, au cours du XXe siècle. Malgré un budget colossal, le plus important que Kontchalovski ait jamais obtenu, c'est un film intimiste, voire élégiaque, nonobstant la violence de certaines séquences. Le réalisateur y évoque la famille et la nature, deux thèmes majeurs de sa filmographie : du Premier maître aux Nuits blanches du facteur, il est l'un des plus grands paysagistes du cinéma contemporain.
Exil et désenchantement
Malgré sa critique de la machine d'état, le cinéaste, fort de son triomphe cannois, semble revenir en grâce auprès des autorités. Il décide pourtant d'aller travailler à Hollywood, où il va rester dix ans. En dépit d'une acclimatation difficile, il signe d'emblée le remarqué Maria's Lovers (1984), à l'atmosphère slave, et, trois ans plus tard, Le Bayou, qui vaut à Barbara Hershey le Prix d'interprétation à Cannes. Sorti en 1987, Runaway Train est un thriller virtuose, d'après un projet d'un autre A. K., Akira Kurosawa, tandis que Duo pour une soliste se présente comme un nouveau mélodrame interprété par trois stars, Julie Andrews, Max von Sydow et Alan Bates. Il faut cependant attendre le tournage de Tango et Cash (1989) pour que l'exilé connaisse vraiment les rudes contraintes d'Hollywood, des caprices de la star Sylvester Stallone à l'incompétence du producteur. Il n'en faut pas plus pour qu'il retourne dans son pays, au moment de la chute du communisme.
Plus encore qu'avant son départ, mais avec davantage de liberté, les trente années qui suivent le voient spectateur attentif des vicissitudes de la Russie, chroniqueur d'événements et de mutations historiques : de l'évolution d'un kolkhoze dans Riaba ma poule, vingt-cinq ans après Le Bonheur d'Assia, à la guerre avec les Tchétchènes dans La Maison des fous ; du portrait de Staline et de son entourage, dans Le Cercle des intimes, à la vulgarité et à la corruption des nouveaux riches dans Gloss, ou aux métamorphoses de la campagne russe dans Les Nuits blanches du facteur.
Jusqu'au Péché (2019), évocation de la vie de Michel-Ange, Kontchalovski n'aura cessé de s'interroger sur les rapports de l'artiste avec le pouvoir. Mais dans ce cinéma qui n'oublie pas l'imaginaire, de L'Odyssée à Casse-noisette, on découvre un créateur toujours insatisfait, en perpétuelle recherche de solutions esthétiques originales, telles les récentes expériences des Nuits blanches du facteur, de Paradis et du Péché.
Michel Ciment
Dans les salles
Films, rencontres, conférences, spectacles
Du 14 septembre au 17 octobre 2020
Les films
- Signature par Michel Ciment Me 16 sep 17h45
- Bayou (Le) Andreï Kontchalovski / Etats-Unis / 1986 Sa 19 sep 21h15 Je 24 sep 21h15
- Bonheur d'Assia (Le) Andreï Kontchalovski / URSS / 1966 Je 17 sep 19h00
- Cercle des intimes (Le) Andreï Kontchalovski / Italie-URSS-Etats-Unis / 1990 Ve 25 sep 19h00 Sa 3 oct 19h00
- Chers camarades Andreï Kontchalovski / Russie / 2020 Lu 14 sep 20h30
- Duo pour une soliste Andreï Kontchalovski / Etats-Unis-Grande-Bretagne / 1986 Sa 19 sep 19h00 Ve 25 sep 22h00
- Gloss Andreï Kontchalovski / Russie / 2007 Sa 26 sep 20h45 Sa 10 oct 14h15
- Maison de fous (La) Andreï Kontchalovski / Russie-France / 2002 Sa 26 sep 18h30 Me 14 oct 19h30
- Maria's Lovers Andreï Kontchalovski / Etats-Unis-Israël / 1983 Ve 18 sep 19h00 Je 24 sep 19h00
- Michel-Ange Andreï Kontchalovski / Italie-Russie / 2019 Lu 12 oct 20h00
- Nid de gentilshommes Andreï Kontchalovski / URSS / 1969 Me 23 sep 19h30 Me 14 oct 21h45
- Nuits blanches du facteur (Les) Andreï Kontchalovski / Russie / 2014 Di 27 sep 14h15 Sa 10 oct 19h30
- Oncle Vania Andreï Kontchalovski / URSS / 1970 Je 17 sep 21h15 Di 11 oct 14h30
- Paradis Andreï Kontchalovski / Russie-Allemagne / 2015 Me 16 sep 19h00 Me 16 sep 19h00 Di 11 oct 16h45
- Premier maître (Le) Andreï Kontchalovski / URSS / 1965 Di 20 sep 17h00 Je 1 oct 21h00
- Riaba ma poule Andreï Kontchalovski / Russie-France / 1994 Sa 26 sep 16h00 Ve 9 oct 19h00
- Romance des amoureux (La) Andreï Kontchalovski / URSS / 1974 Lu 21 sep 19h00 Sa 17 oct 14h30
- Runaway Train Andreï Kontchalovski / Etats-Unis / 1985 Ve 18 sep 21h15 Di 27 sep 17h15
- Sibériade Andreï Kontchalovski / URSS / 1978 Di 20 sep 19h15 Di 27 sep 19h45
- Tango et Cash Andreï Kontchalovski / Etats-Unis / 1989 Sa 19 sep 15h00 Sa 10 oct 17h15
- Voyageurs sans permis Andreï Kontchalovski / Etats-Unis / 1989 Me 23 sep 22h00 Di 11 oct 19h45
Rencontres et conférences

- Chers camarades Andreï Kontchalovski

- Signature par Michel Ciment
- Dialogue avec Michel Ciment autour d'Andreï Kontchalovski Animé par Frédéric Bonnaud et Bernard Benoliel
- Paradis Andreï Kontchalovski
- Paradis Andreï Kontchalovski
- Le Bonheur d'Assia Andreï Kontchalovski

- Oncle Vania Andreï Kontchalovski

- Maria's Lovers Andreï Kontchalovski
- Runaway Train Andreï Kontchalovski

- La Romance des amoureux Andreï Kontchalovski

- Nid de gentilshommes Andreï Kontchalovski
- Voyageurs sans permis Andreï Kontchalovski

- Maria's Lovers Andreï Kontchalovski
- Le Bayou Andreï Kontchalovski
- Le Cercle des intimes Andreï Kontchalovski

- Duo pour une soliste Andreï Kontchalovski

- Le Premier maître Andreï Kontchalovski

- Le Cercle des intimes Andreï Kontchalovski

- Riaba ma poule Andreï Kontchalovski

- Michel-Ange Andreï Kontchalovski

- La Maison de fous Andreï Kontchalovski
- Nid de gentilshommes Andreï Kontchalovski
Partenaires et remerciements
Remerciements : Arkéion Films, Arri Media, ASC Distribution, Cinémathèque du Grenoble, Cinémathèque du Luxembourg, Cinémathèque suisse, Cinémathèque de Toulouse, Konchalovsky Studios, Park Circus, Park Circus Limited, Sophie Dulac Distribution, Franck Lubet, Julie Dragon.
En partenariat avec

