Chaque année, dans cette section, la Cinémathèque propose de découvrir une trentaine de restaurations récemment menées à travers le monde. Comme toujours, la programmation sera très éclectique, constituée à la fois de classiques et de films très rares.
Nous sommes très heureux de présenter l'une des restaurations événement de l'année : La Prisonnière du désert de John Ford, dans une copie 70 mm qui vient reproduire le format originel en VistaVision et la sublime photographie de Winton C. Hoch. Film tardif dans la carrière du cinéaste, il est aussi sans doute l'un de ses plus subtils. John Wayne y interprète le rôle d'un soldat sudiste, d'un perdant qui retourne auprès de sa famille et de la femme qu'il ne peut pas aimer, puisqu'elle est l'épouse de son frère. La recherche de deux de ses nièces enlevées par une tribu comanche lui offre l'occasion d'une quête douloureuse et folle, qui durera plus de dix ans. John Ford livre une réflexion profonde sur le destin et le rapport entre les hommes et l'Histoire.
John Ford à nouveau : une copie de La Tache de sang, dans une version plus complète que celles qui subsistaient jusqu'à présent, vient d'être miraculeusement redécouverte au Chili dans les stocks d'un collectionneur. Il s'agit d'un western tourné par le cinéaste dans les années 1910. Il a pu être identifié grâce au chercheur Jaime Córdova Ortega. Que ce dernier soit remercié ici très chaleureusement de nous permettre de le montrer.
La découverte de l'œuvre de Shinji Sōmai au gré de la ressortie de ses films en France se poursuit. Après Typhoon Club l'an passé, nous vous proposons de découvrir Jardin d'été. Disparu prématurément au début des années 2000, auteur tout de même de treize films, Sōmai signe là une des œuvres les plus exigeantes du cinéma japonais, dans une période de déclin des grands studios. Récit d'apprentissage à la fois mélancolique et joyeux, Jardin d'été narre la rencontre entre trois garçons d'une dizaine d'années et un vieil homme aux lourds secrets. Le cinéaste filme avec patience les liens qui se nouent et les barrières qui tombent dans la maison du vieillard que les enfants réenchantent par leurs jeux, par leurs chants et leur curiosité.
C'est dans une nouvelle restauration menée par la Cineteca Nazionale de Rome que nous montrerons La Nuit de Michelangelo Antonioni. Après L'Avventura, le cinéaste y poursuit sa critique d'une société qui se modernise trop vite et des individus qui cèdent trop facilement à l'opportunisme. À travers vingt-quatre heures de la vie d'un écrivain et de son épouse, ébranlés par la maladie d'un ami proche, il interroge la fragilité des liens amoureux.
En clôture de notre festival, nous présenterons la version restaurée par le MoMA d'un monument du cinéma muet, Le Vent de Victor Sjöström. Quand la jeune et frêle Letty arrive chez son cousin dans le Far West, tout y est âpre et hostile : les gens, le paysage et les éléments. Elle devra évoluer sous la pression constante du vent et des assauts de ses prétendants. Visuellement somptueux, le film raconte à la fois l'appréhension de son propre désir chez Letty, mais aussi son cheminement vers le plaisir charnel et l'être aimé.
Venez nombreux voir et revoir toutes ces merveilles et bien d'autres. Bon festival !
Pauline de Raymond