Easy Rider, une histoire orale

Céline Bourdin - 11 juillet 2024

Alors que le Nouvel Hollywood est en marche, Dennis Hopper imagine, en 1968, ce qui restera l’un des films emblématiques de son époque, la chronique d’une odyssée américaine moderne, perpétuée par les idéaux de la sous-culture bohème. Tournage sous tension, post production houleuse et conflits d’intérêt vont contribuer à la postérité d’un road movie haletant, habile représentant d’une période de contestation.

Avec Dennis Hopper (interprète, cinéaste, scénariste), Peter Fonda (interprète, scénariste), Jack Nicholson (interprète), Terry Southern (scénariste), Roger McGuinn (musicien), László Kovács (directeur de la photographie), Bert Schneider (producteur exécutif), Rip Torn (interprète), Earl Z Finn (interprète).

 Title Easy Rider Blu Ray 32

Une écriture à rebondissements

Peter Fonda (interprète) : Quand j’ai pensé à l’histoire pour la première fois, j’ai appelé Dennis pour lui raconter. Il était 1h30 du matin pour lui et 4h30 du matin pour moi à Toronto, au Canada.

Dennis Hopper (cinéaste) : J’ai tout de suite trouvé ça génial et je lui ai demandé ce que je pouvais faire.

Peter Fonda : J’ai proposé à Dennis de réaliser, de jouer ensemble et que je produise moi-même le film. J’avais la certitude qu’on allait pouvoir ainsi économiser de l’argent.

Dennis Hopper : J’étais surpris, je lui ai demandé s’il voulait vraiment que je réalise.

Peter Fonda : C’était évident pour moi, Dennis était passionné et savait cadrer.

Terry Southern (scénariste) : Peter m’a raconté l’histoire en octobre 1967 et je lui ai tout de suite dit que je voulais faire partie du projet.

Peter Fonda : C’est Terry qui nous a donné le titre.

Terry Southern : Je suis originaire du Sud et, dans la terminologie méridionale, un easy rider est celui qui rentre à la maison après les concerts pour rejoindre sa petite amie, boire de la bière et regarder la télévision.

Peter Fonda : On a raconté l’histoire à Sam Arkoff d’American International Pictures, mais il n’avait pas envie d’un film où on faisait un deal de drogue. En plus, ils comptaient retirer la réalisation à Dennis s’il prenait trois jours de retard : je me suis dit qu’on ne pouvait pas lui faire ça.

Dennis Hopper : Alors, on a dit « merci, mais non, merci ».

Terry Southern : Dennis et Peter sont venus me voir avec une idée. Peter était sous contrat avec AIP pour plusieurs films de motos et il leur en devait encore un. On a commencé à fumer de la drogue sérieusement, et à organiser un brainstorming sans faire de pause.

Large Easy Rider Blu Ray11

Peter Fonda : Le lendemain, je suis allé voir Bob Rafelson et aussi Jack Nicholson, qui était l’un de mes amis depuis mon arrivée en Californie. Ils s’apprêtaient à tourner Head avec The Monkees.

Jack Nicholson (acteur) : Je me suis d’abord impliqué principalement à travers la production. Dennis et Peter nous ont d’abord présenté le projet à Bob et moi, puis nous avons lancé le financement et conclu un accord.

Terry Southern : L’idée de départ, c’étaient deux jeunes qui en avaient assez du système, qui voulaient faire un gros coup et se séparer. Utiliser l’argent pour acheter un bateau à Key West, avant de naviguer vers le coucher du soleil. Ça devait être la séquence poétique finale du film.

Peter Fonda : J’avais raconté l’histoire vingt fois avant de commencer à travailler dessus donc je savais tout le temps ce que je faisais. Je connaissais mon personnage et, pour citer Gary Cooper, « si je sais ce que je fais, alors je n’ai pas besoin d’agir ».

Large Easy Rider Blu Ray1

Terry Southern : Il nous arrivait de dicter le script à une dactylo âgée, qui croyait fermement à l’arrivée et à la présence de Vénusiens parmi nous. Finalement, j’ai commencé à l’enregistrer, et ça nous a donné l’idée du fameux monologue enfumé de Jack Nicholson sur l’invasion extraterrestre.

Dennis Hopper : J’avais demandé à Peter et Terry de se charger du script parce que je ne voulais pas écrire de scénario. Mais j’avais un plan global, et je savais où devaient se dérouler les scènes et combien de temps elles devaient durer.

Un cinéaste aux idées obsédantes

Dennis Hopper : Le budget total d’Easy Rider était d’environ 340 000 $. Avec Paul Lewis, le directeur de production, nous avons arpenté le pays pour trouver des lieux de tournage, et j’ai envoyé Peter à New York pour travailler avec Terry sur le scénario.

Bert Schneider (producteur exécutif) : Je leur ai réclamé un scénario, il fallait obligatoirement que je puisse montrer un document aux producteurs. Je leur ai demandé de me faire confiance.

Dennis Hopper : Il m’a fallu un an pour monter Easy Rider parce que je parcourais le pays pendant que nous le faisions et que je ne pouvais pas voir les rushes. Mais je suis revenu avec 80 heures de film.

Jack Nicholson : Ils ont commencé à tourner à la Nouvelle-Orléans, ont eu des problèmes de production et ont dû changer d’équipe. J’ai finalement intégré mes gars à moi, avec lesquels je travaillais de manière indépendante, pour constituer un noyau autour de Dennis.

Dennis Hopper : Tout le trip sous acide et tous les trucs de la Nouvelle-Orléans ont été tournés en 16 mm sur quatre jours. J’ai tourné tout le film en quatre semaines et demie. C’est comme ça que ça a commencé.

László Kovács (directeur de la photographie) : Si je voyais quelque chose d’intéressant qui n’était pas prévu dans le plan de tournage, nous nous arrêtions sur le côté, ce qui était le signal que nous allions tourner.

Dennis Hopper : Alors que Paul et moi étions en train de chercher des décors, nous avons découvert que Peter s’était trompé de date pour le Festival de Mardi Gras à la Nouvelle Orléans. Il pensait qu’il se tiendrait deux mois plus tard, mais, en fait, ce n’était que dans deux semaines !

László Kovács : Peter et Dennis étaient plus intéressés par la préparation des motos. Ils portaient toujours leurs habits de tournage, il n’y avait pas de maquillage… J’ai juste filmé ce qui me semblait bien.

Dennis Hopper : La séquence du Mardi Gras a été la première chose qui a été tournée. Tout le monde m’a abandonné avant la scène du cimetière, sauf un caméraman, un preneur de son, Peter et les filles. Alors j’ai filmé tout ça, tout le trip à l’acide. Il pleuvait ce jour-là … C’était beau. Aujourd’hui, tous ceux qui ont essayé de filmer ce Festival de Mardi Gras – y compris Orson Welles – ont lamentablement échoué. À mesure que nous avons avancé dans la compréhension du film, je me suis transformé en Henry Hathaway.

Bert Schneider : Pour la scène du cimetière, j’ai dit à l’équipe : « apportez-moi un éclairage bleu, un éclairage vert et un éclairage rouge, pour que j’obtienne ma lumière blanche. Vous savez ça quand même, ça va faire de la couleur hors champ, mais une lumière blanche sur le plateau. Vous ne faites jamais ça ? » Ils ont bredouillé que non… Hopper, lui, était super excité : « quelle idée géniale, on va gagner Cannes avec ça ! »

Peter Fonda : L’improvisation était vraiment peu courante dans les films américains, hors les vrais films underground. J’ai écrit le film quand j’avais 27 ans. Il y avait tout un public, qui piaffait d’impatience, sans aucun film à se mettre sous la dent : La blonde défie le FBI ou Confidences sur l’oreiller avec Doris Day, ça n’intéressait plus personne. Easy Rider est sorti et le public s’en est emparé.

Dennis Hopper : En fait, je suis pire qu’Henry Hathaway parce que j’ai attendu si longtemps pour réaliser un film comme celui-ci. Mais ensuite, j’ai découvert que nous n’avions que deux semaines de tournage, alors même si nous n’avions pas encore de projet, nous nous sommes précipités, avons réuni un groupe d’amis et sommes allés le tourner à la Nouvelle-Orléans en 16 mm.

Peter Fonda : Avec Bill Hayward, qui était producteur associé, on filmait et enregistrait Dennis, qui était dans un état d’excitation terrible.

Dennis Hopper : Je disais des choses comme « On va gagner Cannes, mec ! On va prendre notre énergie et notre force pour aller au bout ! Faites-moi confiance et faites ce que je dis ! Personne ne tourne un film sans que je le lui dise ! ». Nous étions tous en conflit ouvert les uns contre les autres à ce moment-là et je ne l’ai découvert que lorsque Bert m’a appelé dans son bureau après la sortie du film.

Large Easy Rider Blu Ray6

Peter Fonda : Nous sommes allés voir Bert et lui avons fait écouter tout ce qu’on avait enregistré de Dennis, ce qui l’a rendu, à son tour, très curieux et excité.

Dennis Hopper : Paul et moi étions partis à la recherche d’endroits où l’équipe pourrait vivre. Quand nous sommes arrivés là-bas – cela faisait environ deux semaines et demie – j’ai appelé New York pour voir comment Peter et Terry s’en sortaient sur le scénario. Ils n’avaient pas encore commencé à l’écrire alors que nous allions tourner dix jours plus tard ! Alors j’ai pris l’avion et je suis allé à New York. Je suis allé chez Henry Fonda, où logeait Peter, mais il n’était pas là. Je les ai tous trouvés en train de dîner avec Rip Torn et un groupe de personnes dans un restaurant italien autour d’une grande table.

Peter Fonda : Dennis était furieux, il voulait savoir ce qui se passait et n’arrêtait pas de nous expliquer combien c’était dur là-bas et qu’il leur avait fallu contourner le Texas.

Rip Torn (acteur) : Terry et moi venions de là*bas, je n’aimais pas du tout la manière dont Dennis parlait du Texas.

Dennis Hopper : Plus tard, j’ai été poursuivi en justice et j’ai dû payer à Rip un million de dollars pour l’avoir accusé d’avoir pointé un couteau sur moi. Après tout ça, j’ai embauché une secrétaire et j’ai écrit ce putain de truc en dix jours. Ce n’était pas un bon scénario, mais je l’ai écrit pour qu’ils aient un document. Terry n’a jamais rien fait : il s’est cassé la hanche et n’a donc pas pu participer au tournage.

Jack Nicholson : Je ne sais pas ce qui s’est passé entre Dennis et Rip Torn, qui était initialement censé interpréter mon rôle, mais dans la foulée j’ai été approché par Bert Schneider, à la fois pour superviser la production que pour jouer le rôle.

Dennis Hopper : Au départ, je voulais confier le rôle de Jack à Jack Starrett, qui est devenu réalisateur. Il avait joué au football au Texas et était un très bon acteur. C’était le gars que je voulais. Bert n’a jamais voulu voir quoi que ce soit jusqu’au premier montage mais, après avoir vu les premiers rushes, il m’a convoqué dans son bureau.

Bert Schneider : Je ne lui avais rien demandé jusque-là, mais je voulais qu’il travaille avec Jack Nicholson.

Large Easy Rider Blu Ray8

Dennis Hopper : Pour moi, Jack n’était pas fait pour le rôle, contrairement à Starrett.

Bert Schneider : Peu importe l’avis de Dennis, je voulais impérativement qu’il choisisse Jack.

Dennis Hopper : J’ai accepté en disant à Bert qu’il était en train de foutre en l’air mon film ! Mais, bien sûr, Jack s’est avéré être génial.

Jack Nicholson : Pendant le tournage, je n’ai pas travaille à la production : j’étais juste là et je faisais surtout attention à mon travail d’acteur. Ensuite, à la demande de tous, j’ai pris en charge le montage du film, de l’entrée de mon personnage jusqu’à la fin. Un autre monteur, Henry Jaglom, travaillait en parallèle sur l’autre moitié du film.

Dennis Hopper : Je ne le savais pas à l’époque, mais en fait Jack a également été envoyé comme chien de garde pour voir si j’allais bien. Moi, j’avais juste envie de faire mon film, mec.

Motos, drogues et musique

Dennis Hopper : Quand nous sommes arrivés à la Nouvelle-Orléans, c’était vraiment dangereux, il y avait ces marines qui voulaient me démonter parce que j’avais les cheveux longs. À cette époque, on entendait beaucoup d’histoires de gars se faisant couper avec des rasoirs et autres. C’était tellement grave que nous n’avons pas pu tourner au Texas.

Peter Fonda : Nous portions les fringues de nos personnages pour les roder, nous nous promenions tous les deux en ressemblant à un couple de hippies. Quand nous étions dans la rue, les gens nous fuyaient !

Earl Z Finn (acteur) : J’avais préparé les motos pour The Wild Angels de Roger Corman. Alors, tous les matins, Peter et Dennis venaient me chercher en limousine et me posaient plein de questions sur mes traversées d’Ouest en Est. Je parlais, je parlais, je parlais et ils m’écoutaient. Ils semblaient fascinés par ce que je disais…

Peter Fonda : J’ai construit les motos que je pilotais et Dennis les conduisait. J’en ai acheté quatre au département de police de Los Angeles. J’adore le caractère politiquement incorrect de cette idée… Et cinq gars de Watts m’ont aidé à les construire.

Earl Z Finn : Il faut savoir qu’à cette époque, c’était encore comme au temps du Far West. Nous étions des sortes de cow-boys, considérés comme hors-la-loi. Nous étions admirés ou détestés. Peter et Dennis ont pris des histoires qui me sont arrivées, ils les ont embellies, élaborées, trafiquées. Un jour, par exemple, je me suis retrouvé en prison et mes gars sont venus me sortir de là. Dans le film, c’est Peter qui se retrouve derrière les barreaux ! Normalement, je voyageais seul ou alors avec toute la bande. Dans le film, ils ont choisi d’être deux. Pourquoi pas ?

Large Easy Rider Blu Ray12

Dennis Hopper : Lorsque vous conduisez une moto aussi longtemps que nous, vous risquez de tomber de temps en temps. J’ai fait quelques chutes, Peter aussi. Quelqu’un a écrasé la voiture avec une caméra. Quelques coupures, quelques contusions. Personne n’a vraiment réussi à s’en sortir indemne.

Peter Fonda : Rouler derrière quelqu’un est toujours difficile, et lorsque l’avant de la moto a commencé à zigzaguer, les genoux de Jack se sont enfoncés directement dans mon dos. Il m’a cassé trois côtes du côté gauche. Je ne l’ai su que plus tard dans la soirée quand j’ai été hospitalisé pour une pneumonie.

Jack Nicholson : Chacun avait son petit remède. Dennis buvait des verres, j’ai fumé des joints et l’équipe a essayé de l’acide et de la drogue. Nous étions tous drogués la nuit où nous avons tourné la scène du feu de camp. Il faut dire qu’on était tous stones. On a dit que j’avais fumé 155 joints sur ce tournage ce qui est un petit peu exagéré. Mais à chaque fois que l’on faisait une prise, on fumait un joint entier. Alors mon travail d’acteur s’inversait : au lieu d’être sobre et de devoir avoir l’air drogué, j’étais drogué et je devais faire comme si j’étais sobre.

Peter Fonda : Le montage de Dennis était révolutionnaire. Je savais que c’était différent et je savais quel était le public. Le film nous a donné un palmarès, mais je n’imaginais tout simplement pas que cela deviendrait si important. Nous avons produit quelque chose qui a rapporté de l’argent, nous avions donc la capacité de le refaire.

Dennis Hopper : C’est la première fois qu’on réalisait un film en utilisant de la musique du moment au lieu d’une partition orchestrale. Personne n’avait vraiment utilisé les chansons de cette manière auparavant, sauf lorsque qu’un personnage chantait dans une scène ou qu’une chanson passait à la radio.

Peter Fonda : En fait, il y avait d’autres films qui faisaient ça, mais dans le système des studios de l’époque, ces films n’étaient pas calibrés pour le bon public.

Dennis Hopper : On a traversé les États-Unis non-stop, et je n’avais jamais le temps de regarder les rushes. De retour à Los Angeles, je me suis retrouvé avec soixante heures de film. Je voulais qu’Easy Rider soit une sorte de capsule temporelle de cette période, donc pendant que je montais le film, j’écoutais la radio. C’est là que j’ai entendu Born to Be Wild, The Pusher et toutes ces chansons. Orson Welles m’a dit : « Ne vous y trompez pas. Utilisez vos meilleures images, et si la musique marche, elle marche ».

Roger McGuinn (musicien) : Je n’oublierai jamais rien de tout cela.

Dennis Hopper : C’était le premier film à faire ça. Toutes ces chansons étaient des hits. Quand nous avons tout finalisé et réalisé que c’était la bande originale, nous avons dû montrer le film à tous les différents groupes. Bien sûr, ils nous ont tous donné leur permission et ont obtenu 1000$ chacun. C’était tellement cool de le montrer à Bob Dylan.

Roger McGuinn : Nous lui avons présenté un premier jet, et nous avons commencé par It’s Alright, Ma (I’m Only Bleeding). Cette bande originale se vend toujours. C’étaient des chansons chères à Dennis ou tirées de ma propre collection de disques.

La paternité discutée du film

Terry Southern : Après avoir vu quelques projections sur la côte, j’ai reçu un appel de Peter : lui et Dennis aimaient tellement le film qu’ils voulaient figurer au générique du scénario. Sauf que l’un était producteur et l’autre réalisateur, donc il n’y avait aucune chance que la Writers Guild leur accorde une telle faveur à moins que j’insiste. La Writers Guild m’a pris pour un fou et s’est assurée que je n’étais pas contraint ou soudoyé de quelque manière que ce soit.

Dennis Hopper : Plus tard, tout le monde m’a poursuivi en justice. Je leur ai payé plus d’argent que ce que j’avais gagné sur Easy Rider.

Terry Southern : Nous étions de très bons amis à l’époque, alors j’ai accepté sans trop y penser. En fait, je l’ai fait par camaraderie. Si Dennis improvisait une douzaine de répliques et que six d’entre elles survivaient au montage, il obtenait un crédit pour le scénario. Maintenant, tout cela serait quasi-impossible.

Dennis Hopper : Terry Southern n’a jamais écrit un seul mot d’Easy Rider. Seul le titre Easy Rider vient de lui… J’ai écrit chaque mot du scénario. J’ai réalisé chaque scène du film… J’ai fait ce putain de film, point final.

« Nous avons tout gâché », une phrase lourde de sens

Peter Fonda : Le dialogue essentiel du film c’est « Nous avons tout gâché ». C’est la clé. Dennis et moi avions oublié de la filmer. C’est deux semaines après avoir terminé le film que nous avons réalisé que nous n’avions pas la dernière scène de feu de camp. Nous avons donc rassemblé l’équipe et sommes allés dans les montagnes de Santa Monica, censées représenter la Floride.

Dennis Hopper : Nous nous sommes beaucoup disputés avec Peter, je tenais absolument à ce qu’il dise ce dialogue sur notre héritage, et la manière dont nous l’avions bousillé.

Large Easy Rider Blu Ray4

Peter Fonda : Quand j’ai marmonné que je voulais le jouer comme Warren Beatty, la mâchoire de Dennis s’est décrochée.

Dennis Hopper : Je n’étais pas d’accord, je me suis mis en colère.

Peter Fonda : Beatty coupait ses répliques en deux et marmonnait la phrase quand il parlait. J’ai dit à Dennis que nous allions filmer à ma façon, puis à sa manière. Nous nous sommes mis d’accord, et fait un câlin. Il a jeté ses bras autour de moi et m’a dit « je t’aime, mec ».

Dennis Hopper : Nous l’avons finalement fait à sa manière.

Peter Fonda : Les gens me demandent si cette phrase est toujours d’actualité. Je veux simplement leur dire de sortir, de regarder par la fenêtre et de me dire si nous n’avons pas fait exploser les choses. Je cherche toujours l’Amérique. C’était bien le sujet : un homme est parti à la recherche de l’Amérique et ne l’a trouvée nulle part.


Céline Bourdin est chargée de production web à la Cinémathèque française.