Certains films, grands comédiens ou couturiers renommés évoquent irrémédiablement le mariage fécond entre le cinéma et la mode : influences réciproques, magie, renouveau des corps et de leurs images... De l'âge d'or hollywoodien aux créations contemporaines, des costume designers mythiques aux collaborations de grands couturiers français : 20 films emblématiques, autant de représentations uniques et variées, pour un voyage sur mesure.
Premier rendez-vous : le glamour et l'élégance, avec les fabuleuses tenues d'Adrian pour Joan Crawford dans Femmes de George Cukor (1939). Ou encore avec les costumes d'Helen Rose pour Lauren Bacall dans La Femme modèle, réalisé par Vincente Minnelli (1957), une comédie haute en couleur.
Écrin incontournable, la maison de couture tient aussi la vedette : Pierre Balmain habille Brigitte Bardot et Micheline Presle dans La mariée est trop belle de Pierre Gaspard-Huit (1956) ; on y met en valeur les créations de Pierre Cardin (Le Couturier de ces dames de Jean Boyer, 1956), et la célèbre collaboration entre Hubert de Givenchy et Audrey Hepburn éclate dans Drôle de frimousse de Stanley Donen (1957). C'est parfois même l'élément central de films qui dévoilent ses coulisses mystérieuses – Falbalas de Jacques Becker (1944) ou plus récemment Phantom Thread de Paul Thomas Anderson (2017) –, où solitude et folie créatrice d'un couturier côtoient le travail exigeant des petites mains.
Les grandes figures de la haute couture parisienne ont aussi marqué le cinéma de leur griffe, leurs vies retracées en biopics, romancés parfois, intenses toujours : Gabrielle Chanel (Coco avant Chanel, signé Anne Fontaine en 2009, Coco Chanel et Igor Stravinsky réalisé par Jan Kounen la même année), ou encore Saint Laurent, vu par l'œil de Bertrand Bonello (2014).
Dans des satires mordantes ou absurdes, les cinéastes ont pris un malin plaisir à démythifier cet univers à la fois éblouissant et impitoyable, pendant le défilé ou même – et surtout – derrière le rideau. Ainsi des excentriques Fellini Roma (Federico Fellini, 1972), Prêt-à-porter (Robert Altman, 1994) ou Zoolander (Ben Stiller, 2001), aux délectables détournements. Avec Qui êtes-vous Polly Maggoo ? (1966), William Klein dénonce le regard féroce posé par les médias sur les icônes de mode. Quarante ans plus tard, David Frankel brocarde le milieu de la presse de mode dans Le Diable s'habille en Prada (2006). Et c'est à travers le thriller, le giallo ou le film fantastique que Mario Bava (Six femmes pour l'assassin, 1964), Carlo Vanzina (Où est passée Jessica, 1985) ou encore Nicolas Winding Refn (The Neon Demon, 2016) et Olivier Assayas (Personal Shopper, 2016) décortiquent les désirs érotiques et les peurs véhiculés par la beauté et la mort, associées à la figure fascinante du mannequin.
La créativité des costumiers et des couturiers aura ainsi toujours conjugué esthétique et imaginaire, dans la formidable chambre d'écho que peut être un plateau de cinéma.
Céline Arzatian