Plein les yeux 5

Jean-François Rauger - 27 octobre 2022

Bandeau Plein Les Yeux OUTIH

Durant trois semaines, pour les fêtes de fin d’année, la Cinémathèque française propose une sélection de films spectaculaires et/ou mythiques de l’histoire du cinéma. Superproductions, fresques historiques, débauche d’effets spéciaux, copies en 70 mm, de quoi s’en mettre plein les yeux.

Il s’est produit, durant les années 1960 à Hollywood, un grand nombre de films à gros budgets destinés à concurrencer l’attraction qu’exerçait la télévision sur les spectateurs de cinéma. Le succès de l’inusable Pont de la rivière Kwaï (1957) de David Lean avait par ailleurs encouragé toute une stratégie de production d’œuvres spectaculaires. La Canonnière du Yang-Tsé de Robert Wise (1966), qui plongeait un jeune marin américain incarné par Steve McQueen dans le tumulte de la guerre civile chinoise en 1927, en fut un des exemples, tentative d’une industrie aux abois qui cherchait une martingale infaillible.

On pourra voir aussi plusieurs échantillons d’un cinéma d’action produit deux décennies plus tard, cinéma qui abordait les conventions avec un humour désinhibé (Le Dernier Samaritain) ou poétique (Hellboy de Guillermo del Toro). Les thrillers inquiétants et conceptuels (Le Silence des agneaux de Jonathan Demme ou Zodiac de David Fincher) témoigneront de l’inventivité de leur époque, tout comme l’élégance du Miami Vice de Michael Mann. Science-fiction (Blade Runner 2049) ou effrayante invasion animale (Arachnophobie) seront également au menu. La projection du 1941 de Steven Spielberg sera l’occasion d’accompagner un hommage à Jean-Marie Lavalou, qui fut l’un des inventeurs de la Louma, ce système constitué d’une caméra montée sur grue et contrôlée à distance.

Un petit détour par l’Asie permettra de voir ou revoir l’incroyable trilogie zombie du coréen Yeon Sang-ho (Seoul Station, Dernier train pour Busan, Peninsula) tout autant que de s’enivrer de la pyrotechnie chorégraphique du triptyque Detective Dee du génial Tsui Hark, en 3D s’il vous plaît.

Sept copies en 70 mm seront présentées, depuis l’improbable western de Jack Lee Thompson, L’Or de MacKenna, western fin de race gonflé à l’érotisme et aux catastrophes naturelles, jusqu’à la réflexion historico-psychologique qu’incarne exemplairement Le Dernier empereur de Bernardo Bertolucci, en passant par la résurrection des héros de notre jeunesse, avec Batman (Tim Burton) et Tarzan (Greystoke de Hugh Hudson) et le dernier film en date de Paul Thomas Anderson, Licorice Pizza, plongée nostalgique et intime dans les années 1970.

Enfin, ne ratons jamais une occasion de revoir sur grand écran Once Upon a Time… in Hollywood.


Jean-François Rauger est directeur de la programmation à la Cinémathèque française.