Hélène Lacolomberie - 4 août 2021
Est-ce pour l'interprétation, la pureté des images ou son style que La Forteresse cachée est salué comme « le plus prodigieux film de ce prodigieux réalisateur qu'est Kurosawa » ? (Les Lettres Françaises). « Les acteurs sont à la hauteur de ce récit (...). Toshirō Mifune fait merveille : sa puissance, sa noblesse mais aussi son rire et ses grimaces sont incomparables », s'enthousiasme Marcel Martin dans les colonnes du même journal.
Kurosawa livre comme à son habitude une partition parfaite. « Des images splendides, des scènes de foule à couper le souffle » ont séduit Claude Tarare de L'Express, et Jean-Paul Grousset du Canard Enchaîné apprécie « les raffinements du suspense extrême-oriental ». La Forteresse cachée procède du western, « western japonais à la fois hiératique et émouvant, furieux et grandiose » selon Simone Dubreuilh de Libération. On en sent le souffle mais aussi la morale, le ton, l'ironie. Marcel Martin analyse pour sa part cette incursion dans le genre en évoquant Les Sept Samouraïs : « la structure de La Forteresse cachée est plus lâche, plus linéaire, elle fait plutôt songer à la forme romanesque avec ses moments forts séparés par des plages de moindre intensité dramatique ».
La critique prête également au film « l'ampleur, la vision panoramique du Napoléon d'Abel Gance » (Marcel Martin). Pour Libération encore, cette œuvre de Kurosawa est digne de figurer aux côtés des Nibelungen et du Cuirassé Potemkine, du plus grand cinéma allemand et du plus grand cinéma russe ». Jamais la liaison n'a été aussi intime entre « le style et la poétique intérieure de l'œuvre », admire Jean d'Yvoire dans Télérama. Avec son rythme, son humour, ses scènes d'action et son lyrisme sous-jacent, La Forteresse cachée est donc, à sa sortie, un « film sans égal. Peut-être le plus grand de tous les films japonais qui furent à ce jour proposés à notre choix » conclut Simone Dubreuilh
Hélène Lacolomberie est rédactrice web à la Cinémathèque française.