Revue de presse de « La Main au collet » (Alfred Hitchcock, 1954)

Hélène Lacolomberie - 12 novembre 2019

La Main au collet retrouve les ingrédients chers à Hitchcock : un couple blonde/faux coupable et quelques pincées d’humour qui agrémentent ça et là un scénario jugé simpliste, voire fade. Le film semble en effet dégager, à sa sortie, une impression de carte postale figée et de divertissement gentillet pour la critique quelque peu dubitative, qui avoue être restée sur sa faim.

La Main au collet

Certes, comme le souligne Le Monde, « le film est interprété à la perfection », Hitchcock s’appuyant entre autres sur son acteur fétiche et sur la beauté parfois espiègle de sa blonde fétiche. Certes, le réalisateur « reste fidèle aux thèmes qui lui sont propres, de la réversibilité, du délit échangé, de l’identification morale et presque physique de deux êtres » apprécie François Truffaut dans Arts. Certes, il a « en plusieurs moments sauvé un scénario que les auteurs ont complètement oublié d’écrire », concède Combat.
Mais « le fameux suspense Hitchcock n’est pas toujours fidèle au rendez-vous », déplore France Soir. « Il y a beaucoup plus de suspense dans le regard de Miss Kelly que dans toute l’intrigue », ironise Robert Chazal dans Paris Presse. « Cette fade histoire aurait pu, à l’extrême rigueur, servir d’argument à une opérette filmée », renchérit L’Aurore. Les Lettres Françaises, comme Libération, pointent un film inégal, dont « l’action s’essouffle » après « un brillant début ». Le Canard Enchaîné est plus caustique encore : « le film humoristico-policier qui est la raison d’être de tout cela ne présente pas le moindre intérêt. C’est de l’Hitchcock alimentaire, du fond de caméra ».

Seul François Truffaut, passant outre « quelques invraisemblances », défend le Maître contre vents et marées et salue « sa technique, qui est la première au monde, par l’efficacité des effets, le rythme des scènes, l’intarissable ingéniosité de chaque détail et de l’ensemble ». Le Monde, moins exigeant, note que « les diableries abondent dans La Main au collet. Avec une désinvolture de grand seigneur, Hitchcock s’y moque de tout et de tous : de l’histoire, de ses personnages, de lui-même enfin ».

La Main au collet s’apparente ainsi à un divertissement sans prétention où l’humour l’emporte sur le suspense, ainsi que l’a reçu Combat : « tout cela n’est visiblement qu’un amusement de vacances que personne ne prit très au sérieux ». N’oublions pas de mentionner que le traitement des anciens résistants par Hitchcock et sa vision des Français quelque peu galvaudée obtient un blâme général.


Hélène Lacolomberie est rédactrice à la Cinémathèque française.