Pour son interprétation, d’abord. L’Éducation salue « des acteurs inconnus chez nous mais tous remarquables », et plus particulièrement « l’excellent Jon Finch [qui] fait, comme le grand maître, preuve d’un grand métier », confirme Combat.
Pour sa technique ensuite. L’Humanité insiste sur la perfection du film : « une fois de plus, nous sommes en présence d’un produit fini dont les moindres rouages ont été soigneusement ajustés, huilés, et qui fonctionne ». France Soir évoque « l’utilisation des décors et de leur moindre détail, la science de l’atmosphère, et la précision de la mise en scène ». Comme tout un chacun, La Croix préfère s’attarder sur LA séquence phare du film qui à elle seule indique la maîtrise du réalisateur : « il faut bien parler de ce travelling arrière inouï, de ce monumental plan silencieux où Hitch, par le seul mouvement de sa caméra, fait brutalement monter l’angoisse. On est subjugué. On applaudit ». L’Éducation se permet toutefois d’adresser une mise en garde au cinéaste : « à vouloir jouer les difficultés pour mieux montrer sa virtuosité, le Maître donne parfois l’impression de se parodier ».
Mais cette auto-parodie est bien plutôt pour Hitchcock une manière de boucler un tour d’horizon personnel. Frenzy est « la quintessence d’une œuvre magistrale en un seul film, et c’est un régal », apprécie France Soir. À cette occasion, le réalisateur « a retrouvé toute sa finesse » note Le Canard Enchaîné. Le Figaro nous en livre d’ailleurs la recette : « la formule tient au jeu simultané de la terreur et d’une ironie presque imperceptible ». Le Monde estime qu’Hitchcock est « de nouveau au mieux de sa forme et tel que nous l’aimons, malicieux, roublard, dosant au compte-gouttes l’angoisse et le frisson ». « Il s’amuse comme un fou, nous aussi » renchérit Le Nouvel Observateur, pour qui il faut chercher la véritable raison du succès de cet humour noir dans son « label d’origine Made in England ».
Quant au suspense de rigueur, Hitchcock assoit une nouvelle fois sa suprématie en la matière. Comment ? « Il a remplacé un suspense purement extérieur événementiel par un suspense psychologique qui fait que nous participons entièrement aux angoisses de l’innocent injustement condamné » explique Marcel Martin dans Les Lettres Françaises. Les Échos s’avoue également conquis par le procédé : « qui d’autre saurait maintenir le suspense jusqu’à la dernière image tout en nous ayant montré l’assassin presque dès la première ?! ».
Un seul et unique bémol vient ternir cet élan dithyrambique, celui émis par Henry Chapier dans Combat. Le journaliste évoque un certain « mauvais goût » et s’interroge sur la sincérité et la complaisance des spectateurs. « Un vieux pacte de complicité régit désormais les rapports du Maître du suspense avec son public, celui d’accueillir avec délire le moindre clin d’œil, l’astuce la plus énorme, l’invraisemblance la plus calculée ».
Reste que de l’avis général, Frenzy est peut-être le meilleur film d’Alfred Hitchcock. « À ce niveau, la perfection, le divertissement est un grand art » décrète Le Journal du Dimanche, catégorique.