John Cassavetes (Hollywood 1965, Paris 1968)

mercredi 12 juin 2019, 20h30

Salle Jean Epstein

20h30 21h20 (50 min)

Hubert Knapp, André S. Labarthe
France / 1998 / 50 min / Numérique / VOSTF

Avec John Cassavetes.

Deux rencontres improvisées avec John Cassavetes à Hollywood en 1965, alors qu'il va devenir le chef de file du jeune cinéma indépendant américain, et à Paris en 1968, pour la sortie de Faces.

Cela s'appelle l'instinct : en 1965, André S. Labarthe et Hubert Knapp sont à Los Angeles pour filmer les derniers survivants du cinéma classique. En aparté, ASL décide de parier sur un jeune acteur qui, en tant que cinéaste, a déjà une merveille à son actif : Shadows, suivie de deux incursions dans le cinéma plus traditionnel, Too Late Blues et A Child Is Waiting qui lui laissent l'arrière-goût amer d'avoir obéi à un monde qui n'est pas le sien. Son nouveau film, Faces, sera un nouveau départ. Fait en totale indépendance, en bande, dans une anarchie technique invraisemblable : le son n'a pas été enregistré à la même vitesse que l'image, l'équipe est composée d'amis, quasiment tous amateurs, mais ce n'est pas une lenteur technique qui va arrêter ce garçon qui carbure à l'envie. Cassavetes, splendide en polo noir, conduisant sa décapotable d'une main, renverse tout sur son passage : son désir de cinéma se raconte à la vitesse d'une mitraillette. Combien de vocations de cinéaste sont nées de ces images de ce cinéaste nommé désir ? 1968, trois ans ont passé, Cassavetes est à Paris et on est toujours sans nouvelles de Faces. L'homme a pris dix ans dans la gueule, son corps porte une fatigue, sinon une mélancolie. En trois ans, les problèmes se sont amassés, il déclare : « Je ne me considère pas comme un cinéaste, sinon comme le pire qui soit. Mais je m'intéresse à mes semblables. » Et plus il parle, plus il s'anime. À la fin, c'est de nouveau une dynamo. Et si on retournait l'axe du récit ? En 1965, un Français s'en va voir à Hollywood si la Nouvelle Vague n'y serait pas cachée, elle qui en France peine à trouver une porte de sortie. En 1968, c'est l'Américain qui s'en va en France pour retrouver espoir auprès de Labarthe. Beau chassé-croisé. En 2023, nous savons : Faces était un chef-d'œuvre, et les révolutions sont des coups portés en continu contre un mur qui se croyait porteur mais ne soutenait que son propre académisme.

Philippe Azoury

Numérisation et restauration par l'INA en 2K à partir des éléments originaux inversibles 16 mm couleur, et d'un son magnétique séparé.