Faces

lundi 17 juin 2019, 16h30

Salle Henri Langlois

16h30 18h40 (130 min)

Les films de notre vie sont ceux qui entrent en nous sous la forme d'images récurrentes. Ils laissent des traces et infusent dans notre mémoire mais il faut beaucoup de temps pour avoir une idée de ce pour quoi ils nous touchent. Les quatre films que j'ai choisis sont quatre films qui, de quatre manières différentes, m'ont occupée, m'ont habitée, m'ont hantée. Cette hantise se cristallise sur certains plans (Alien sortant d'un thorax humain), certaines séquences (Catherine Deneuve expliquant pourquoi elle revient à Cherbourg dans la dernière scène des Parapluies de Cherbourg), certaines impressions fugitives (la tristesse du visage de Gena Rowlands face caméra dans Faces de Cassavetes, la moiteur d'une piscine dont l'eau croupit dans La Ciénaga de Lucrecia Martel). Bien que leur souvenir soit mobile et parfois nébuleux, ces films se sont propagés et ont cheminé dans mon esprit par de drôles de voies. Ils ont une force mystérieuse qui ouvre à la pensée, à la fiction et à l'écriture, c'est pourquoi ils sont si précieux à mes yeux. Cela tient sans aucun doute à leur bizarre opacité, opacité qui interdit d'en proposer une seule interprétation, d'en tirer un quelconque message. C'est à cela que j'aimerais convier les spectateurs : à expérimenter cette germination d'un sens qui toujours échappe, c'est-à-dire non pas à comprendre mais à se laisser traverser.

Olivia Rosenthal


John Cassavetes
États-Unis / 1968 / 130 min / DCP / VOSTF

Avec Gena Rowlands, John Marley, Lynn Carlin.

Richard et Freddie rencontrent dans un bar une call-girl, Jeannie, qui les emmène chez elle. De retour chez lui, Richard se dispute avec sa femme, Maria, et repart chez Jeannie. Maria décide à son tour de passer la nuit dehors.