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« Le gâchis qu'on a fait de tout », répondait Robert Bresson questionné sur l'origine de ce qui allait devenir son avant-dernier film, primé au festival de Berlin. Dès la fin des années 1970, le cinéaste engage, chose extrêmement rare à l'époque, une réflexion sur l'écologie et l'avenir du vivant. Les images documentaires que les jeunes visionnent sont insoutenables : déforestation, pollution des cours de rivières, massacres de bébés phoques. Aucun didactisme, pourtant : si la révolte d'une génération contre la société de consommation semble fasciner le réalisateur, il sait gré aux jeunes de leur organisation précaire et des difficultés existentielles propres à leur âge, mêlées à leurs problèmes sentimentaux. C'est ainsi que le récit de leur prise de conscience devient poignant et plus que jamais actuel. Car à travers les figures de Michel et de Charles, au-delà de leur amitié et leur rivalité en amour, ce sont deux conceptions de la lucidité qui s'opposent dans le film : l'engagement contre le nihilisme ; la militance, même désespérée, contre la mort hautaine. Mais n'est-ce pas la tendresse seule, celle des filles, qui demeure dans ce chaos moderne ? Bresson nous laisse l'infinie et troublante liberté d'y croire.
Gabriela Trujillo