vendredi 3 mars 2017, 23h59

Salle Henri Langlois

23h59 01h10 (67 min)

Sélection de films pornographiques issus des collections du CNC. Réservé à un public averti.


À partir des années 1850, il y a eu les photos pornographiques. Un vrai petit théâtre de la Belle Époque. Les photos, magnifiques, étaient faites par des professionnels en marge de leur activité officielle. La Première Guerre mondiale, la grande boucherie, amorce un changement. Le cinéma pornographique semble répondre à cette soif de vie. Après la Grande Guerre, c’est la bouffée d’oxygène, tout devient possible, tout devient permis. La barrière sociale est abolie. Tout se fait dans l’urgence car les corps pressentent que cela ne sera qu’un intermède. La mort est devenue industrielle mais le sexe est encore de l’ordre de l’amusement ; il n’est pas question ici de performance, de rentabilité, de spécialisation, de compartimentation. Dans ces films, le plaisir est champêtre. Cette bonne humeur préfigure l’état d’esprit de la vague des films pornographiques des années 1970. Dans un même film des années 1920 on peut rencontrer de l’homosexualité masculine et féminine, de la zoophilie, de légères fessées… C’est aussi le règne du poil, les toisons sont abondantes, les aisselles suintent, le règne de l’éternelle petite fille n’est pas encore arrivé.

L’apparition du format 9,5 mm en 1922 va faire exploser le marché, le grand public peut acheter des petits projecteurs et voir les films à domicile. Leur vente se fait par correspondance, à l’aide d’espaces publicitaires coincés dans des revues humoristiques et certainement aussi dans les arrière-boutiques de librairies, même si la police veille et fait la chasse. Pas de noms d’acteurs, de techniciens, de réalisateurs, rien qui permette vraiment de dater, les dates apposées ne sont qu’une indication. Les films se passent soit en décor naturel, soit en studio improvisé où la décoration est très rudimentaire. L’équipe de tournage est limitée ; les interprètes sont des amateurs, peut-être des prostituées. Mais le sens de la prostitution à l’époque est très large, ce sont aussi des femmes exerçant des petits métiers, couturières, fleuristes… Les déshabillages sont rapides, la gaine, le corset sont bannis. Le goût du travestissement, très fort, a été préparé par le théâtre qui se faisait sur le front pendant la guerre, une manière d’échapper à ce réel sanguinaire.

Daniel Brémaud


Anonyme
France / 1925 / 5 min

Anonyme
France / 1922 / 8 min

Anonyme
France / 1927 / 5 min

Anonyme
France / 1927 / 4 min

Anonyme
France / 1925 / 5 min

Anonyme
France / 1924 / 9 min

Anonyme
France / 1925 / 5 min

Anonyme
France / 1927 / 4 min

Anonyme
France / 1930 / 6 min

Anonyme
France / 1927 / 7 min

Anonyme
France / 1930 / 9 min

Copies 35 mm issues des collections du CNC.