La Vengeance aux deux visages

dimanche 5 mars 2017, 16h30

La Filmothèque du Quartier latin Hors les murs

16h30 18h55 (144 min)

Marlon Brando
Etats-Unis / 1959 / 144 min / DCP / VOSTF

Avec Marlon Brando, Karl Malden, Joan Petrone.

Après un hold-up, Dad Longworth abandonne son complice Rio à la police et disparaît avec le butin. Cinq ans après sa sortie de prison, Rio retrouve Longworth, devenu shérif d'une petite ville de Californie.

Restauré en 4K à partir du négatif original par Universal Studios, en collaboration avec la Film Foundation. Remerciements à Martin Scorsese et Steven Spielberg pour leurs conseils sur la restauration.


La genèse de La Vengeance aux deux visages fut des plus chaotiques. À partir d’un roman de Charles Neider, Sam Peckinpah en commence l’écriture avant d’être évincé par Stanley Kubrick, qui doit réaliser le film et demande alors à son coscénariste des Sentiers de la gloire, Calder Willingham, d’en écrire une nouvelle version. Mais Marlon Brando provoque à son tour le renvoi du duo et Kubrick partira remplacer Anthony Mann sur le tournage de Spartacus.

Brando décide de réaliser le film lui-même, et la suite de la production sera à l’image de la star, excessive et conflictuelle : le budget du film passe de 1,8 à 6 millions de dollars, la durée de tournage de six semaines à six mois et le premier montage approuvé par Brando dure 4h42. Paramount le réduira de moitié et imposera une fin différente, pour aboutir à la version actuelle.

Le résultat est néanmoins étonnant, Marlon Brando livrant un western extrêmement personnel, sombre, contemplatif, avare en scènes d’action mais habité par une grande tension psychologique et magnifiquement photographié par Charles Lang. Au-delà de la trame de la vengeance, la relation entre Rio Kid (Brando) et Dad Longworth (Karl Malden) témoigne d’une étonnante dimension masochiste et œdipienne. Cette retenue mêlée de violence déroutera le public, le film sera un échec et restera l’unique réalisation de l’acteur.

Caroline Maleville