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Pour profiter de la présence à la cinémathèque d'Ennio Morricone, voici deux chefs-d'œuvre de ce que l'on appelle le giallo, ces thrillers angoissants réalisés en série en Italie à la suite du succès de L'Oiseau au plumage de cristal de Dario Argento en 1969. Il ne serait pas inconsidéré de dire que les deux films présentés ce soir incarnent l'essence même du genre, délivrent, dans leur sombre et triviale beauté, sa vérité poétique.
Signé en 1972 par Paolo Cavara, qui fut auparavant associé à Gualtiero Giacopetti et Franco Prosperi pour leurs documentaire-choc, Mondo Cane, La Tarentule au ventre noir déploie avec intelligence et sensibilité les mécanismes mis au point dans le film d'Argento. Le refoulement sexuel est ici au centre d'un récit terrifiant construit sur une sédimentation de moments au cours desquels de très belles jeunes femmes (le casting exceptionnel propose quelques-unes des plus belles starlettes de l'époque) sont mises à mort, littéralement dépecées comme des images de magazine que l'on déchirerait sous nos yeux. Un aparté documentaire vient génialement souligner l'atrocité de ces mises à mort tout en validant la métaphore animalière du titre. Le refoulement sexuel comme détermination profonde des évènements est bien sûr le cœur de l'énigme et il est ici soumis à un traitement extrême. Mais c'est surtout le principe même d'une indifférence cruelle du monde face à la terrifiante contingence des crimes commis que souligne la suavité morbide de la musique de Morricone.
Jean-François Rauger