Les Vitelloni

Les Vitelloni

Federico Fellini
Italie-France / 1953 / 103 min

Avec Franco Interlenghi, Franco Fabrizi, Alberto Sordi, Leopoldo Trieste.

La fin de l'été, dans les rues désertées de Pescara, petite station balnéaire italienne. Cinq amis trentenaires, surnommés les « vitelloni », se promènent sans rien faire, reculant sans cesse le moment d'affronter la vie d'adulte.

I Vitelloni commence un peu comme une comédie à l'italienne, sans nous « écraser sous son poids épique, ou des ruses psychologiques. C'est un film qui nous est proche, qui nous parle à hauteur d'homme. On y rit. On comprend », notent Roger Tailleur et Bernard Chardère (Positif, 1954). Et c'est vrai, à un détail près : le temps nous a montré, à nos dépens, que, dans ces Vitelloni, il n'y avait pas de quoi rire. À la différence des comédies qui privilégient l'été, l'action se déroule dans un Rimini replié sur lui-même, entre l'automne et l'hiver propices au désenchantement. Fellini s'y pose en spectateur de sa propre autobiographie, et cache, davantage qu'il ne révèle, son univers poétique. I Vitelloni est construit autour de sa vie, de ses histoires de jeunesse avec ses compagnons de l'époque, les scénaristes Ennio Flaiano et Tullio Pinelli. Mais les acteurs se retrouvent face à eux-mêmes : Leopoldo Trieste se rêve dramaturge, Alberto Sordi a vraiment débuté en imitant Nazzari, Franco Fabrizi fera carrière comme vitellone du cinéma italien. Seul se démarque Franco Interlenghi, alias Moraldo, ainsi nommé d'après l'assistant réalisateur Moraldo Rossi, grand ami de Fellini. Il est le seul à avoir le courage de quitter sa province et son quotidien, et l'identification avec Fellini est claire lorsqu'à la fin, la voix du réalisateur se superpose à la sienne pour saluer ses amis qui restent. I Vitelloni est aussi un film séminal, qui aura engendré un sous-genre : les ragazzi d'Accattone, le « professeur » de Zurlini ou l'« autarcique » de Moretti, tous sont des vitelloni. Finalement, Fellini parlait toujours de lui, non pas en tant qu'auteur, mais plutôt en tant qu'homme toujours prêt à « se donner en spectacle ». Et donc, par extension, il finissait toujours par parler de nous-mêmes.

Sergio Toffetti


Générique

Réalisateur : Federico Fellini
Assistants réalisateurs : Moraldo Rossi, Max deVaucorbeil
Scénaristes : Federico Fellini, Ennio Flaiano, Tullio Pinelli
Sociétés de production : Peg Film (Roma), Cité-Films (Paris)
Producteur : Lorenzo Pegoraro
Directeur de production : Luigi Giacosi
Distributeur d'origine : RKO Radio Pictures - Radio-Keith-Orpheum
Directeurs de la photographie : Carlo Carlini, Otello Martelli, Luciano Trasatti
Cadreurs : Franco Villa, Roberto Gerardi
Compositeur de la musique originale : Nino Rota
Décorateurs : Mario Chiari, Luigi Gervasi
Costumier : Margherita Marinari
Monteur : Rolando Benedetti
Photographe de plateau : Ampelio Ciolfi
Interprètes : Franco Interlenghi (Moraldo), Franco Fabrizi (Fausto), Alberto Sordi (Alberto), Leopoldo Trieste (Leopoldo), Riccardo Fellini (Riccardo), Eleonora Ruffo (Sandra), Lída Baarová (Giulia, l'antiquaire), Jean Brochard (le père de Fausto), Claude Farell (Olga, la soeur d'Alberto), Carlo Romano (Michele, l'antiquaire), Arlette Sauvage (la femme dans le cinéma), Enrico Viarisio (le père de Moraldo et Sandra), Paola Borboni (la mère de Moraldo et Sandra), Achille Majeroni (le comédien de théâtre), Vira Silenti (la bonne, voisine et amie de Leopoldo), Maja Nipora (la soubrette), Silvio Bagolini (l'idiot), Guido Martufi (le jeune cheminot), Gigetta Morano (la mère d'Alberto), Giovanna Galli (une ballerine), Franca Gandolfi (une ballerine), Gondrano Trucchi, Gustavo De Nardo, Graziella De Roc, Alberto Anselmi, Milvia Chianelli