Le Cri du sorcier

Le Cri du sorcier The Shout

Jerzy Skolimowski
Grande-Bretagne / 1978 / 87 min
D'après la nouvelle Le Cri de Robert Graves.

Avec Alan Bates, Susannah York, John Hurt.

Dans un village côtier du Devon, un mystérieux voyageur s'invite à déjeuner chez un couple sans histoire. Au cours du repas, il révèle à son hôte qu'il revient d'Australie, où un sorcier aborigène lui a enseigné le secret d'un cri capable de tuer.

Nouvelle numérisation.


Après la réussite de Deep End (1970) et Roi, Dame, Valet, une adaptation de Nabokov (1972), Jerzy Skolimowski tourne une troisième fois en Angleterre. Il investit cette fois-ci la région traditionnelle du Devon pour cette histoire adaptée d’une nouvelle de Robert Graves, dont il fait d’ailleurs l’un des personnages, incarné ici par Tim Curry (Rocky Horror Picture Show). Produit par Jeremy Thomas, Le Cri du sorcier est probablement l’un des films les plus singuliers du cinéaste polonais, laissant le spectateur groggy, comme manipulé, à l’instar d’Anthony et Rachel, le couple du film, par Crossley, le sorcier au cri qui tue.
Comme dans Deep End, la dimension picturale du film est prégnante (Skolimowski est aussi peintre) à travers les couleurs, qu’il s’agisse des grands aplats verts de la campagne anglaise, ou de la manière d’investir la maison du film, ses enfilades de portes, son goût de la perspective, et bien sûr les références assumées à Francis Bacon (reproductions de tableaux ou de postures, Rachel reprenant lors d’une scène une posture de la toile Paralytic Child Walking on All Fours). Le trio d’acteurs est intense : Alan Bates confirme son incroyable présence physique, de son corps massif à cet incroyable cri ‒ doublé par Skolimowski lui-même ; John Hurt connaît ici l’un de ses premiers vrais grands rôles après seize ans de travail au cinéma ; Susannah York confirme un jeu tout en subtilité et ambiguïté qu’elle déclina dans de nombreux films (Altman, Aldrich, Pollack, etc.).
Le Cri du sorcier bénéficia de la création sonore imaginée par Tony Banks et Mike Rutherford, alors membres du groupe Genesis, et fut l’un des tout premiers à utiliser le système Dolby : pas moins de quarante pistes sonores ! Présenté au Festival de Cannes en 1978, le film obtint le Grand Prix du Jury.

Bernard Payen


Générique

Réalisateur : Jerzy Skolimowski
Assistants réalisateurs : Kip Gowans, Arnold Schulkes, Peter Waller
Scénaristes : Michael Austin, Jerzy Skolimowski
Auteur de l'oeuvre originale : Robert Graves d'après une histoire
Sociétés de production : The Rank Organisation, Jeremy Thomas Productions, RPC - Recorded Picture Company (London), NFFC - National Film Finance Corporation (London)
Producteurs : Daniel Toscan du Plantier, Jeremy Thomas
Producteur associé : Michael Austin
Producteur délégué : Terry Glinwood
Directeur de production : Joyce Herlihy
Distributeur d'origine : Gaumont Distribution
Directeur de la photographie : Mike Molloy
Cadreur : Laurie Frost
Mixeur : Tony Jackson
Maquilleur : Wally Schneiderman
Coiffeur : Betty Glasow
Monteur : Barrie Vince
Script : Ann Skinner
Directeurs de casting : Patsy Pollock, Mary Selway
Photographe de plateau : David Farrell
Interprètes : Alan Bates (Charles Crossley), Susannah York (Rachel Fielding), John Hurt (Anthony Fielding), Robert Stephens (le médecin-chef), Tim Curry (Robert Graves), Julian Hough (le vicaire), Carol Drinkwater (la femme du cordonnier), John Rees (l'inspecteur), Jim Broadbent (le joueur de champ), Susan Wooldridge (Harriet), Nick Stringer (le cordonnier), Peter Benson (Harry le berger), Colin Higgins