Elles deux

Elles deux Ök ketten

Márta Mészáros
Hongrie / 1978 / 92 min

Avec Marina Vlady, Lili Monori.

Une directrice de foyer pour ouvrières, insatisfaite de sa vie, et une jeune mère en quête d'un refuge se croisent par hasard et deviennent proches, en dépit de leurs différences.

Restauré en 4K en 2018 par les Archives Nationales du film de la Hongrie et le Hungarian FilmLab, à partir du négatif image d’origine et de la bande magnétique d’origine. Étalonnage dirigé par János Kende.


Martá Mészàros est la première femme réalisatrice hongroise. Élevée à Moscou, étudiante au VGIK, elle entame sa carrière à Budapest en 1958, aux côtés de son mari Miklós Jancsó et dans le milieu du documentaire, qui lui permet « de mieux comprendre son pays ».

En 1976, elle est déjà reconnue pour deux succès fictionnels, Neuf mois et Adoption. Son œuvre est autant politique que critique, précise qu’informative : avec obstination, il s’agit de portraiturer des femmes capables de prendre des décisions d’une façon indépendante. Si les situations sont reconstruites et travaillées, parfois improvisées, le parti pris est toujours celui du réalisme, voire du banal.

Ses étonnants plans larges dédramatisent et créent des situations sociales, à la manière « Free » d’un Tony Richardson. Elles deux, c’est Marina Vlady (amie du couple Jancsó-Mészàros depuis 1969 et qui avait déjà tourné dans Sirokkó) et Lili Monori. Leur duo est magnétique, phosphorescent, si bien que le reste (les maris, les autres, l’environnement socialiste du foyer ou de l’usine) devient rapidement secondaire. Enfin, jusqu’à la scène qui reste aujourd’hui célèbre : l’apparition de Vladimir Vyssotski lors d’une scène de baiser furtif sous la neige avec Marina Vlady. Eux deux, réunis, pour l’unique fois à l’écran. « Il nous semblait que ce bout de pellicule où nous apparaissions ensemble allait nous ouvrir les portes de l’avenir », écrit-elle dans son autobiographie.

Elles deux est un succès, cinquante-cinq semaines à l’affiche du St-André-des-Arts à Paris, présentation aux festivals de New York, Locarno et Prix Femina à Bruxelles.

Émilie Cauquy