Shiri

Shiri 쉬리

Kang Je-kyu
Corée / 1999

Avec Kim Yoon-jin, Han Suk-kyu, Choi Min-sik.

Yu Jung-won, un agent des services secrets de Corée du Sud, enquête sur un projet d'attentat organisé par la Corée du Nord.

L'histoire contemporaine de la Corée, que se sont partagée durant des décennies les deux blocs, l'irréductibilité d'une déchirure qui a cassé en deux une nation a encouragé, comme on s'en doute, toutes sortes de fictions d'espionnage, et engendré des récits où les conventions – plus ou moins respectées – du genre sont confrontées au sentiment douloureux d'une unité perdue. Prototype de ce que seront ensuite les blockbusters locaux, Shiri fut, en son temps, un des plus gros succès commerciaux du cinéma sud-coréen. Sorti en salles en 1999, il y dépassa largement, en nombre d'entrées, l'indéboulonnable (dans le reste du monde) Titanic de James Cameron. Le film relève du thriller d'action nourri aux codes de certaines productions hollywoodiennes mais aussi, et peut-être surtout, au cinéma d'action hongkongais dont l'influence fut planétaire. Shiri décrit l'action d'agents des services secrets sud-coréens qui tentent d'empêcher un attentat à l'explosif fomenté par des tueurs du Nord, manipulés eux-mêmes par des faucons acharnés à empêcher toute tentative d'apaisement entre les deux Corées. Les scènes d'action sont nombreuses et particulièrement réussies. Le suspense est grossier, mais habile. Les apparences sont parfois trompeuses et les espions (et surtout espionnes) nordistes sont d'un fanatisme et d'une cruauté sans commune mesure. Il est vrai que leur leader est incarné par le génial Choi Min-sik. Si la mise en scène est volontiers emphatique, la brutalité des images affirme une absence de complexes impensable à Hollywood. Le film de Kang Je-kyu témoigne tout à la fois de l'absence d'inhibitions d'un film d'exploitation et de l'opulence d'un blockbuster. Bref, d'une sorte de Korean touch.

Jean-François Rauger