Un travail approfondi a été accompli sur les sources d'époque (mémoires, tableaux) et sur les décors (en particulier au château de Brissac, utilisé pour de nombreuses scènes) souvent modifiés par des trucages. Ainsi de la première séquence qui, grâce à l'utilisation d'une photo reflétée par un miroir (miroir Schüfftan 1Miroir Schüfftan : procédé de trucage permettant de mélanger dès la prise de vues plusieurs éléments visuels, porte le nom du chef-opérateur allemand Eugen Schüfftan, qui a notamment travaillé avec Fritz Lang sur Metropolis (1926).), fait apparaître le Louvre dans le contexte champêtre du Paris du XVIIe siècle (en fait les bords de la Seine près de Mantes). Mais la vraie force du film est d'avoir utilisé, en tableaux successifs, après la mort du cardinal Mazarin et l'arrestation du surintendant Fouquet, la mise en scène de la vie quotidienne du roi et des courtisans à Versailles. Rossellini insiste sur la fonction du spectacle royal, tout en marquant, grâce au choix d'un acteur un peu pataud, la timidité réelle du roi. Ainsi montre-t-il à la fois le mythe et la réalité derrière le mythe.
© BiFi, 2006