visionneuse ou projectionneuse de disque de verre ou papier de 42 cm Ø portant sur son contour une série de clichés chronophotographiques ; boîtier en bois monté sur pied ; porte s'ouvrant sur un côté ; disque obturateur vertical et rotatif à une fenêtre, tournant plus vite que le disque à images ; manivelle ; roue à pignon ; deux trous pour regarder les vues (avec caches en cuivre, verre dépoli au dos) ou pour les projeter au moyen d'un objectif et d'une lanterne
Demenÿ Georges
Levallois-Perret, 64 rue Chaptal, 17 Villa Chaptal
Otto Lund
Paris, 6 place de la Sorbonne
Demenÿ Georges
Levallois-Perret, 64 rue Chaptal, 17 Villa Chaptal
Gaumont, Léon et Cie
Paris, 57 rue Saint-Roch
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Ouvert :
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Fermé :
Longueur : 70 cm
Largeur : 70 cm
Hauteur : 172 cm
Diamètre :
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Etiquette laiton sur le devant : "G. Demenÿ - Phonoscope. Otto Lund Const. Paris". Etiquette au dos : "Appareils de mensuration et de démonstration".
Le Phonoscope a été présenté par Demenÿ à l'Académie des Sciences, le 27 juillet 1891 et breveté le 3 mars 1892. C'est surtout sa présentation à l'Exposition photographique de Paris en avril 1892 qui attirera l'attention. L'appareil est ainsi baptisé car il sert "à reproduire l'illusion de la parole et de la physionomie d'une personne qui parle". C'est le premier projecteur d'images chronophotographiques. Pour l'exploiter commercialement, Demenÿ a crée avec l'Allemand Ludwig Stollwerck et le Suisse William Gibbs-Clarke, la Société du Phonoscope (20 décembre 1892) - mais cette société échouera en 1895 et provoquera la rupture entre Marey et Demenÿ. Demenÿ et Gaumont exploiteront alors cet appareil sous le nom de "Bioscope" : "Bioscope Demenÿ permettant de voir en mouvement les scènes et sujets animés pris avec l'appareil chronophotographique, accompagné de deux disques en verre percés pour le montage des pellicules et d'un pied en bois tourné, 250 fr." (Demenÿ - Gaumont, Notice sur le Bioscope de G. Demenÿ, Paris, Comptoir général de la photographie, s.d. [1895]). Le Comptoir proposait à la clientèle d'envoyer les négatifs obtenus par la caméra "Biographe" et de faire confectionner les disques sur place. Cet appareil est extrêmement rare : c'est le seul exemplaire connu en France.
Les images négatives obtenues par les caméras chronophotographiques sont tirées sur un film positif puis reportées sur la circonférence d'un disque de verre transparent de 42 cm de diamètre. "La moindre erreur de repérage est cause de sautages et de trépidations qui sont extrêmement désagréables à l'oeil et nuisent à l'illusion" (G. Demenÿ, "Les photographies parlantes", La Nature, n° 985, 16 avril 1892, p. 314). Le disque positif une fois conçu, avec ses 24 images successives, est placé verticalement sur un axe horizontal dans la boîte en bois équipée d'une optique de grossissement (pour la vision directe) ou de projection (il faut alors lui adjoindre une lanterne de type Molteni). A l'arrière de la boîte, une fenêtre dépolie peut être éclairée par l'électricité si l'appareil sert à la vision directe. Le disque à images tourne sur son axe grâce à un système d'engrenages et d'une manivelle. En face de lui parallèlement, tourne en sens inverse, et plus vite, un disque obturateur en métal percé d'une petite fenêtre. Si le disque de verre comporte 24 images, la vitesse du disque obturateur doit être 24 fois plus grande. Le 25 août 1892, Demenÿ dépose une addition à son brevet du 3 mars. La fabrication des disques positifs avec leurs images en celluloïd découpé étant particulièrement difficile, il opte pour la confection d'un disque à images négatives, ce qui lui permet de tirer en contact des disques positifs en nombre infini. Il affirme aussi que le phonoscope peut servir également de caméra en remplaçant le disque porte-images par un disque à surface sensible.
"[...] M. Georges Demeny, l'ancien collaborateur du Dr Marey à la Station physiologique d'Auteuil, est arrivé à rendre abordable et pratique pour l'amateur l'analyse et la synthèse de la vie par le procédé chronophotographique. Il a établi, à cet effet, les modèles de deux appareils nettement distincts. L'un destiné à l'analyse et qui porte le nom de Biographe ; l'autre à la synthèse et qui se nomme Bioscope. Le Comptoir général de photographie est chargé de construire des appareils d'après ces modèles et de les exploiter. D'ores et déjà, il peut offrir le Bioscope à sa clientèle. Quant au Biographe, sa construction s'achève. Les premiers exemplaires pourront certainement être livrés au commerce d'ici à quelques semaines seulement. Le Bioscope affecte la forme d'une boîte rectangulaire en bois, montée sur un pied fixe. Il constitue un petit meuble peu encombrant, susceptible de trouver sa place même dans l'appartement le plus exigu. Cette boîte est percée, sur ses deux grandes faces, par deux ouvertures circulaires mesurant une dizaine de centimètres de diamètre et telles que leurs axes horizontaux médians sont exactement dans le prolongement l'un de l'autre. Dans l'une de ces ouvertures, celle qui se trouve sur la face antérieure, c'est à dire celle qui sera devant le spectateur quand celui-ci voudra regarder dans l'appareil, est sertie une loupe à fort grossissement ; dans la seconde, celle de la face postérieure, est logé un verre dépoli. Il régularise la lumière introduite dans l'appareil et permet d'isoler l'image synthétique des objets environnants. De même que l'analyse de la vie est faite par la prise d'une succession de vues, de même la synthèse sera reproduite par une succession d'images. Pour obtenir cette succession, les images, au nombre de trente et représentées par des photocopies diapositives, sont réparties le long du bord d'un disque de verre et sur l'axe de ses rayons. Ce disque est percé en son centre d'un trou rodé et exactement calibré au diamètre du pivot de l'appareil, lequel est monté horizontalement au centre de l'intérieur de la boîte rectangulaire. Sur ce même pivot et en avant du disque de verre, appelé à être changé suivant les vues que l'on veut regarder, se trouve à demeure un disque de tôle noircie, d'un diamètre très légèrement supérieur à celui des disques de verre et percé, à la presque extrémité de l'un de ses rayons, d'une petite fenêtre, moins large mais aussi haute, que les images dont on doit rétablir la synthèse. Le pivot contenant ces deux disques est monté sur un système d'engrenage que commande, de l'extérieur de l'appareil, une manivelle placée sur son côté droit. Cette manivelle est actionnée à la main. Dès qu'on la met en mouvement les deux disques tournent, seulement le disque de tôle tourne en sens inverse du disque de verre. Si donc le spectateur met son oeil contre la loupe du Bioscope et qu'il fasse tourner la manivelle, le passage successif de la fente devant son regard et simultané de la fente devant les images, lui fera voir celles-ci en une image unique et mouvementée, en une image ayant vie. Comme il y a trente images et que l'impression lumineuse sur notre rétine dure environ un trentième de seconde, on aura la sensation d'un mouvement continu si l'on actionne les disques de façon qu'ils opèrent une révolution complète en une seconde. Cette rapidité de mouvement et le peu de largeur de la fente du disque de métal exigent un bon éclairage. Le verre dépoli de l'appareil devra donc être tout près d'une fenêtre ou, le soir, tout contre le foyer d'une bonne lampe. Le Bioscope peut même être utilisé pour la projection. Dans ce cas, on enlève l'objectif de la lanterne et on l'adapte au lieu et place du verre dépoli, puis on installe la lanterne du côté de l'ouverture dans laquelle la loupe est sertie, de manière à ce que le condensateur de la lanterne soit aussi près que possible de cette ouverture. On allume la lanterne, on fait le point sur l'écran récepteur et l'on tourne la manivelle. Nous croyons, lorsque viendra le moment des étrennes, qu'il sera difficile de trouver un cadeau plus neuf ou plus intéressant. D'autant mieux que le Bioscope n'implique pas par sa possession celle du Biographe. Le Comptoir général de photographie se charge, en effet, de fournir à ses possesseurs des disques tout faits de photocopies diapositives, soit séparés, soit en série." (Revue trimestrielle du Comptoir général de photographie, Paris, novembre 1895, p. 34-36).
G. Demenÿ, "Les photographies parlantes", La Nature, n° 985, 16 avril 1892, p. 314.
Revue trimestrielle du Comptoir général de photographie, Paris, novembre 1895, p. 15-17, p. 34-36.
Laurent Mannoni, Marc de Ferrière le Vayer et Paul Demeny, Georges Demenÿ pionnier du cinéma, Douai, Editions Pagine, 1997.
Marie-Sophie Corcy, Jacques Malthête, Laurent Mannoni, Jean-Jacques Meusy, Les premières années de la société L. Gaumont et Cie, Correspondance commerciale de Léon Gaumont 1895-1899, Textes de Corine Faugeron, Laurent Mannoni, Jean-Jacques Meusy, Paris, AFRHC, 1998.