Catalogue des appareils cinématographiques de la Cinémathèque française et du CNC

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Caméra film 35 mm

N° Inventaire : AP-98-2111

Collection : La Cinémathèque française

Catégorie d'appareil : Prise de vues cinématographiques

Nom du modèle : Caméra type professionnel pour film 35 mm mono-perforation ; caméra Pathé professionnelle

Lieu de fabrication : Paris, France

Année de fabrication : À partir de 1906

Fiche détaillée

Type de l'appareil

boîtier en bois gaîné de cuir noir ; entraînement du film 35 mm mono-perforation (un trou de chaque côté de l'image) par deux griffes ; came triangulaire ; disque à rampe ; un débiteur denté ; obturateur réglable à deux pales ; emplacement pour deux magasins 120 mètres détachables supérieurs débiteur et récepteur ; compteur métrique

Auteurs

Duval
Paris

Fabricants

Pierre Victor Continsouza
Paris, 9 rue des Envierges

Etablissements Pierre Victor Continsouza
Paris, 403 rue des Pyrénées

Utilisateurs

Duval
Paris

Distributeurs

Compagnie générale de phonographes, cinématographes et appareils de précision
Paris, 14 rue Favart

Sujet du modèle

Informations non disponibles

Objectif

absent

Taille de l'objet

Ouvert :
Informations non disponibles

Fermé :
Longueur : 13 cm
Largeur : 22.5 cm
Hauteur : 39.5 cm

Diamètre :
Informations non disponibles

Taille de la boîte de transport

Informations non disponibles

Remarques

Exemplaire peut-être unique d'une caméra professionnelle Pathé utilisant du film à mono-perforation, et présentant un boîtier plus grand que d'habitude ; la platine a été surélevée à l'intérieur.

"Datation 1906/1907 car absence du couloir extensible breveté en juillet 1907. Absence de visée latérale et pas d'oeilleton sur la porte arrière pour mise au point sur dépoli. Obturateur monopale de 90° (ouverture à 270°). Double mouvement des griffes d'entraînement : un aller-retour avec avancée des griffes pour entraînement du film, suivi d'un aller-retour rectiligne en retrait permettant au film de rester à l'arrêt en lien avec la grande ouverture de l'obturateur. 8 images par tour de manivelle. Un débiteur pour monoperforation type Edison. Accessoire démultiplicateur pour changement de cadence à fixer sur axe de la manivelle caméra fermée. Axe de gauche : 2 images par tour de manivelle ; axe du centre : 1 image par tour de manivelle ; axe de droite : 4 images par tour de manivelle. Avec cet accessoire, la manivelle doit être tournée en sens inverse pour faire avancer le film. Marche arrière possible" (remarques communiquées par Anne Gourdet-Marès, 2017).

"Il nous a paru important de vérifier concrètement sur les caméras Pathé les plus primitives conservées où se plaçait précisément cette perforation d'entraînement par rapport au cadre de la fenêtre d'impression. Deux exemplaires sont conservés à la Cinémathèque française, sans que l'on puisse savoir si ces caméras étaient employées pour les films produits par la firme. La première (AP-95-1465) ne comporte aucune marque mais certains éléments de conception ne sont pas sans rappeler celle qui sera présentée dans le catalogue Pathé de 1903. Quant à la deuxième (AP-95-1438), elle possède bien une plaque Pathé et correspond au modèle proposé à la vente en 1903. Toutes deux fonctionnent avec des griffes et des débiteurs dentés pour film à perforations Lumière. Le pas d'image est légèrement plus grand que celui des films à perforation Edison et le mécanisme d'entraînement est différent de celui des Lumière. Le transport de film est réalisé par un système de va-et-vient vertical d'une paire de griffes à bascules : elles se rétractent au moment du contact au bord des perforations lors de leur remontée. La marche arrière est donc impossible avec ce système [Les essais ont montré que le film utilisé est perforé d'une perforation type Edison rectangulaire située en position haute]. La raison principale de l'emploi de la monoperforation figure dans une lettre de Charles Pathé à Pablo Ducros Hicken, dont la Cinémathèque française conserve une copie : "En ce qui concerne le négatif que vous remarquerez comme étant perforé à un seul trou, je dois vous dire que jusqu'en 1909 ou 1910, tous les négatifs édités par Pathé étaient obtenus avec un appareil Lumière muni de deux rouleaux débiteurs, un au-dessus et l'autre en-dessous de la fenêtre qui se trouve devant l'objectif. Le principe de cet entraînement par un seul trou avait l'avantage indiscutable de permettre l'obtention de positifs d'une fixité beaucoup plus grande que celle des positifs obtenus par des négatifs à quatre trous par image. Pendant longtemps, cet avantage a retenti d'une façon heureuse sur notre production toute entière jugée supérieure par le public en raison de cette fixité des images plus grande que dans les positifs de la concurrence". [...] Une caméra bichrome est conservée à la Cinémathèque française (AP-95-1780). Sa conception n'est pas de Pathé mais la plaque qu'elle porte nous montre qu'elle appartenait à la firme. Si l'équipement bichrome de cette caméra est d'origine, elle pourrait dater des années 1908-1909. Ses deux débiteurs dentés sont en monoperforation type Edison. De fait, le système bichrome exigeant une parfaite fixité pour l'alternance des images colorées qui se succédaient à la projection, on peut penser qu'une pellicule monoperforée, jugée plus régulière que la quatre trous d'Edison, était mieux adaptée aux exigences de ce procédé bichrome, d'où la présence de deux débiteurs pour film monoperforé. Le deuxième appareil (AP-98-2111) est une caméra Pathé Professionnelle. Elle date sans doute de 1906-1907, car elle n'est pas encore munie du couloir extensible. Notons qu'elle est plus grande que la Professionnelle "classique". [...] La pale de l'obturateur ne couvre qu'un angle de 90°. Son mécanisme d'entraînement a donc été adapté afin de faire gagner un maximum de lumière à l'image impressionnée. Un accessoire démultiplicateur lui est attaché, permettant de réaliser une image, deux images ou quatre images par tour de manivelle.
[...] Duval, un nom qui revient souvent dans les histoires du cinéma. [...] Tous le citent comme ayant été un proche collaborateur de Charles Pathé, à l'initiative des améliorations apportées au projecteur Pathé-Lumière transformé. Malheureusement, nous possédons très peu d'informations à son sujet. [...] Grâce au dossier traitant de la plainte de Pathé [contre Ernest Zollinger, Charles Lépine et Eugène Planchat, avril 1906, pour tentative de divulgation de secret de fabrication], nous avons la confirmation que les caméras des ateliers Pathé étaient bien des caméras "Duval" et qu'elles offraient des particularités techniques intéressantes. Charles Dupuis : "Nous avons deux appareils distincts pour les prises de vues, l'un, l'appareil Duval, qui sert à nos éditions et que, sous aucun prétexte, nous ne vendons ni ne communiquons : c'est notre appareil d'atelier qui ne sert qu'à nous". [...] Hugues Laurent à la Commission de recherches historiques de la Cinémathèque française : "En 1905, l'appareil de prise de vues subit des transformations. M. Duval, mécanicien de la maison Pathé, trouve le moyen d'adapter à l'extérieur et au-dessus de celui-ci une boîte de deux magasins carrés, que l'on couvre d'une gaine de tissu noir. L'un contient la pellicule vierge, l'autre est vide pour recevoir la pellicule impressionnée. Elle se déroule et s'enroule, fixée sur un noyau central, après avoir été impressionnée en passant devant l'objectif qui est fixé sur la boîte. Cet appareil, muni de compte-tours et de compte-images, apporte à ceux qui travaillent au trucage une aide précieuse". Duval serait donc l'inventeur de la fameuse caméra Pathé Professionnelle type X, commercialisée à partir de 1910. "L'aide précieuse" dont il est question ici, est la possibilité de réaliser une marche arrière. D'un simple et unique geste, la courroie d'enroulement du magasin débiteur est déplacée sur le magasin récepteur. Surimpressions et prises de vues inversées (où le magasin débiteur devient le magasin récepteur) sont effectuées avec un minimum de manipulations, grâce au seul "noyau central" denté. Cette caméra fonctionne bien avec le dispositif de défilement Lumière. A partir de quel appareil original cette caméra a-t-elle été élaborée ? Celle apportée par Lépine, comme il l'indique dans les interrogatoires et qu'on retrouve dans l'inventaire de février 1899, mais sans aucune précision sur le modèle ? L'existence de cette caméra dans les studios Pathé bien avant sa commercialisation est confirmée par plusieurs ouvrages contemporains. Emile Kress, en 1912, mentionne les deux modèles de caméra Pathé : "Il y a deux modèles Pathé prise de vues, l'un fut destiné à l'amateur, l'autre connu sous le nom de "l'Industriel Pathé" ne fut longtemps utilisé que par la maison elle-même. L'appareil amateur a encore ses boîtes magasins intérieurement disposées. L'Industriel affecte au contraire le dispositif anglais". Dans Le Cinématographe scientifique et industriel (1911), Jacques Ducom évoque ainsi la caméra Professionnelle type X : "La société Pathé vient de mettre en vente un appareil qu'elle n'employait que pour ses prises de vues personnelles". [...] Cette caméra a-t-elle été réellement conçue au cours de l'année 1905, à peu près au moment où le partenaire de Duval, Ferrand, invente une perforeuse plus performante ?" " (Camille Blot-Wellens et Anne Gourdet-Marès, "Hypothèses sur l'utilisation d'une perforation unique dans les ateliers Pathé (1906-1909)", in Réjane Hamus-Valléen Jacques Malthête, Stéphanie Salmon (dir.), Les mille et un visages de Segundo de Chomon, Paris, Fondation Jérôme Seydoux - Pathé, Presses universitaires du Septentrion, 2019, p. 133-151).

Bibliographie

Camille Blot-Wellens et Anne Gourdet-Marès, "Hypothèses sur l'utilisation d'une perforation unique dans les ateliers Pathé (1906-1909)", in Réjane Hamus-Valléen Jacques Malthête, Stéphanie Salmon (dir.), Les mille et un visages de Segundo de Chomon, Paris, Fondation Jérôme Seydoux - Pathé, Presses universitaires du Septentrion, 2019, p. 133-151.