Catalogue des appareils cinématographiques de la Cinémathèque française et du CNC

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Caméra film 35 mm

N° Inventaire : AP-95-1460

Collection : La Cinémathèque française

Catégorie d'appareil : Prise de vues cinématographiques

Nom du modèle : Chrono négatif Gaumont

Numéro de fabrication : n° 2221

Lieu de fabrication : Paris, France

Année de fabrication : 1912

Fiche détaillée

Type de l'appareil

boîtier en métal gainé de cuir ; entraînement du film 35 mm par deux griffes montées sur lames flexibles ; came excentrique ; un débiteur denté ; deux magasins de 120 mètres ; compteur de pellicule ; compteur d'images ; entraînement image par image pour animation ou sujet à mouvement lent ; viseur à verre dépoli ; obturateur métallique réglable à deux pales ; deux manivelles dont une à poignée pliante ; diaphragme manuel pour fermeture à l'iris, monté en face de l'objectif ; sacoche en cuir et accessoires

Auteurs

Informations non disponibles

Fabricants

Gaumont, Société des Etablissements
Paris, 57 rue Saint-Roch

Utilisateurs

Informations non disponibles

Distributeurs

Gaumont, Société des Etablissements
Paris, 57 rue Saint-Roch

Sujet du modèle

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Objectif

Tessar Zeiss E. Krauss f : 3,5 F : 3,5 cm N° 149478

Taille de l'objet

Ouvert :
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Fermé :
Longueur : 53 cm
Largeur : 13.5 cm
Hauteur : 42 cm

Diamètre :
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Taille de la boîte de transport

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Remarques

Gravé sur la face avant : "Société des Etablissements Gaumont, Paris N° 2221".

Exemplaire de l'opérateur espagnol Francisco Puigvert, né en 1895. Va avec AP-95- 1461. Copie de la caméra anglaise Prestwich que Gaumont utilisait dans ses studios jusqu'en 1912. L'appareil est ici au complet avec tous ses accessoires.

"Appareils pour prise de vues cinématographiques. Notre Chrono à griffes est un modèle tout nouveau, il présente de très nombreux perfectionnements sur l'ancien Chrono série II B. Dans le nouvel appareil, l'entraînement du film est obtenu par deux griffes d'acier très robustes. Ce dispositif, d'une grande douceur, assure une fixité absolue. Les organes d'entraînement ont été réduits à leur plus simple expression, d'où facilité de manipulation et d'entretien. L'obturateur, renfermé dans un carter spécial, est facilement accessible, et l'ouverture en est réglable. Les boîtes magasins, pouvant contenir chacune 120 mètres de pellicule, sont mobiles et interchangeables. Il est loisible à l'opérateur, au cours de la prise de vue, de remplacer les magasins sans risquer de voiler le film impressionné. L'objectif, fixé dans une monture à déplacement hélicoïdal, est de la marque Tessar Krauss ou Héliar Voigtlander, de foyer compris entre 40 mm et 75 mm au choix. Sauf avis contraire, nous prévoyons, en général, l'objectif Héliar Voigtlander de 51 mm de foyer, travaillant à F. 4,5. Le foyer peut être de 150 mm, moyennant supplément. La monture d'objectif est également munie d'un dispositif de décentrement vertical. Deux cadrans indiquent respectivement le nombre d'images et le métrage de film impressionné. La manivelle est à poignée pliante, ce qui en réduit d'autant l'encombrement. Elle est placée sur le côté droit de l'appareil, bien à portée de la main. Une seconde manivelle permet de tourner, image par image, des sujets à mouvement lent, pour des expériences scientifiques par exemple. L'appareil est en outre muni de nombreux accessoires : viseur à verre dépoli, prisme et loupe de mise au point, blaireau, tournevis, etc. Le pied destiné à supporter l'appareil est extrêmement robuste. Il se démonte et se plie facilement. La plate-forme, à déplacement horizontal par vis sans fin et manivelle, peut supporter une seconde plate-forme à décentrement vertical. La plate-forme horizontale est en outre munie d'un dispositif spécial permettant de faire pivoter très rapidement l'appareil. Tout le matériel peut être renfermé dans des sacs de toile renforcés de cuir, très résistants, et munis de poignées et de bretelles en permettant le transport facile. L'appareil a été longuement étudié dans nos Ateliers et employé par nos propres services de prise de vues avant d'être lancé commercialement. Il est donc parfaitement au point, et c'est, dans une certaine mesure, à la perfection de son mécanisme et de ses organes optiques qu'est due la renommée des films édités par nos Etablissements. Chrono négatif Gaumont, nouveau modèle, boîtier gaîné, avec objectif Voigtlander 51 mm ou Tessar Krauss, 40, 50, ou 75 mm, 2 boîtes magasin gaînées, pour 120 m pellicule chaque, 2 manivelles, prix 1100, Poids 7,400 k" (Cinématographie, Société des Etablissements Gaumont, Paris, Gaumont, 1913, p. 49-51).

"C'est par un reportage sur une tragédie qui consterna l'Espagne que Francisco Puigvert fit ses débuts à la caméra. Après deux ans d'expérience dans la maison Gaumont sous la direction de José Gaspar, le jeune homme, qui fit en 1910 ses débuts en qualité d'apprenti avec un salaire de 5 pesetas par semaine, accédait en 1912, à 17 ans, à la catégorie des opérateurs gagnant 600 pesetas par mois. Son premier reportage sérieux fut la captation d'une tragédie qui emplit d'épouvante toute la Péninsule du fait des circonstances dans lesquelles elle s'est déroulée. L'incendie du cinéma "La Luz" à Villareal de los Infantes (région Castellon) coûta la vie à 70 personnes, en plus de faire 200 blessés. Puigvert réussit à filmer les scènes les plus déchirantes qui eurent lieu lors du passage du cortège constitué des 70 cercueils, et une émotion telle secouât le pauvre homme qu'il dut lâcher la manivelle à plusieurs reprises pour joindre ses propres larmes au funeste défilé. Autant dire que le reportage fut un succès public, et le jeune opérateur fut à cette occasion consacré pour toujours expert cameraman. A compter de cette date, aguerri par cette épouvantable tragédie, son travail en tant qu'opérateur ne cessa plus ; aux côtés des vétérans Gaspar, son mentor, Oliver, les frères Banos et d'autres opérateurs spécialisés, il se lance dans toute la Péninsule, enregistrant par ses prises de vues tous les événements dignes d'être filmés. Mais un fait reste de cette vie d'opérateur comme un apport essentiel à la Cinématographie, avec une réussite triomphale qui figure sur sa feuille de service. Il s'agit d'une série de films enregistrés en 1915 à l'Hospital Clinico de Barcelone pour l'éminent spécialiste Don Ignacio Barraquer, malgré de nombreuses contraintes qu'il fallut surmonter pour arriver à leur réalisation. Nous allons voir comme il parvint à surmonter ces obstacles. C'est bien connu, tout se reflète dans les yeux, et pour pouvoir photographier les extractions de cataractes et éviter les reflets produits par le bistouri, le docteur Barraquer avait étudié la question avec les plus prestigieux photographes de Barcelone, sans trouver de solution satisfaisante, jusqu'à consulter Francisco Puigvert. Celui-ci savait que les pièces vitrées nétaient pas idéales ; si l'on éclairait le lit du patient avec des lampes à filament, cela ne marchait pas, même avec un dispositif de voute et une lumière indirecte, puisqu'elle se reflèterait toujours dans l'oeil du malade. Le jeune opérateur, disposé à triompher de cette entreprise, étudia avec soin le sujet, qui pourrait tout aussi bien être l'échec de sa carrière. Après plusieurs jours de réflexion, il se présenta au docteur Barraquer avec une solution : il estimait que pour pouvoir photographier l'oeil et le bistouri sans reflets, il fallait construire dans l'hôpital une espèce de tente en fine toile blanche mate qui couvrirait jusqu'au sol, en espérant qu'on obtiendrait ainsi une luminosité parfaite, sans reflets. Le docteur Barraquer accepta cette idée, le chargeant de commencer la construction du dispositif sans toutefois avancer les frais, attendant de voir si le résultat était satisfaisant. Une fois l'installation au point, le fameux spécialiste en ophtalmologie invita Puigvert à assister à plusieurs opérations d'extraction de cataractes, pour deux raisons : la première, pour voir si le cameraman était assez fort pour assister à ces opérations sans faire de malaise, et la deuxième, pour que celui-ci puisse définir le meilleur emplacement pour la caméra et toutes autres considérations qu'il jugerait nécessaires. Il résultat de ces préparatifs un succès complet pour le docteur Barraquer qui vit son projet réalisé, et un triomphe et une satisfaction personnelle pour Francisco Puigvert, qui par sa modeste collaboration avait rendu un grand service à la science, afin que les étudiants en médecine puissent voir sur les écrans le déroulement des différentes phases par lesquelles passent les opérations d'extraction de cataractes. Ces films ne furent pas seulement projetés en Espagne, mais aussi au Congrès mondial d'ophtalmologie se tenant à Paris, où ils furent présentés par le docteur Barraquer, suscitant l'admiration des éminents spécialistes pour la perfection de la photographie. L'enthousiasme des congressistes fut tel, que plusieurs se rendirent à la maison mère L. Gaumont à Paris, pour demander des renseignements pour pouvoir filmer ainsi sans reflets. La maison Gaumont transmit à Puigvert ses félicitations pour le travail accompli. En recompense pour ses bons et loyaux services, la maison Gaumont le nomma, en 1920, directeur de sa succursale de Madrid, la plus importante d'Espagne après Barcelone, en remplacement de Luis Berini. Il resta à ce poste jusqu'à la dissolution des succursales, et devint propriétaire de celle de Madrid au sein de laquelle il poursuivit sa carrière au titre de producteur et montreur de films avec panache, place bien méritée, avec des deniers en banque et deux petits enfants" (Juan Antonio Cabero, Historia de la cinematografia espanola, Madrid, 1949, p. 109-111).

Bibliographie

Cinématographie Gaumont, Société des Etablissements Gaumont, Paris, 1913, pp. 49-51.

Juan Antonio Cabero, Historia de la cinematografia espanola, Madrid, 1949, p. 109-111.