Kubrick et le web

Jeux typographiques

"It's Futura Extra Bold," explains Tony. "It was Stanley's favourite typeface. It's sans serif. He liked Helvetica and Univers, too. Clean and elegant."
"Is this the kind of thing you and Kubrick used to discuss?" I ask.
"God, yes," says Tony. "Sometimes late into the night. I was always trying to persuade him to turn away from them. But he was wedded to his sans serifs."

— Jon Ronson, "Citizen Kubrick", The Guardian, 27 mars 2004

Pointilleux, soucieux du marketing développé autour de ses films, Stanley Kubrick était amateur de polices. Amoureux de la Futura Extra Bold pour ses affiches et bandes-annonces, il n'hésita toutefois pas à s'aventurer dans des contrées typographiques plus audacieuses. En témoignent ses collaborations avec Saul Bass (le générique de Spartacus, l'affiche de Shining) ou la typo bâton de Dr Folamour, follement moderne à l'époque.

Pas étonnant donc que l'on retrouve cet amour de la typo dans les hommages rendus à Kubrick sur le web. Pour quelques citations littérales (les typos du Moloko Vellocet ou de Dr Folamour réemployées à l'identique) et analogies (l'utilisation de polices soviétisantes pour une réinterprétation de Dr Folamour), nombre des artistes privilégient surtout un tout-typo de leur cru. Alex DeLarge redessiné avec les titres de la filmographie de Kubrick, les paroles des chants militaires de Full Metal Jacket réincarnés en fusil d'assaut, Les sentiers de la gloire tracés en typo, un monolithe croqué en Arial : les mots ont ici autant d'importance que l'image. Des mots bien rangés, bien peignés, pour souligner la majesté de certaines voix off (Barry Lyndon ou Orange mécanique). Des mots emberlificotés, pour mettre en avant le dérèglement du langage à l'œuvre dans Dr Folamour ou 2001.

Mais c'est surtout le trauma du célèbre "All work and no play make Jack a dull boy" de Shining qui transpire ici, comme si la logorrhée de Jack Torrance avait contaminé une majorité de ces réinterprétations. Abondance de mots, cascade de typos chamboulées, feuilles blanches recouvertes de milliers de mots : à l'inverse des posters minimalistes, ces jeux typographiques racontent la folie qui hante les films de Kubrick avec exubérance.

L'icône Kubrick

Crossovers

Color Me Kubrick

Second Life

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