Catalogue des appareils cinématographiques de la Cinémathèque française et du CNC

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Machine à découper les films 35 mm au pochoir

N° Inventaire : AP-95-1785

Collection : La Cinémathèque française

Catégorie d'appareil : Matériel de laboratoire

Nom du modèle : Pathécolor

Lieu de fabrication : Paris, France

Année de fabrication : À partir de 1910

Brevet : Jean Méry, B.F. n° 373 502 déposé le 14 janvier 1907, délivré le 19 mars 1907, "Système de découpage des patrons ou pochoirs ... +

Fiche détaillée

Type de l'appareil

entraînement manuel du film 35 mm par griffes, débiteurs dentés et manivelle ; pantographe réducteur et stylet vibrant électrique permettant 100 ou 200 perforations par seconde ; électro-aimant ; table en bois avec écran de verre ; lampe d'éclairage pour la projection du film sur verre dépoli ; lanterne intérieure avec lampe électrique, condensateur et objectif ; trois interrupteurs

Auteurs

Méry Jean
Paris

Fabricants

Pierre Victor Continsouza
Paris, 9 rue des Envierges

Etablissements Pierre Victor Continsouza
Paris, 403 rue des Pyrénées

Utilisateurs

Méry Jean
Paris

Distributeurs

Informations non disponibles

Sujet du modèle

Informations non disponibles

Objectif

absent (2, 5 cm Ø)

Taille de l'objet

Ouvert :
Informations non disponibles

Fermé :
Longueur : 75 cm
Largeur : 85 cm
Hauteur : 125 cm

Diamètre :
Informations non disponibles

Taille de la boîte de transport

Informations non disponibles

Remarques

Dans le domaine du film peint des débuts du cinéma, c'est l'ingénieur français Jean Méry qui a probablement apporté la solution la plus parfaite avec son système breveté le 15 janvier 1907 (découpage des pochoirs) et le 28 février 1908 (machine à colorier : mise en couleurs d'après pochoirs découpés mécaniquement). Les services techniques de Pathé tentent en 1906 de mécaniser le procédé de la peinture sur film (brevet n° 380 889, 22 octobre 1906) en concevant une machine reproduisant exactement les mouvements accomplis par les mains de l'ouvrière, et assurant un bon repérage des images, pochoir et copie. Mais à la mise en service, des difficultés apparaissent : le repérage du pochoir sur la copie laisse à désirer ; les pochoirs possèdent un retrait dû à leur manipulation (dégélatine par bain d'eau de javel, puis lavage et séchage). Les systèmes de Jean Méry offrent plus de précision. Tout d'abord, c'est désormais un pantographe électrique qui permet la découpe très précise des pochoirs. Une pointe en acier très fine perce la pellicule comme le ferait une minuscule scie. Ce mode de découpage est rapide et précis. Il permet de raffiner le coloriage des films en exécutant des pochoirs minuscules pour la mise en couleurs de petits détails. L'opératrice suit à l'aide d'un stylet émoussé les contours de la partie de l'image à évider sur un écran dépoli horizontal qui reçoit la projection agrandie de chaque image du film. Le film chemine image par image grâce à une manivelle actionnée par l'ouvrière. Dès que la pointe du style touche le verre dépoli, la pointe coupante, reliée par le système pantographique, entre en mouvement vibratoire. L'outil de découpe est une pointe conique perforant la pellicule par un mouvement de vibration verticale extrêmement rapide, grâce à un électro-aimant de 100 cycles/seconde. En janvier 1910 (brevet n° 422 640, 25 janvier 1910), le procédé de découpe est perfectionné et la pointe peut alors atteindre 200 perforations par seconde. Pathé passe contrat avec Jean Méry, le 12 juin 1908, pour l'utilisation de ses machines. Il y aura deux modèles : l'un à découpe par projection, l'autre à découpe directe. Le coloriage mécanique sera toutefois abandonné par Pathé en 1928 en raison du déficit croissant de cette branche à Vincennes.

"Le procédé Pathécolor [...] est mis en oeuvre, non pas seulement sur des films blanc et noir, mais aussi bien sur des films virés en différentes teintes. La combinaison de ces deux moyens : virage et coloris, met à notre disposition des ressources infiniment variées. [...] La machine à découper par agrandissement ou par projection paraît plus compliquée. L'ouvrière se guide sur l'image projetée d'un film pour découper un autre film. La projection du film-guide sur le verre dépoli est obtenue par un système optique. Il est indispensable que le film-guide et le film à découper soient rigoureusement identiques. On s'assure de cette identité en vérifiant spécialement les deux films avant l'opération ; superposés, ces deux films doivent coïncider rigoureusement en tous points. Pour la découpe, l'ouvrière suit les contours de l'image avec une simple pointe sur un verre dépoli. Dès que cette pointe-guide touche le verre dépoli, la pointe coupante entre en mouvement vibratoire. Le mouvement de la pointe-guide est transmis par un système pantographique, à la pointe coupante qui opère sur le film. Dans les deux genres de machine, la découpe se fait image par image, le film cheminant d'une image par un levier, à la volonté de l'ouvrière. L'éclairage de la machine à découper a été un problème délicat. Il faut une lumière qui ne fatigue pas les yeux. [...] Les ateliers du coloris sont aujourd'hui éclairés par des lampes spéciales donnant, par l'interposition d'écrans colorés bleu très clair, une teinte assez voisine de la lumière du jour. [...] L'apprentissage de la découpe, qui est toujours très long, ménage quelques désillusions aux meilleures volontés. Une ouvrière exercée arrive à peine à effectuer la découpe d'un mètre de pochoir à l'heure. [...] Si la découpe a été bien faite, il suffit d'appuyer très légèrement un instrument pointu pour que la découpure se détache immédiatement. S'il n'en est pas ainsi et s'il reste un point de contact résistant, il suffit d'un petit coup de pointe donné à la main pour détacher la découpure. C'est un peu la retouche du pochoir. [...] Je ne sais si vous voyez quel véritable morceau de dentelle représente un pochoir. Il y a quelquefois des tableaux où la couleur est à distribuer dans beaucoup de petits espaces. Dans d'autres cas, il y a toute une région destinée à la même couleur. Le pochoir est devenu objet fragile et précieux, il faut le débarrasser de son image. Il sera dégélatiné sans frottement, le moindre heurt provoquerait la déchirure fatale. Il ne faut pas non plus qu'il subisse une modification dans la longueur [...]. Le dégélatinage en solution convenablement hypochloritée est le meilleur procédé. De grandes précautions sont également à prendre pour le rinçage et le séchage des pochoirs. Après ce pochoir, il reste à apposer la teinte. [...] Cette opération de la mise en couleur comporte un certain aléa. Des malfaçons peuvent se produire quand l'ouvrière n'est pas très adroite [...]. Le film n'est jamais perdu. Les teintes, en effet, sont solubles dans l'eau et le film, lavé quelques minutes, redevient noir et blanc. Pour les corrections de détail, il existe un Service de retouche" (Louis Didiée, "La méthode de coloris Pathécolor", Bulletin de la Société française de photographie, n° 7, juillet 1925, p. 150-160).

"Le brevet Méry 373 502 (14 janvier 1907) avait trait à une machine à découper les pochoirs de grande précision, basée sur l'application du pantographe qui a pour but de suivre les contours de la partie de l'image à découper sur une projection agrandie du film au moyen d'une pointe mousse, tandis que l'outil à découper décrit une figure homothétique sur l'image du film à découper qui donnera naissance au pochoir ; cet outil est prévu sous la forme d'une pointe conique animée d'un mouvement alternatif vertical extrêmement rapide. Le film projeté et le film à découper sont entraînés chacun par un mécanisme à griffes exactement repéré dans l'espace (par la suite on utilisera le dispositif de repérage à griffe extensible latéralement). Méry modifiera quelque peu son invention première en actionnant l'outil de découpage par un électro-aimant à la fréquence de 100 cs. Ce dispositif fut breveté par Pathé le 25 janvier 1910 sous le n° 422 640. C'est donc à partir de cette date que le découpage mécanique du pochoir fut industrialisé" (J. Marette, "Les procédés de coloriage mécanique des films", Bulletin de l'AFITEC, n° 7, 1950, p. 3-8).


Bibliographie

Louis Didiée, "La méthode de coloris Pathécolor", Bulletin de la Société française de photographie, n° 7, juillet 1925, p. 150-160.

J. Marette, "Les procédés de coloriage mécanique des films", Bulletin de l'AFITEC, n° 7, 1950, p. 3-8.

[Louis Didiée], Le film vierge Pathé, manuel de développement et de tirage, Paris, Pathé-Cinéma, 1926.