Chantal Akerman

La Captive

1999

De la comédie musicale au documentaire, l'œuvre de Chantal Akerman (née en 1950) se distingue par une variété de styles, de tons et de partis-pris formels. En 1999, la cinéaste belge puise son inspiration dans la littérature : La Captive est une libre adaptation de La Prisonnière de Marcel Proust (1).

Chantal Akerman porte à l'écran l'histoire d'un amour obsessionnel. Simon (Stanislas Merhar) veut tout connaître d'Ariane (Sylvie Testud). Il l'interroge constamment, la suit, l'épie, la fait accompagner dans ses sorties par son amie Andrée (Olivia Bonamy). L'éventuelle attirance d'Ariane pour les femmes nourrit la quête tourmentée de Simon.

Ce besoin de percer le secret de l'autre et les filatures qui en résultent font écho à l'intrigue de Vertigo (Sueurs froides) d'Alfred Hitchcock. À l'instar de Scottie (James Stewart), Simon suit Ariane dans un musée et l'observe en train de contempler une œuvre d'art. La coiffure de la Femme slave d'Auguste Rodin (1906) évoque le chignon de Madeleine (Kim Novak) et de Carlotta, le personnage du tableau, dans le film d'Hitchcock.

C'est autour de cette sculpture de Rodin que la blonde Ariane et la brune Andrée se retrouvent, comme pour illustrer les propos tenus par le sculpteur : "Parmi tant d'expressions d'humanité, pleines de vie, c'est-à-dire de caractère et de beauté qu'il m'a été donné d'admirer, il en est deux surtout avec lesquelles j'ai longtemps travaillé, et qu'il me semble revoir toujours : [...] l'une brune, l'autre blonde [...], toutes deux la perfection de natures absolument opposées." (2)

(1) La Prisonnière est le cinquième tome du roman À la recherche du temps perdu.

(2) In Entretiens avec Rodin, François Dujardin-Beaumetz (Paris, Éditions du Musée Rodin, 1992), p. 63.

Vertigo
Alfred Hitchcock - Vertigo - 1958
Vertigo
Alfred Hitchcock - Vertigo - 1958
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Alfred Hitchcock - Vertigo - 1958
Vertigo
Alfred Hitchcock - Vertigo - 1958
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