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Jacques Demy et le Merveilleux

Crédits

Web documentaire réalisé à l’occasion de l’exposition « Le Monde enchanté de Jacques Demy » conçue et présentée par la Cinémathèque française – Musée du cinéma, en partenariat avec Ciné-Tamaris, à Paris du 10 avril au 4 août 2013.


Direction éditoriale
Cécile Dubost
Coordination du projet et sélection iconographique
Bertrand Keraël
Textes
Gaël Lépingle
Voix française
Grégoire Leprince-Ringuet
(Enregistré au studio Scopitone, Paris)
Voix anglaise
David Gasman
Prises de vue, prise de son, montage et extraits
Cécile Dubost, Olivier Gonord, Bertrand Keraël, Frédéric Rousselot, Fred Savioz
Prises de vues de la « peau d’âne »
Stéphane Dabrowski
Traduction anglaise
John Tyler Tuttle
Gestion des droits
Catherine Hulin, Aurélia Thyreau
Conception et réalisation
WAMI Concept et La Blogothèque
Direction artistique et graphisme
Simon Dupont-Gellert et Clémence Brunet
La Cinémathèque remercie tout particulièrement
Rosalie Varda, Agnès Varda, Mathieu Demy, Fanny Lautissier (Ciné-Tamaris), Agostino Pace, Hector Pascual, Sylvie Richard et Bernadette Gazzola-Dirrix (INA), Nathalie Chevalier (Atelier MBV), Prunelle Blanc.
Ainsi que pour leur aimable concours
Béatrice Abonyi, Alban Agnoux, Nathalie Bourgeois, Charlyne Carrère, Xavier Jamet, Ghislaine Lassiaz, Matthieu Orléan, Sylvie Vallon, ainsi que l’ensemble des équipes de la Cinémathèque française qui ont participé à la réalisation de ce projet.

Crédits

Sauf mention contraire, les images proviennent de Ciné-Tamaris.


Page d’accueil
Les Demoiselles de Rochefort – Tournage
Hélène Jeanbrau © 1996 Ciné-Tamaris
Jacques Demy et le Merveilleux
Château-Bougon : interview Jacques Demy, 23 décembre 1970
© INA
Il était une fois
Jacquot de Nantes, Agnès Varda, 1990
© 1990 Ciné-Tamaris
Le Pont de Mauves, Jacques Demy, 1944 - Film
© Succession Demy
Attaque nocturne, Jacques Demy, 1948 - Film
© Succession Demy
Jacquot de Nantes d’Agnès Varda, 1990 - Extrait
© 1990 Ciné Tamaris
Les Demoiselles de Rochefort, Jacques Demy, 1966 - Extrait
© 1996 Ciné Tamaris
Il faut croire à ses rêves
Peau d’Âne, Jacques Demy, 1970
Michel Lavoix © 2003 Succession Demy
Lola, Jacques Demy, 1960
© Agnès Varda
Les Parapluies de Cherbourg, Jacques Demy, 1963
Leo Weisse © 1993 Ciné-Tamaris
Ne s’étonner de rien
L’Événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la Lune, Jacques Demy, 1973
Michel Lavoix © 1996 Ciné-Tamaris
L’Événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la Lune, Jacques Demy, 1973
Michel Lavoix © 1996 Ciné-Tamaris, coll. Cinémathèque française
L’Événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la Lune, Jacques Demy, 1973
© 1996 Ciné Tamaris
Le chant / Un Merveilleux « banal »
Catherine Deneuve et J Demy : « Peau d’Âne », 2 janvier 1971
© INA
Les Demoiselles de Rochefort, Jacques Demy, 1966 - Extrait
© 1996 Ciné Tamaris
Les Parapluies de Cherbourg, Jacques Demy, 1963 - Extrait
© 1993 Ciné Tamaris
[+] Peau d’Âne, Jacques Demy, 1970 - Extrait
© 2003 Succession Demy
Passages
Une Chambre en ville, Jacques Demy, 1982 - Tournage
© Jean-Pierre Berthomé
Les Demoiselles de Rochefort, Jacques Demy, 1966 (x2)
Hélène Jeanbrau © 1996 Ciné-Tamaris
Les Demoiselles de Rochefort, Jacques Demy, 1966 - Tournage
Hélène Jeanbrau © 1996 Ciné-Tamaris, coll. Cinémathèque française
Parking, Jacques Demy, 1985 - Extrait
© 2012 Ciné Tamaris
Menaces
Une chambre en ville, Jacques Demy, 1982
Moune Jamet © 2008 Ciné-Tamaris
Les Parapluies de Cherbourg, Jacques Demy, 1963
Leo Weisse © 1993 Ciné-Tamaris
Le Joueur de flûte, Jacques Demy, 1971
Michael Joseph © 1971-Sagittarius Productions Inc.
Les Parapluies de Cherbourg, Jacques Demy, 1963
Leo Weisse © 1993 Ciné-Tamaris
Travestissements
Les Demoiselles de Rochefort, Jacques Demy, 1966
Hélène Jeanbrau © 1996 Ciné-Tamaris
Lola, Jacques Demy, 1960
© Agnès Varda
Peau d’Âne, Jacques Demy, 1970 (x2)
Michel Lavoix © 2003 Succession Demy
La Baie des anges, Jacques Demy, 1962
© Agnès Varda
Lady Oscar, Jacques Demy, 1978
Michèle Laurent-Bouder © 1979-Filmlink International
Le noir sous le rose
Une chambre en ville, Jacques Demy, 1982
Moune Jamet © 2008 Ciné-Tamaris

Jeune public
Il était une fois un conte
Peau d’Âne - Six plaques de verre de type Lapierre [sd]
Peau d’Âne - Douze plaques de verre de type Lapierre [sd]
Chercher l’erreur
Peau d’Âne, Jacques Demy, 1970 (x4)
Michel Lavoix © 2003 Succession Demy
Le cinéma, c’est de la Magie
Jacquot de Nantes d’Agnès Varda, 1990 - Extrait
© 1990 Ciné Tamaris
Attaque nocturne, Jacques Demy, 1948 - Film
© Succession Demy
Peau d’Âne, Jacques Demy, 1970 - Extrait
© 2003 Succession Demy

Nous contacter

Ressources

Fiche biographique de Jacques Demy
Jacques Demy dans les collections de la Cinémathèque française
Jacques Demy à l’INA
Contenu du webdocumentaire
Webdocumentaire au format pdf : Français English
Jacques Demy et le Merveilleux au format mp3 : Français English
Peau d'Âne et le Merveilleux au format mp3 : Français English
Le Monde enchanté de Jacques Demy
Matthieu Orléan, Alban Agnoux, Rosalie Varda-Demy
Skira-Flammarion, 2013
Jacques Demy
Olivier Père, Marie Colmant
La Martinière, 2010
Chansons et textes chantés
Jacques Demy
Léo Scheer, 2004
Cahier de notes sur…Peau d’Âne de Jacques Demy
Alain Philippon
Les Enfants de cinéma, 2001
Les Demoiselles de Rochefort
Michel Marie
Les Enfants de cinéma, [sd]
Le cinéma enchanté de Jacques Demy
Camille Taboulay
Cahiers du cinéma, 1996
Les Parapluies de Cherbourg, étude critique
Jean-Pierre Berthomé
Nathan, 1995
Jacques Demy et les racines du rêve
Jean-Pierre Berthomé
L’Atalante, 1996
Les Demoiselles de Rochefort (texte du film)
Jacques Demy
Solar, 1967
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« Ma vie est une longue enfance », chantaient les demoiselles de Rochefort dans une version de travail de leur célèbre chanson. C’est ce que Jacques Demy pensait aussi de la sienne. Son émerveillement devant les spectacles de marionnettes où l’emmenait sa mère ; sa vocation, très jeune, du cinéma vu comme un rêve ou un jouet magique… Pour le petit « Jacquot de Nantes », tout part de l’enfance et son art contribue à la prolonger. Dans le grenier familial aménagé en « studio », il peint des histoires sur des bandes de celluloïd, il fait aussi tourner une petite caméra amateur image par image pour animer ses personnages en carton. Seul et comme un artisan, il s’invente des mondes, modèles réduits des fantaisies à venir.

Le pont de Mauves (1944)

Attaque nocturne (1948)

+

Demy voulait faire revenir ses personnages d’un film à l’autre, rêvant ainsi d’un monde vraiment merveilleux puisque régi par ses propres lois. Ainsi Lola / Anouk Aimée, abandonnée dans le film qui porte son nom, réapparaîtra dans Model Shop ; Roland Cassard / Marc Michel évoque aussi Lola dans Les Parapluies de Cherbourg : « Autrefois j’ai aimé une femme, elle ne m’aimait pas, on l’appelait Lola. » Et si l’emploi du temps de Nino Castelnuovo (Guy dans Les Parapluies) n’a pas permis qu’il incarne Bill, le forain des Demoiselles de Rochefort, c’était pourtant l’intention de départ. Demy a dû souvent renoncer à des continuités de destin, même si des allusions persistent, comme un souvenir ou une trace de l’idée : dans Model Shop toujours, Lola raconte que son amour l’a quittée pour une joueuse, la Jackie de… La Baie des anges

Devenu grand, Demy aimera le plan-séquence dont la durée aide à croire à un monde sans coutures… Il imaginera faire revenir personnages et acteurs de film en film, rêvant ainsi son œuvre comme un village et un monde, une grande fiction ininterrompue, sans cesse traversée d’influences et de retours. Il tournera dans la rue mais, en peintre de la réalité, interviendra aussi sur le motif : les grands aplats de couleurs sur les façades des maisons de Rochefort, le macadam lissé exprès pour la danse de Gene Kelly… Le Merveilleux, du latin mirabilia (« choses étonnantes, admirables »), répond à un besoin intime de transfigurer la réalité : pour s’en protéger sans doute et pour lui substituer un monde désirable.

« Un vrai conte de fées ! », s’exclame l’un des personnages de Lola. Et pourquoi pas ? Tout peut toujours arriver, il suffit de croire : à sa chance, au pouvoir magique de la musique, aux fées, en l’amour. Telles des Belles au Bois dormant, les héroïnes de Lola et des Parapluies de Cherbourg attendent le retour de leur prince charmant. Comme Delphine des Demoiselles qui croit à la prédestination des êtres, espère une rencontre amoureuse dans les rues de Rochefort et que tout finisse bien. Ou comme Peau d’Âne qui chante : « Si un prince charmant ne vient pas m’enlever, je fais ici serment que j’irai le trouver moi-même. »

+

Il faut croire aux hasards ou au destin. Hasard ou destin ? Les deux sans doute, tant persiste la croyance en l’amour comme rencontre de deux moitiés longtemps séparées. Ainsi, le peintre peint son amour féminin idéal, sans savoir qu’elle vit à Rochefort. L’un et l’autre chantent déjà la même chanson, la mélodie du bonheur, comme par anticipation. Ou c’est le prince et Peau d’Âne – joués par les deux mêmes acteurs – qui connaissent sans se connaître une même chanson (Amour, je t’aime tant), signe qu’une rencontre n’attend pour se réaliser que le coup de dés du hasard, le coup de pouce d’une fée... ou le coup de baguette magique du cinéma.

Croire, c’est aussi ne s’étonner de rien.
Ni de se retrouver en enfer, ni qu’un âne donne de l’or comme une machine à sous. Il n’y a pas à s’étonner non plus que les personnages chantent pour se parler.
Pas plus qu’un homme puisse tomber
« enceint » ; son médecin lui dira tout au plus que « ce n’est pas grave, c’est déroutant ».

Ce qui paraît extraordinaire ne doit pas étonner plus que de raison… Dans l’univers du Merveilleux, tout se justifie d’autant mieux qu’on n’est pas obligé de donner trop d’explications. Même si l’entourage reste parfois incrédule ou critique…

Le chant / Un merveilleux banal

Ne s’étonner de rien… Il arrive qu’on parle en alexandrins comme si de rien n’était. Comme la danse qui vient naturellement en marchant, le chant ne crée pas de rupture. Les comédies musicales hollywoodiennes en faisaient un « numéro », un moment à part et remarquable. Selon Demy, le chant s’intègre davantage à la vie et aux situations quotidiennes, jusqu’à en devenir le langage même. D’autant que la musique de Michel Legrand est proche du rythme du langage parlé, de la respiration humaine. Étonnant Merveilleux que celui qui accède à une certaine forme de réalisme.

Bonus
+

La mise en scène n’oblige pas les personnages à un lyrisme à nu, comme dans un espace vide, mais leur invente en même temps des activités concrètes. Ainsi, Geneviève et sa mère « discutent » dans leur boutique de parapluies pendant que l’une arrange un bouquet de fleurs et l’autre prépare à manger. Ainsi Peau d’Âne, tantôt souillon tantôt princesse, casse des œufs et prépare, en chantant la recette, la pâte de son cake d’amour.

Le Merveilleux suppose un passage, une passerelle entre deux mondes, à l’image du pont transbordeur qui paraît au générique d’Une chambre en ville et transporte les forains au début des Demoiselles de Rochefort. Mieux qu’un pont routier, trop prosaïque, le pont transbordeur déplace ses passagers dans les airs, comme suspendus et volants. Les forains, qui entrent à Rochefort au début du film et en partent à la fin, signent l’intrusion du Merveilleux dans le monde de tous les jours : ils apportent chansons, danses et couleurs à un quotidien morne. Le Merveilleux se rêve comme une vie alternative.

Chaque fois, c’est un franchissement qui permet l’accès au Merveilleux, qu’il soit multicolore ou bicolore comme le royaume des morts.

S’il crée un espace à part et protégé, le Merveilleux ne met pas tout le temps à l’abri du malheur, et parfois le monde que l’on dit réel fait d’autant plus son retour qu’il a été tenu à distance : la guerre d’Algérie qui sépare ceux qui s’aiment dans Les Parapluies de Cherbourg, la présence insistante de la guerre du Vietnam dans Model Shop, les grèves et affrontements d’Une chambre en ville ou la nouvelle, soudain, à la page des faits divers d’une femme coupée en morceaux…
Cela tient parfois à un nuage dans un ciel bleu, à une humeur, pour que le rêve se ternisse et que la fête vire à la mascarade. C’est Geneviève, refusant de se mêler au Carnaval dans les rues de Cherbourg : « Je trouve ces gens ridicules. » C’est la neige qui tombe à la fin des Parapluies et recouvre d’un linceul le beau décor d’un amour mort. Triste fête.

La menace ne vient pas toujours de l’extérieur, mais du Merveilleux lui-même dans lequel vivent (s’enferment) certains personnages, victimes de rêves d’amour préfabriqués, construits jusqu’au factice : perruques des sœurs jumelles, cheveux décolorés du peintre dans Les Demoiselles de Rochefort et de Jackie de La Baie des anges, vantardise de Lola : « j’ai lavé mes cheveux, on dirait de la soie. » Atours merveilleux ou signaux clinquants ? Les signes de la féminité s’exhibent, s’exacerbent, et du déguisement ou de la parure (costumes de scène de Lola et des demoiselles, tenues atmosphériques de Peau d’Âne), on passe au travestissement : paillettes, fards, boa en plume et rouge à lèvres criard.

Parfois, le bel uniforme vampirise l’être tout entier : le vison de Geneviève, à la fin des Parapluies, l’emprisonne dans son nouveau statut de femme mariée et entretenue. Édith saura en détourner l’usage dans Une chambre en ville, faisant le trottoir, nue sous son manteau de fourrure. Et la peau d’âne mort dont se couvre la princesse deviendra robe étincelante à la cour.

La menace ne vient pas toujours de l’extérieur, mais du Merveilleux lui-même dans lequel vivent (s’enferment) certains personnages, victimes de rêves d’amour préfabriqués, construits jusqu’au factice : perruques des sœurs jumelles, cheveux décolorés du peintre dans Les Demoiselles de Rochefort et de Jackie de La Baie des anges, vantardise de Lola : « j’ai lavé mes cheveux, on dirait de la soie. » Atours merveilleux ou signaux clinquants ? Les signes de la féminité s’exhibent, s’exacerbent, et du déguisement ou de la parure (costumes de scène de Lola et des demoiselles, tenues atmosphériques de Peau d’Âne), on passe au travestissement : paillettes, fards, boa en plume et rouge à lèvres criard.

Parfois, le bel uniforme vampirise l’être tout entier : le vison de Geneviève, à la fin des Parapluies, l’emprisonne dans son nouveau statut de femme mariée et entretenue. Édith saura en détourner l’usage dans Une chambre en ville, faisant le trottoir, nue sous son manteau de fourrure. Et la peau d’âne mort dont se couvre la princesse deviendra robe étincelante à la cour.

La menace ne vient pas toujours de l’extérieur, mais du Merveilleux lui-même dans lequel vivent (s’enferment) certains personnages, victimes de rêves d’amour préfabriqués, construits jusqu’au factice : perruques des sœurs jumelles, cheveux décolorés du peintre dans Les Demoiselles de Rochefort et de Jackie de La Baie des anges, vantardise de Lola : « j’ai lavé mes cheveux, on dirait de la soie. » Atours merveilleux ou signaux clinquants ? Les signes de la féminité s’exhibent, s’exacerbent, et du déguisement ou de la parure (costumes de scène de Lola et des demoiselles, tenues atmosphériques de Peau d’Âne), on passe au travestissement : paillettes, fards, boa en plume et rouge à lèvres criard.

Parfois, le bel uniforme vampirise l’être tout entier : le vison de Geneviève, à la fin des Parapluies, l’emprisonne dans son nouveau statut de femme mariée et entretenue. Édith saura en détourner l’usage dans Une chambre en ville, faisant le trottoir, nue sous son manteau de fourrure. Et la peau d’âne mort dont se couvre la princesse deviendra robe étincelante à la cour.

Le noir sous le rose

Les premières versions des scénarios écrits par Demy frappent par leur noirceur, progressivement édulcorée ou recouverte par les réécritures successives. Une des toutes premières versions des Demoiselles de Rochefort imaginait le peintre écrasé par le camion des forains. Le royaume de Peau d’Âne devait être peuplé de pendus, squelettes et pestiférés errants. Et Guy devait revenir dans Les Demoiselles, ayant fermé son garage suite à la mort de sa femme.

Les premières versions des chansons sont elles aussi plus crues. Celle du peintre dans Les Demoiselles faisait éclater une sensualité débordante : « Les anges de la nuit, sortilèges du songe / Couronnés de soleil inonderont ses seins / De sa bouche le sang éclatera les lèvres / Où le désir pulpeux jaillira nuitamment ». Et celle de Peau d’Âne : « Attendras-tu que je sois morte / D’avoir vécu de l’air du temps » renvoie à la bouleversante confession de Geneviève dans les Parapluies : « Moi qui serais morte pour lui, pourquoi ne suis-je pas morte ? »

Une chambre en ville assume cette noirceur et l’expose : une mort violente, deux suicides, des couleurs criardes et sales… Toute l’esthétique du film retourne le Merveilleux – souvent si coloré – des films de Demy pour en dire sans masque la noirceur obligée. Comme dans les contes, certes souvent naïfs et plaisants, mais menaçants aussi, pour produire un effet durable sur l’enfant qui deviendra spectateur.