Catalogue des appareils cinématographiques de la Cinémathèque française et du CNC

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Folioscope

N° Inventaire : AP-95-1762

Collection : La Cinémathèque française

Catégorie d'appareil : Visionnement du mouvement

Nom du modèle : Kinora Casler - Lumière

Lieu de fabrication : Paris, France

Année de fabrication : 1900

Brevet : Louis Lumière, B.F. n° 259 515, 10 septembre 1896 : "Appareil de vision directe des épreuves chronophotographiques dit Kinora... +

Fiche détaillée

Type de l'appareil

boîtier en bois avec porte et abat-jour ; mécanisme intérieur à moteur à ressort pour entraîner des vues successives sur papier montées sur un axe métallique, défilant grâce à un moteur à ressort sous un objectif grossissant ; petite lame métallique pour feuilleter les vues ; ampoule électrique pour éclairer la vue ; fenêtre en verre pour éclairer la vue

Auteurs

Lumière Louis
Lyon-Monplaisir, 21 rue Saint-Victor

Fabricants

Gaumont et Cie, Société L.
Paris, 57 rue Saint-Roch

Utilisateurs

Lumière Louis
Lyon-Monplaisir, 21 rue Saint-Victor

Distributeurs

Gaumont et Cie, Société L.
Paris, 57 rue Saint-Roch

Sujet du modèle

Informations non disponibles

Objectif

rectangulaire 3 x 6,5 cm

Taille de l'objet

Ouvert :
Informations non disponibles

Fermé :
Longueur : 13.2 cm
Largeur : 20 cm
Hauteur : 24.5 cm

Diamètre :
Informations non disponibles

Taille de la boîte de transport

Informations non disponibles

Remarques

"Le Kinora, maniable, portatif, élégant bibelot de salon au premier chef, se compose d'une boîte de forme parallélipipédique, présentant sur sa face un oculaire muni d'un abat-jour, et sur son côté droit une fenêtre rectangulaire. En appuyant le front contre l'abat-jour, on isole les yeux de la lumière ambiante, et si la petite fenêtre de l'appareil est en ce moment tournée vers une source de lumière quelconque, on voit très nettement éclairé le fond du Kinora. [...] Nous nous tenons à la disposition de nos clients pour leur fournir, pour le prix de 125 francs, leur portrait animé dans un Kinora, à condition qu'ils viennent poser à Paris, chez un des plus grands photographes de Paris, que nous leur indiquerons (de 10 heurs à midi, excepté en cas de mauvais temps). Nous pouvons fournir pour le prix de 50 francs le Kinora seul, modèle automatique, et pour le prix de 15 francs un roulueau de vues animées éditées couramment. Si l'on désire d'autres vues des collections Lumière, Elgé ou de bandes cinématographiques de 35 mm que l'on a prises soi-même, nous pouvons les fournir au prix de 20 francs le rouleau" ("Le Kinora", La Mise au Point, n° 6, mai 1900, p. 1).

"Dès que le cinématographe eut fait son apparition, on chercha tous les moyens possibles de faire la synthèse du mouvement par des procédés plus simples et plus à la portée de tous que la lanterne à projection. [...] Nous avons déjà décrit le mutoscope, très répandu aujourd'hui [...] : le kinora en est par le fait une réduction, il est basé sur le même principe. Les images, tirées sur papier, sont empilées les unes sur les autres et fixées par un de leur côté sur un axe horizontal monté dans une boîte. Sur la paroi supérieure de celle-ci on a pratiqué une ouverture où l'on applique les yeux ; sur l'un des côtés une autre ouverture qui éclaire l'intérieur de la boîte. Les images viennent se présenter successivement en face et parallèlement à la première ouverture, elles sont éclairées par la seconde. Quand toutes les images occupent dans la boîte la partie opposée à cette fenêtre, le cylindre, sollicité par un ressort qu'actionne un train d'engrenages, tend à les faire passer dans la position inverse ; mais elles sont retenues par un doigt fixé à la paroi supérieure. Cependant, sous l'action du ressort, qui fait lentement tourner le cylindre, une image s'échappe : son bord supérieur rencontre, au niveau de la fenêtre, un arrêt qui l'immobilise un moment sous les yeux. Puis le cylindre continuant à tourner, elle s'échappe à son tour, mais est remplacée au même moment par l'image suivante qui arrive dans les mêmes conditions. On obtient ainsi les substitutions, avec éclipses rapides, qui donnent l'illusion du mouvement. Quand toutes les images du paquet sont passées, on peut par un bouton placé à l'intérieur les remettre dans la position du départ, ce qui en même temps bande le ressort qui actionne le cylindre. Celui-ci est disposé de façon à être facilement remplacé par un autre dont les images représentent un sujet différent. [...] Ce petit appareil nous paraît devoir être appelé dans l'avenir à remplacer l'album de famille" (G. Mareschal, "Le Kinora", La Nature, n° 1421, 18 août 1900, p. 192).

"Le Kinora est breveté par Auguste et Louis Lumière le 10 septembre 1896 (n° 259 515, "appareil de vision des épreuves chronophotographiques dit Kinora"). C'est une nouvelle variante du "folioscope", appareil feuilleteur de dessins animés ou photographies successives, dont on trouve le principe dès 1868 dans le "Kineograph" de l'Anglais John Barnes Linnett (brevet n° 925, 18 mars 1868, "Improvements in the means or producing optical illusions"). Dans le Kinora, le système feuilleteur est disposé dans une boîte en bois, et les clichés animés sur papier, montés autour d'un axe, sont amplifiés par une lentille. Une visière en bois permet au spectateur de s'immerger dans le spectacle. Un petit miroir renvoie la lumière sur les images. Le rouleau d'images défile automatiquement grâce à un moteur à ressort qu'il faut remonter et une lame métallique sert de feuilleteur. Le 21 novembre 1894, l'américain Herman Casler avait déposé aux Etats-Unis un brevet pour un "Mutoscope" (n° 549 309) utilisant des centaines de photographies animées montées sur un axe en bois avec deux flasques en fonte. Le brevet ayant été déposé également en France le 30 juillet 1895, avant celui des frères Lumière, un accord d'exploitation fut passé entre les Lumière et la "Compagnie française du Mutoscope & Biographe", afin de pouvoir commercialiser l'appareil français qui fut baptisé "Kinora Casler-Lumière". C'est le jeune entrepreneur Léon Gaumont qui se chargea en octobre 1897 de faire l'intermédiaire, puis de le fabriquer et de le vendre en 1900. Gaumont fabriquait et vendait aussi en France le lourd Mutoscope américain, appareil à sous et en fonte destiné aux champs de foire - alors que le Kinora, plus petit et moins riche en images, était plutôt réservé aux amateurs. Il existerait deux variantes du Kinora Casler-Lumière commercialisé par Gaumont : l'un comporte à l'intérieur une petite ampoule électrique qui sert à éclairer les vues. Le second ne comporte pas cette installation électrique mais possède un petit miroir extérieur qui permet de diriger la lumière sur le rouleau de vues disposé à l'intérieur de la boîte. Les vues éditées proviennent soit du catalogue Lumière, soit du catalogue Gaumont. La Sortie des usines Lumière existe ainsi en rouleau de Kinora, de même que Repas de bébé ou Arroseur arrosé. Les Anglais livrèrent aussi des appareils Kinora à partir de 1902 (certains luxueux à trois oculaires) et de nombreuses vues ; ils vont même au-delà de Lumière et de la Biograph en commercialisant aussi deux caméras (pour amateur et pour professionnel) permettant l'enregistrement sur papier. A noter que les Lumière brevetèrent également un "Biora" (n° 269 741, 21 août 1897), variante agrandie du Kinora, mais cet appareil à notre connaissance n'a pas été fabriqué en série" (Laurent Mannoni, "Les appareils cinématographiques Lumière", 1895, revue d'histoire du cinéma, n° 82, été 2017, p. 52-86).







Bibliographie

"Le Kinora", La Mise au Point, n° 6, mai 1900.

G. Mareschal, "Le Kinora", La Nature, n° 1421, 18 août 1900, p. 192.

Catalogue N° 177, tarif juin 1900, Le Comptoir général de photographie L. Gaumont & Cie, Paris, 1900, p. 195-197.

Catalogue N° 190, octobre 1900, Comptoir général de cinématographie L. Gaumont & Cie, Paris, 1900, p. 23-24.

Catalogue Comptoir général de photographie, Appareils & accessoires L. Gaumont & Cie, Paris, 1904, p. 49-50.

Laurent Mannoni, "Les appareils cinématographiques Lumière", 1895, revue d'histoire du cinéma, n° 82, été 2017, p. 52-86.