Catalogue des appareils cinématographiques de la Cinémathèque française et du CNC

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Enrouleuse de film 58 mm

N° Inventaire : CNC-AP-17-1284

Collection : Centre national du cinéma et de l'image animée

Catégorie d'appareil : Matériel de laboratoire et de cabine de projection

Nom du modèle : Chronophotographe ; Biographe

Lieu de fabrication : Paris, France

Année de fabrication : 1896

Brevet : Georges Demenÿ, B.F. n° 257 257, 15 juin 1896, délivré le 30 septembre 1896 : "Appareil chronophotographique réversible à ima... +

Fiche détaillée

Type de l'appareil

enrouleuse à deux axes et deux bobines à flasques d'aluminium et cylindre en bois avec lamelle d'acier ; base en fonte ; manivelle

Auteurs

Demenÿ Georges
Levallois-Perret, 64 rue Chaptal, 17 Villa Chaptal

Decaux Léopold
Paris

Fabricants

Comptoir général de photographie
Paris, 57 rue Saint-Roch

Gaumont et Cie, Société L.
Paris, 57 rue Saint-Roch

Utilisateurs

Demenÿ Georges
Levallois-Perret, 64 rue Chaptal, 17 Villa Chaptal

Decaux Léopold
Paris

Distributeurs

Comptoir général de photographie
Paris, 57 rue Saint-Roch

Gaumont et Cie, Société L.
Paris, 57 rue Saint-Roch

Sujet du modèle

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Objectif

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Taille de l'objet

Ouvert :
Informations non disponibles

Fermé :
Longueur : 25 cm
Largeur : 26.5 cm
Hauteur : 13 cm

Diamètre :
Informations non disponibles

Taille de la boîte de transport

Informations non disponibles

Remarques

"Une fois que les bandes ont été enroulées sur la bobine réceptrice, il est nécessaire de les dérouler pour les mettre, à nouveau, en position pour être projetées. On se sert d'un petit appareil qui se compose de deux broches mobiles et parallèles, dont l'une est munie d'une manivelle. Certaines précautions sont à prendre pour cette opération. On met sur l'une des broches la bobine vide et sur l'autre la bobine réceptrice ; on amorce la bande pelliculaire, côté de la gélatine en dessus ou en dessous (suivant les projections qu'on doit faire par réflexion et par transparence), sur la bobine vide, et on tourne doucement la manivelle en se servant de la main restée libre, pour faire frein, afin que la bande soit convenablement serrée et soit enroulée régulièrement, choses essentielles pour obtenir ensuite un bon déroulement" (Georges Brunel, La photographie et la projection du mouvement, Paris, Charles Mendel, 1897, p. 73).

Au début de l'année 1896, lorsque le Cinématographe Lumière rencontre le succès au Grand Café, Gaumont et Demenÿ décident de rattraper leur retard (ils avaient commercialisé fin 1895 une caméra chronophotographique 58 mm à film non perforé) et de fabriquer le plus rapidement possible une caméra à came battante qui puisse servir de projecteur, mais aussi fonctionner avec un film perforé - non au format Edison ou Lumière, mais au format 58 mm, avec quatre trous rectangulaires de chaque côté de la vue. C'est principalement Léopold René Decaux, ingénieur employé chez Gaumont, qui va opérer la rapide métamorphose du premier Biographe Demenÿ en caméra réversible, tout à fait adaptée à la grande vogue chronophotographique de 1896 (il sera aidé aussi par Jacques Ducom). Demenÿ, largement écoeuré par tous ses problèmes, se tient déjà en retrait. Il tente bien de faire fonctionner, au début, une caméra réversible à film non perforé, comme le montre une lettre adressée à Gaumont le 8 mars 1896 : "J'ai essayé l'appareil réversible sans pellicule perforée, il m'a semblé, même dans les mauvaises conditions où je me trouvais, devoir donner avec certaines précautions des résulstats satisfaisants". On ne saurait être plus prudent. Précédemment, le 24 février, Gaumont s'interrogeait sur l'avenir de cet appareil : "Le modèle réversible, en construction, me semble pouvoir soutenir la concurrence qui s'annonce comme terrible sur cet article. Devons-nous l'exploiter ou le vendre?" Le choix de l'exploitation, loin pourtant d'être le meilleur, sera finalement retenu par Gaumont. Demenÿ accepte donc enfin d'utiliser de la pellicule perforée, apprenant peut-être qu'Edison ne peut l'attaquer en justice pour cela puisqu'il n'a pas déposé son brevet en France. Mais Demenÿ semble désormais se désintéresser de l'affaire. "Aurai-je le plaisir de vous voir au Comptoir aujourd'hui ou faut-il aller vous trouver chez vous ?", demande Gaumont, le 9 avril 1896. Le lundi 27 avril 1896, petit événement historique pour la maison Gaumont, une première séance de projections de film 58 mm perforé est donnée au Comptoir, en présence du directeur et de Demenÿ. Enfin, l'appareil fonctionne, et de très belle manière, grâce notamment à Decaux. Demenÿ dépose alors à son nom, le 15 juin 1896, un brevet décrivant la nouvelle caméra réversible à film perforé 58 mm et à came battante (dans le même brevet il imagine aussi un système peu convaincant de double projecteur à images alternantes, comme le faisait l'Allemand Skladanowsky en 1895). Gaumont décide de réviser le contrat qui le lie avec Demenÿ depuis août 1895. Le 6 mai 1896, les deux hommes signent un nouveau contrat. Ils prévoient de ne pas vendre, jusqu'au 31 décembre 1896, le projecteur de films mis au point par Decaux et Demenÿ. Ils désirent, comme les Lumière, se consacrer à 'l'exploitation théâtrale", "l'exploitation des appareils chronophotographiques réversibles sous la forme de spectacles payants" auparavant réservée à Demenÿ dans le premier contrat. L'ancien Biographe à pellicule non perforée sera toujours proposé à la vente, mais les nouvelles caméras réversibles de 1896, elles, seront pour l'instant réservées au seul usage de Gaumont et Demenÿ. L'article 3 du nouveau contrat prévoit donc ceci : "La société Gaumont et Cie mettra en exploitation le premier appareil à projections théâtrales au plus tard un mois après la réalisation d'un appareil de marche convenable et continera cette exploitation pendant six mois consécutifs avec dix appareils avant de mettre en vente aucun appareil à la projection. Les recettes de cette exploitation seront contrôlées par des tourniquets dont le chiffre au compteur sera relevé chaque jour [...]. Sur cette recette brute, M. Gaumont versera 20 pour cent à M. Demenÿ". A notre connaissance, ni Gaumont ni Demenÿ n'ouvriront de cinéma en 1896. Ils loueront en revanche au Châtelet, à la fin de 1896, un projecteur, et un film réalisé par l'équipe de Gaumont sera projeté avec succès, La Biche au bois. Après avoir signé ce contrat avec Demenÿ, le 6 mai 1896, Gaumont déchante en constatant la brusque multiplication des fabriques d'appareils cinématographiques. Il comprend que la lutte se situe dans la vente publique des appareils et des films. Dans une lettre à Demenÿ, le 18 juillet 1896, il demande d'importantes modifications au contrat : "En raison de la concurrence qui existe actuellement sur le marché pour l'exploitation des appareils chronophotographiques, [...] vous nous autorisez à vendre, à partir de ce jour et jusqu'à la fin 1896, les appareils à projections animées en vous réservant sur le prix de vente une remise de 25%, ces appareils n'étant pas vendus à moins de 2000 francs d'ici le 30 septembre prochain". Le 8 août 1896, Gaumont écrit de nouveau à Demenÿ : "Depuis notre dernière lettre la situation a empiré [...]. Nous seulement nous sommes forcés de baisser les prix mais encore il n'y a plus d'acheteurs et pour comble la maison Lumière fait annoncer qu'elle met ses appareils dans le commerce (cette décision n'interviendra qu'au début de 1897). [...] Je viens en conséquence vous demander de reporter à maintenant les conditions qui vous étaient réservées à partir du 1er janvier 1897, soit 10% sur le prix de l'appareil. Pour vous dédommager, je vous accorderai 5% sur le prix des pellicules tant que vous ne me ferez pas concurrence par la vente directe d'originaux ou de copies". Mais Demenÿ reste terré dans sa villa Chaptal, sans doute consterné par la formidable ampleur de la vogue chronophotographique qui s'est abattue sur l'Europe. Gaumont lui écrit, le 17 août 1896 : "Laissez-nous vous dire combien nous regrettons le peu d'intérêt que vous semblez porter au fonctionnement de l'appareil ; vous savez comme nous qu'il est loin d'être parfait". Pourtant, cet appareil fonctionne dès le mois d'avril 1896, ou au moins en juillet, comme le prouve le film L'Artillerie au défilé du 14 juillet 1896 qui figure sur le premier catalogue Gaumont. En tout cas la caméra est effectivement commercialisée sous sa forme finale en octobre 1896. Le format 58 mm permet des projections de grande taille sur l'écran - le projecteur peut couvrir une surface de 40m2 dit une publicité de 1896, d'autre part le format des vues permet aussi d'applmiquer très précisément des couleurs au pinceau sur chaque image. Au moins 150 films vont être produits par Gaumont entre 1896 et la fin de 1897 avant d'être remplacé par une caméra réversible à format 35 mm (L. Mannoni, Georges Demenÿ pionnier du cinéma, Douai, Pagine, 1997, p. 98-101).


Bibliographie

Revue trimestrielle du Comptoir général de photographie, mai 1896.

La Nature, n° 1225, 21 novembre 1896 : "Le chronophotographe de M. G. Demenÿ".

Bulletin de la Société française de photographie, tome XII, n° 21, 1er novembre 1896, p. 502-507.

L. Mannoni, Georges Demenÿ pionnier du cinéma, Douai, Pagine, 1997, p. 98-101.