Catalogue des appareils cinématographiques de la Cinémathèque française et du CNC

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Caméra trichrome film 35 mm

N° Inventaire : CNC-AP-96-522

Collection : Centre national du cinéma et de l'image animée

Catégorie d'appareil : Prise de vues cinématographiques

Nom du modèle : Caméra trichrome chronochrome

Numéro de fabrication : n° 27

Lieu de fabrication : Paris, France

Année de fabrication : 1912

Brevet : Société des établissements Gaumont, B.F. n° 421 004, demandé le 9 décembre 1909, délivré le 10 décembre 1910 : "Bande pour la... +

Fiche détaillée

Type de l'appareil

entraînement du film 35 mm par deux griffes ; cadre porte-griffes monté sur un arbre à ressort mû par une roue excentrique ; un débiteur denté ; compteur de mètre ; deux niveaux à bulle ; axe d'entraînement

Auteurs

Gaumont, Société des Etablissements
Paris, 57 rue Saint-Roch

Fabricants

Gaumont, Société des Etablissements
Paris, 57 rue Saint-Roch

Utilisateurs

Gaumont, Société des Etablissements
Paris, 57 rue Saint-Roch

Distributeurs

Gaumont, Société des Etablissements
Paris, 57 rue Saint-Roch

Sujet du modèle

Informations non disponibles

Objectif

absent

Taille de l'objet

Ouvert :
Informations non disponibles

Fermé :
Longueur : 28 cm
Largeur : 18.5 cm
Hauteur : 30.5 cm

Diamètre :
Informations non disponibles

Taille de la boîte de transport

Informations non disponibles

Remarques

Gravé "Société des Etablissements Gaumont Paris n° 27".

"La présentation de cette nouvelle merveille parfaitement mise au point s'est faite le 6 décembre dernier [1912], au Cinéma-Théâtre que les établissements Gaumont possèdent au 7, boulevard Poissonnière. [...] Il y avait, pour atteindre à de tels résultats, de grosses difficultés à résoudre : 1° Dans la succession des images à projeter : nécessité d'escamoter, à chaque changement, trois images au lieu d'une dans le même temps. D'où l'obligation d'étudier et de réaliser un mécanisme d'assez longue course, mais dépourvu cependant d'une brutalité d'action qui eût déchiré la pellicule. Pour faciliter la solution, on décida de réduire d'environ 1/4 la hauteur des images, de telle sorte que, pour un même sujet, la bande n'a guère que deux fois et 1/4 la longueur de la bande ordinaire. 2° Il fallait ensuite étudier la confection des écrans sélecteurs de façon à assurer, par superposition des trois images monochromes, la synthèse des couleurs avec la plus grande exactitude, notamment pour l'obtention des blancs purs. 3° Enfin, il fallait donner à la bande cinématographique une suffisante hyper-sensibilisation et la rendre en même temps parfaitement panchromatique. Parmi les spécimens qui ont été présentés, on a pu remarquer de magnifiques vues de fleurs, prises dans les établissements de MM. Vilmorin Andrieux et Cie ; ces fleurs, que le cinématographe montre tournant avec les vases qui les contiennent, donnent, grâce à ce mouvement de rotation et à la couleur même, un merveilleux effet stéréoscopique ; puis des papillons aux brillantes couleurs dont les irisations chatoyantes sont magnifiquement rendues ; enfin des vues de plein air, notamment un aspcet de la plage de Deauville au moment de l'affluence mondaine, des moissonneurs occupés à la moisson, des coups de mer à Sainte-Maxime, enfin d'autres scènes champètres très agréables à voir" ("Le Chronochrome-Gaumont", La Mise au Point, n° 2, janvier 1913).

"...Très intéressants résultats. Malheureusement, ceux-ci sont encore limités du fait du manque de sensibilité des surfaces photographiques, mêmes aidées des nouveaux sensibilisants et panchromatisants connus aujourd'hui ; les écrans colorés absorbent une grande quantité de la puissance photogénique de la lumière naturelle. La complication optique du procédé rend difficile la coïncidence rapide des images, lorsque celles-ci sont situées sur des plans différents et surtout très rapprochés" (Jacques Ducom, "Le nouveau cinématographe en couleurs naturelles de M. Gaumont", Ciné-Journal, n° 231, 25 janvier 1913, p. 8).

"La panchromatisation des pellicules, c'est à dire leur sensibilisation à tous les rayons colorés, est un procédé industriel connu depuis une quinzaine d'années. Mais la sensibilité n'est pas toujours égale pour tous les rayons et, par surcroît, la panchromatisation diminue la rapidité d'impression de la couche sensible, défaut grave lorsqu'on ne s'adresse, comme le fait essentiellement le cinématographe, qu'à des sujets en mouvements ! M. Gaumont ne put, par conséquent, établir son vaste plan qu'après en avoir obtenu la pierre angulaire : une couche qui fut sensible, à vitesse égale, aux trois rayons fondamentaux, et qui ne perdît pas, en acquérant cette nouvelle qualité, sa rapidité d'impression. Après la difficulté chimique se dressa une difficulté mécanique. Il s'agit, dans la cinématographie en couleurs, de projeter d'un seul coup trois images et de répéter le fait seize fois par seconde, alors que, dans la cinématographie simple, c'est une seule image seulement qui marche avec cette fréquence. [...] L'appareil de prise de vues est formé par trois chambres noires superposées, aussi rapprochées que possible afin que les trois objectifs prennent la vue sous des angles qui ne diffèrent pas trop les uns des autres. [...] Si grande que soit la précision du chrono, si minutieux les soins apportés à la fabrication des pellicules, il peut toujours se produire dans la projection un infime déplacement d'une des trois couleurs par rapport aux deux autres (jeu léger dans la monture d'un objectif, dilatation ou rétrécissement minuscule du celluloïd, etc.). Une fraction de millimètre d'écart suffit pour que, multipliée par l'agrandissement considérable que subit l'image sur l'écran, elle fausse totalement la coloration de l'image, ou, du moins, pour qu'elle enlève au film sa netteté. On a donc monté les objectifs de telle sorte que, celui du milieu (le rouge) demeurant immobile, les deux autres puissent se déplacer verticalement ou horizontalement par le jeu d'une manette et rattraper ainsi tous les écarts. Mais à qui confier la manoeuvre de correction ? Le projectionniste, relegué au fond de la salle, enfermé dans une cabine que l'arc électrique remplit de ses rayons, ne voit guère les résultats obtenus sur l'écran lointain que contemplent les spectateurs. On lui adjoignit un compère. Tout d'abord, assis près de l'écran, et muni d'un téléphone, le compère commandait à l'aveugle de la cabine : "Ton vert, à gauche... Trop !... Descends ton bleu... Encore !" Les spectateurs voisins perdaient à cette correspondance quelques illusions. Le compère, aujourd'hui, est muni d'un petit appareil électrique, relié directement aux leviers des objectifs, qui permet la correction à distance sans même que le projectionniste ait à la connaître. Il semble être un spectateur ordinaire, mais affligé de la manie d'installer sur ses genoux une petite boîte dont il remue de temps en temps les poignées" (Baudry de Saunier, L'Illustration, 10 janvier 1920).

"Déposés en 1911 et 1912, les brevets de Léon Gaumont pour le Chronochrome exploitent le procédé trichrome découvert au XIXe siècle par Louis Ducos du Hauron notamment. Ce principe avait déjà été appliqué dans les projecteurs de film par Lee & Turner et Benjamin Jumeaux, au début des années 1900. La caméra Chronochrome Gaumont est équipée de trois filtres (bleu, rouge, vert) et de trois objectifs dont les axes sont très rapprochés. Les trois images occupent, sur la pellicule 35 mm, la hauteur de neuf perforations d'un film standard ; il y a donc trois perforations de chaque côté de chaque image. A la prise de vues, les griffes d'entraînement déplacent, à chaque mouvement de descente, l'équivalent de neuf perforations. Les vues de plein air fortement éclairées sont privilégiées. Les pellicules orthochromatiques ne sont pas uniformément sensibles à tout le spectre des couleurs : interposer des filtres colorés pose problème. Il faut donc équilibrer avec soin les teintes des trois filtres, et surtout utiliser - grâce à l'aide de George Eastman à Rochester - une nouvelle pellicule panchromatique hypersensibilisée. Il s'agit donc, ici, dès 1911, des premiers pas du film panchromatique qui allait s'imposer graduellement à partir de 1923. Le projecteur quant à lui fonctionne avec une croix de Malte qui fait descendre le film positif de neuf perforations à chaque tour, la fenêtre de projection encadrant trois images. L'image du film ne mesure que 14 mm de haut (19 mm habituellement) sur 24 mm de large : le format sur l'écran est de type panoramique, préfigurant le futur ratio du Scope. Le projecteur est équipé, comme la caméra, de trois filtres et de trois objectifs (plus grands que ceux utilisés dans la caméra). Deux objectifs réglables horizontalement et verticalement encadrent l'objectif du centre qui reste fixe. Il faut faire converger ces trois axes pour que les trois images colorées se superposent sur l'écran. Les filtres sont disposés de haut en bas dans l'ordre vert, rouge, bleu. Le moindre défaut de parallaxe provoque des bavures amplifiées à la projection. On adjoint donc au projecteur quatre servomoteurs à arbres métalliques, montés sur pivots et reliés aux objectifs réglables. Commandés par un observateur situé dans la salle, les servomoteurs corrigent mécaniquement la superposition des trois images. Une lampe à arc très puissante étant utilisée pour traverser les filtres, une cuve à eau est installée dans l'axe lumineux pour refroidir le faisceau et empêcher que le film nitrate ne s'enflamme. Gaumont exploite le Chronochrome dans diverses salles à Paris (dont le Gaumont-Palace et le GaumontColor) et le présente également à New York. Ce système complexe et délicat à régler ne connaîtra cependant jamais une grande expansion" (Laurent Mannoni, La Machine cinéma, Paris, Liénart, 2016, p. 94).


Bibliographie

E. Ventujol, "La Cinématographie en couleurs par le procédé L. Gaumont", Ciné-Journal, n° 222, 23 novembre 1912, p. 17-21.

Le Courrier cinématographique, n° 49, 29 novembre 1912.

"Le Chronochrome-Gaumont", La Mise au Point, n° 2, janvier 1913.

Jacques Ducom, "Le nouveau cinématographe en couleurs naturelles de M. Gaumont", Ciné-Journal, n° 231, 25 janvier 1913.

"Nouveaux essais de cinématographie en couleurs. Le chronochrome-Gaumont à l'Hippodrome", Ciné-Journal, n° 277, 13 décembre 1913.

Baudry de Saunier, L'Illustration, 10 janvier 1920.

Léon Gaumont, "Gaumont Chronochrome Process Described by the Inventor", Journal of the SMPTE, vol. 68, janvier 1959, p. 29-31.

Maurice Gianati, "Les couleurs et les sons se répondent...", 1895, octobre 1993, p. 274-289.

Laurent Mannoni, La Machine cinéma, Paris, Liénart, 2016, p. 94