Catalogue des appareils cinématographiques de la Cinémathèque française et du CNC

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Caméra réversible grande vitesse film 35 mm

N° Inventaire : AP-10-2504

Collection : La Cinémathèque française

Catégorie d'appareil : Prise de vues cinématographiques

Nom du modèle : Ultracinéma A.N.I.M. Anim

Lieu de fabrication : Paris, France

Année de fabrication : À partir de 1923

Brevet : Pierre Noguès, brevet français n° 580 977 du 1er août 1923, "Perfectionnements aux appareils cinématographiques, plus spécial... +

Fiche détaillée

Type de l'appareil

entraînement du film 35 mm par came battante et deux griffes d'arrêt ; fréquence de 16 à 380 images par seconde ; deux débiteurs dentés ; manivelle ; deux axes d'entraînement ; magasin débiteur et magasin récepteur extérieurs ; obturateur deux pales ; corps en fonte d'aluminium avec pied orientable ; ouverture à l'arrière pour transformer la caméra en projecteur

Auteurs

Noguès Pierre
Boulogne, Institut Marey, Parc des Princes

Fabricants

Pierre Noguès
Boulogne, Institut Marey, Parc des Princes

Utilisateurs

Noguès Pierre
Boulogne, Institut Marey, Parc des Princes

Distributeurs

Etablissements Tiranty
Paris, 91 rue Lafayette

Sujet du modèle

Informations non disponibles

Objectif

E. Krauss Paris n° 4532 Trianar

Taille de l'objet

Ouvert :
Informations non disponibles

Fermé :
Longueur : 18.5 cm
Largeur : 20 cm
Hauteur : 49.5 cm

Diamètre :
Informations non disponibles

Taille de la boîte de transport

Informations non disponibles

Remarques

Cet exemplaire se trouvait chez les descendants de Pierre Noguès.

"Avec l'Ultracinéma, on prendra non plus les 16 images par seconde dont s'accomode notre oeil pour donner à notre cerveau la sensation du mouvement, mais 150, 200, 300 images et plus, s'il le faut, la rapidité du phénomène à enregistrer. [...] L'Ultracinéma établi et breveté par Monsieur Noguès, chef du laboratoire de mécanique à l'Institut Marey, après de longues années d'étude et d'essais - et dont plusieurs sont en service en France, en Angleterre et en Belgique - permet de faire couramment les opérations dont il vient d'être parlé ; il constitue l'appareil de choix pour toutes les recherches ou prises de vues cinématographiques. En effet, il est universel. Pourvu de deux axes moteurs, l'un donnant 8 images par tour de manivelle, soit 2 tours 16 images à la seconde, l'autre 72 images par tour, soit avec 4 tours à la seconde, 280 images, il permet de passer de la prise ordinaire à la prise ultra-rapide. Le système d'entraînement de la pellicule assure une fixité absolue et évite tout déchirement, si grande que soit la vitesse de rotation. Pour les cadences très rapides, l'emploi d'un petit moteur électrique est recommandé, afin d'assurer une rotation régulière, difficile à conserver alors, même pour les opérateurs les plus exercés, vu la dépense d'énergie musculaire assez forte qu'exige la très grande vitesse. L'Ultracinéma A.N.I.M. (marque déposée, breveté S.G.D.G.), est construit avec statif en aluminium, monté de telle manière que l'objectif peut être orienté à volonté suivant n'importe quelle direction dans l'espace ; pourvu de 6 magasins interchangeables, en aluminium également ; d'un objectif Trianar-Krauss. Il est livré avec un trépied coulissant, en noyer, largement établi pour assurer une bonne stabilité [...]. Le prix de l'ensemble est de 18 000 Frs. [...] Suppléments pour l'installation d'une tourelle à objectifs : 2500 Frs" (Notice Appareils Noguès, de l'Institut Marey, "Ultracinéma", films d'enseignement, Paris, s.d.).

"Perfectionnements aux appareils cinématographiques, plus spécialement applicables aux appareils de prise de vues à grande vitesse, caractérisés par la combinaison avec deux cylindres brochés d'entraînement du film qui tournent d'un mouvement continu, d'une came Demenÿ dont l'axe théorique du galet est susceptible de déplacements libres par rapport au tourillon qui le porte et qui décrit une trajectoire circulaire, de façon que la boucle du film préalablement ménagée d'un cylindre broché à l'autre soit soumise périodiquement à une tension qui se traduit, dans le plan focal de l'objectif, par un déplacement égal à la hauteur d'une image. Grâce aux actions combinées du galet came, d'une surface cylindrique orientable, et d'un peigne d'arrêt, on obitent un déplacement intermittent rapide du film, sans déchirures et sans nuire à la netteté des images. [...] Un peigne oscillant est synchronisé avec le mouvement de rotation de la came de façon que ses dents viennent s'engager dans les perforations du film, un peu avant que la came cesse d'agir, afin de fixer le film en bonne position pendant la durée d'exposition à la lumière ; la synchronisation du peigne et de la came pouvant être obtenue au moyen d'un excentrique Trézel calé sur l'axe de la dite came et admettant pour cadre mobile les branches d'une fourchette oscillante. Le bâti de l'appareil est monté oscillant dans un palier fixé sur le pied supportant l'ensemble de façon à pouvoir prendre toute inclinaison désirée autour d'un axe horizontal" (Pierre Noguès, brevet français n° 580 977 du 1er août 1923, "Perfectionnements aux appareils cinématographiques, plus spécialement applicables aux appareils de prise de vues à grande vitesse").

"Pierre Noguès, né en 1878 à Luquet (près de Tarbes), mort en juillet 1971, entre à l'Institut Marey en 1900. Il y dispose d'une chambre et a le droit, comme son collègue Lucien Bull, de travailler chez son Maître, Etienne-Jules Marey, boulevard Delessert. Inscrit à la Faculté de médecine de Paris en octobre 1898, il a été recommandé à Marey par le chirurgien Doléris. Il ne devient salarié de l'Institut Marey qu'à partir du 1er janvier 1901. L'année suivante il commence ses recherches sur les systèmes de cinéma à haute fréquence. Cependant, Noguès se dirige vers une autre voie technique que celle de Bull. Ce dernier défie les lois de la cinématographie en immobilisant la pellicule, en utilisant les prismes, les miroirs rotatifs, les étincelles électriques, pour réaliser des images d'une grande beauté. Noguès, lui, cherche les moyens d'entraîner le plus vite possible la pellicule cinématographique sans qu'elle se déchire. Le système a un avantage sur celui de Bull : le film peut mesurer une centaine de mètres et donc enregistrer des scènes plus longues. Mais à cause de la fragilité de la pellicule, Noguès ne peut guère dépasser le cap des 300 images/seconde, alors que Bull atteint des chiffres bien plus élevés. Les premières caméras à grande vitesse de Bull et Noguès sont présentées le 30 août 1904 par le physiologiste J. Athanasiu, dans un rapport lu à l'Institut Marey. Outre la caméra octogonale à film fixe de Bull, Athanasiu publie la description d'un appareil de Noguès à prise de vues ultra-rapides permettant l'enregistrement de 140 images par seconde sur film à mouvement intermittent. Athanasiu semble avoir pris par aux recherches : "Avec cet appareil nous avons pu prendre 18 images pour un coup d'aile de pigeon, qui s'effectue en 3/20e de seconde, comme le prouve le chonoscope placé dans le champ photographique" (J. Athanasiu, "Méthode graphique, rapport présenté à l'Association de l'Institut Marey, séance du 30 août 1904", in Travaux de l'Association de l'Institut Marey, Paris, Masson et Cie, 1905, p. 119). Noguès a utilisé également cette caméra pour filmer des sujets microscopiques. Cependant, cet appareil utilisé en 1904 n'offre pas une très bonne stabilité des images et ne permet pas la projection, à moins de recourir à un procédé spécial de tirage. Un nouveau système à griffe, doux et régulier, offrant cette fois une stabilité parfaite, est conçu par Noguès en 1907. Les premiers films perforés, tournés à 70 images seconde, sont projetés à l'Institut Marey en juin 1908. L'année suivante, Noguès présente à l'Institut des vues obtenues à 160 images par seconde. Puis en 1912, "Mon appareil de 1912 pouvait atteindre 240 à 250 images par seconde [...] mais, à cette fréquence élevée, les projections présentaient une certaine instabilité, tandis qu'à 180 le fonctionnement de l'appareil était aussi parfait que possible" (archives Noguès, Cinémathèque française). En 1910, Noguès n'est encore que simple assistant dans l'organigramme de l'Institut Marey, mais il participe aux recherches de Lucien Bull et Joachim Carvallo. Son esprit inventif aide à résoudre les problèmes, tandis que deux mécaniciens, Farineau et Kelsen, sont chargés de la fabrication des machines. Une caméra conçue par Noguès permet à Carvallo d'effectuer des films aux rayons X : "Notre chronophotographe actuel appartient à la classe des chronophotographes à griffe mais, grâce à un système de leviers établi par M. Noguès, le mouvement de la griffe, pendant le déplacement de la pellicule, est transformé en un mouvement rectiligne et l'entraînement de celle-ci s'opère avec une extême douceur, même aux plus grandes fréquences" (Joachim Carvallo, "Méthode radiochronophotographique, applications de cette méthode à l'étude des mouvements de l'appareil digestif", Travaux de l'Association de l'Institut Marey, t. II, Paris, Masson, 1910, p. 90). Le 22 juillet 1912, Noguès présente à l'Académie des sciences son "nouveau cinématographe à images très fréquentes" (Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, t. 155, séance du 22 juillet 1912, p. 273-275). Lors de l'inauguration du monument Marey, le 3 juin 1914, Noguès projette devant le président de la République une série de films à grande vitesse sur le mouvement du cheval, de l'oiseau et de l'homme. Pendant la Grande Guerre, il utilise sa caméra à 250 images par seconde pour des expériences de balistique. Puis en 1920, il atteint 320/380 images par seconde, chiffre qui ne pourra plus être dépassé par la suite avec des caméras mécaniques 35 mm. Pour atteindre ce chiffre, Noguès recourt à la came battante de Demenÿ qui, une fois renforcée par des griffes d'arrêt, offre une bonne stabilité à cette fréquence. La filmographie de Noguès, qui reste à établir, semble abondante. Il filme à grande vitesse le lancer du disque de l'athlète Jean Bouin (qui sera tué au front en 1914) ; il enregistre les mouvements des chevaux à l'Institut Marey, à Bagatelle, à Versailles, et en liberté chez lui à Luquet. Il reprend en fait au ralenti tout le répertoire mareysien : marche de l'homme, boxeurs, sauts d'obstacles, ouvrier cassant des pierres, vol du canard, pigeon, mouette, oie, poule, locomotion animale (boeufs, lévriers, lapins, cochons, serpents, grenouille, etc.). La grande vitesse permet de montrer sur grand écran l'image au ralenti d'une vitre brisée à coup de marteau, ou celle d'un canon crachant son boulet. Dans une filmographie dressée par Noguès, on compte 31 films relatifs à la locomotion animale. Noguès possède un avantage sur Bull : il peut projeter les films à grande vitesse qu'il a réalisés. Il montre ainsi, lors d'une conférence, le 22 avril 1922, un montage rassemblant plus de 800 mètres de sujets divers. De son côté, Bull atteint sur pellicule immobile une fréquence de plus d'un million d'images seconde, mais impossible de projeter ces films, et les images sont réduites parfois à la taille d'une fente de 5 mm de hauteur. Noguès veut montrer le miracle visuel de "l'ultra-cinéma" à un large public, Bull est un esprit plus scientifique, moins interessé par le spectacle. Noguès va commercialiser ses appareils, Bull ne s'intéresse pas vraiment à cette question. Grâce à Noguès, en tout cas, le ralenti devient très apprécié ; peu à peu les techniciens et fabricants de caméras - Labrély, Debrie, Eclair, Bourdereau... - équipent leurs modèles de variateurs de vitesse et de systèmes d'entraînement adéquats. En 1931, Noguès est nommé chef de laboratoire de l'Institut Marey. Comme l'argent manque, il est autorisé à vendre ses procédés techniques. Sous le sigle "A.N.I.M." (Appareils Noguès de l'Institut Marey), il propose pour la somme de 18 000 francs un appareil de prise de vues en aluminium de belle fabrication, baptisé "Ultracinéma" et atteignant plus de 300 images seconde. Cependant, faute de structure industrielle, cet appareil ne se vendra guère" (Laurent Mannoni, L'enregistrement du mouvement au XIXe siècle, les méthodes graphiques et chronophotographiques, thèse de doctorat Université Paris III, 2003).

Bibliographie

Notice Appareils Noguès, de l'Institut Marey, "Ultracinéma", films d'enseignement, Paris, s.d., 4 p.

Pierre Noguès, "L'ultra-cinéma par le docteur Noguès, chef du laboratoire de l'Institut Marey", La Cinématographie française, s.d.

Jacques Boyer, "L'Ultracinéma Noguès", La Nature, 15 mai 1927.

Catalogue Tiranty, constructeurs d'instruments de précision, Paris, s.d., p. 30.

Publicité Tiranty in La Revue française de photographie, n° 144, 15 décembre 1925.