Catalogue des appareils cinématographiques de la Cinémathèque française et du CNC

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Caméra réversible film 35 mm

N° Inventaire : AP-95-1414

Collection : La Cinémathèque française

Catégorie d'appareil : Prise de vues et projection cinématographiques

Nom du modèle : Cinématographe-type Lumière

Numéro de fabrication : n° 35 ; 6325-10

Lieu de fabrication : Paris, France

Année de fabrication : 1896

Brevet : Auguste et Louis Lumière, B.F. n° 245 032, 13 février 1895 : "Appareil servant à l'obtention et à la vision des épreuves chro... +

Fiche détaillée

Type de l'appareil

entraînement du film 35 mm par deux griffes ; came triangulaire et cadre porte-griffes ; disque à rampe ; obturateur deux pales réglables ; manivelle ; échelle de projection

Auteurs

Lumière Auguste
Lyon-Monplaisir, 21 rue Saint-Victor

Lumière Louis
Lyon-Monplaisir, 21 rue Saint-Victor

Fabricants

Jules Carpentier
Paris, 20 rue Delambre

Utilisateurs

Lumière Auguste
Lyon-Monplaisir, 21 rue Saint-Victor

Lumière Louis
Lyon-Monplaisir, 21 rue Saint-Victor

Distributeurs

Société des plaques et papiers photographiques Antoine Lumière et ses fils
Lyon-Monplaisir, 21 rue Saint-Victor

Sujet du modèle

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Objectif

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Taille de l'objet

Ouvert :
Longueur : 12.5 cm
Largeur : 19 cm
Hauteur : 19 cm

Fermé :
Longueur : 12.5 cm
Largeur : 19 cm
Hauteur : 19 cm

Diamètre :
Informations non disponibles

Taille de la boîte de transport

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Remarques

Etiquette en cuivre sur la porte frontale : "Cinématographe Auguste et Louis Lumière Breveté S.G.D.G. J. Carpentier Ingénieur Constructeur Paris". Gravé à l'intérieur : "J. Carpentier, Paris, n° 35".

Ce modèle est ici équipé en projecteur. Sert aussi de caméra et de tireuse.

Cet exemplaire a appartenu à l'ombromane et prestidigitateur Felicien Trewey, qui a assuré avec ce modèle les premières projections du Cinématographe Lumière en Grande-Bretagne, le 20 février 1896, au Marlborough Hall et le 9 mars à l'Empire Theatre de Leicester Square. Le magicien anglais Charles De Vere a acheté à Trewey, en 1929, le poste complet du Cinématographe : trépied, chevalet, enrouleuse, lanterne Molteni, magasins... De Vere l'a revendu ensuite à Will Day : "Asnières, 20 / 10 / 1929. Dear Mr De Vere. The Cinematographe I have sold to you is the original and first one of the serie ever exhibited at the Grand Café in Paris wich open the 2 February 1896 and at the Polytechnic Institution London on the February 20th in sametimes on the Empire Theatre London on the monday 9th March 1896 for eigting months. Your old friend, F. Trewey" (archives Cinémathèque française).

Officiellement, le Cinématographe Lumière sera proposé à la vente au début de l'année 1897 (La Nature, n° 1239, 27 février 1897).

"L'appareil de MM. Lumière est simple ; il permet à la fois d'obtenir des images négatives, d'imprimer les positives et de les projeter sur un écran. Les images successives sont produites sur une bande pelliculaire sensible à la lumière, de 15 m. de longueur. Cette bande est perforée sur ses bords de trous circulaires équidistants qui servent à l'entraînement de la pellicule. Un mécanisme, basé sur la propriété des excentriques triangulaires, détermine le mouvement alternatif vertical d'une pièce qui porte, perpendiculairement à son plan, des doigts métyalliques. Ces doigts, à l'aide d'un dispositif convenable, viennent s'enfoncer, au sommet de leur course, dans les trous de la pellicule et entraînenent cette dernière en produisant un déplacement vertical de 2 cm pour chaque épreuve. Arrivés au bas de leur course, ils abandonnent la pellicule et remontent librement pour saisir les trous suivants. La pellicule est attaquée et abandonnée lorsqu'elle est entièrement au repos, et le temps nécessaire au déplacement n'est que le tiers du temps total. Un disque obturateur, percé d'une fenêtre et animé d'un mouvement de rotation solidaire du mouvement de l'excentrique, est réglé de telle sorte que la fenêtre démasque l'objectif au moment où la pellicule est au repos. Ainsi construit, l'appareil a un rendement considérable, bien que 15 épreuves par seconde suffisent pour donner, par persistance, des impressions sur la rétine, l'llusion du mouvement continu [...]" ([Léon Vidal], "Sur le Cinématographe de MM. A. et L. Lumière", Le Moniteur de la Photographie, n° 13, 1er juillet 1895, p. 201-202).

"Il fallait trouver un appareil permettant de produire 900 éclipses de lumière à la minute, au moyen desquelles se feraient automatiquement 900 substitutions d'images successives. Dans le Cinématographe, ces éclipses s'obtiennent en imprimant à un secteur opaque, qui tourne autour de son sommet, un mouvement rapide de 15 tours à la seconde et disposé de façon que, pendant son mouvement, il passe sur le trajet du faisceau lumineux qui vient de la lanterne à projection ; à chaque passage, il interceptera ce faisceau et, par suite, l'illumination de l'écran, sur lequel se fait la projection, disparaîtra pendant une fraction de seconde inférieure à 1/15. Pour opérer la substitution des épreuves, les 900 photographies successives sont disposées sur une pellicule souple d'environ 18 mètre de longueur et 35 mm de largeur. Les dimensions de chaque épreuve sont de 25 mm suivant la largeur de la pellicule et 20 mm suivant sa longueur. Sur les deux bords de la pellicule sont perforées des ouvertures circulaires équidistantes de 20 mm les unes des autres, dans lesquelles pénètrent périodiquement deux griffes conduites par un cadre métallique, chargées de tirer vers le bas la bande pelliculaire et de la déplacer de l'intervalle qui sépare deux ouvertures à chaque passage de l'écran mobile. Les griffes remontent ensuite pour attaquer la pellicule dans les deux trous suivants, et ainsi de suite. On comprend, d'après cela, quelle précision il a fallu apporter dans la construction de l'appareil pour que, dans tous ces mouvements, la bande pelliculaire, cependant si fragile, reste absolument intacte afin de servir un grand nombre de fois. Nous sommes arrivés à ce résultat grâce au mouvement alternatif donné au cadre sous l'impulsion d'un excentrique triangulaire, disposition qui fait l'objet fondamental de nos brevets. De cette façon, la vitesse de départ et la vitesse d'arrêt des griffes sont aussi progressives que possible, et le mouvement d'enfoncement ou de retrait de ces mêmes griffes ne commence qu'après l'arrêt absolu de la pellicule, afin de ne pas en détériorer les trous. De plus, les ouvertures latérales de la bande permettent un repérage d'autant plus parfait, que celui-ci est effectué au moyen des griffes, qui reprennent rigoureusement les mêmes positions aux deux extrémités de leur course. Enfin, nous insisterons que ce fait que le mécanisme est disposé de telle façon que la bande reste immobile pendant les deux tiers du temps qui sépare deux phases consécutives du mouvement recomposé, le dernier tiers étant employé à la substitution d'une image à la suivante" (Société anonyme des Plaques et Papiers Photographiques A. Lumière & ses fils, Capital trois millions, Usines à vapeur : Lyon-Monplaisir, cours Gambetta, rues St-Victor, St-Maurice et des Tournelles, Notice sur le Cinématographe Auguste et Louis Lumière, Lyon, Imprimerie L. Decléris et fils, 16 place Bellecour, 1897, p. 4-5). A noter que le mécanisme en question était connu depuis longtemps, voir par exemple Franz Reuleaux, Cinématique, principes fondamentaux d'une théorie générale des machines, Paris, Savy, 1877.

"Figurez-vous une petite caisse prismatique en bois, reposant sur un pied, comme une chambre photographique de petites dimensions, munie en avant d'un minuscule objectif et en arrière d'une manivelle ainsi que d'une lampe électrique à arc dont la lumière est condensée sur l'objectif. Devant ce dernier, on déroule rapidement, dans l'intérieur de la caisse, au moyen de la manivelle, une étroite bande pelliculaire transparente sur laquelle ont été photographiées, à des intervalles très courts, les diverses phases d'une scène animée qui vient se reproduire avec ses moindres détails et en grandes dimensions sur l'écran placé en avant de l'objectif. L'illusion est tellement complète qu'il est difficile de différencier les mouvements des acteurs de la scène de ceux de véritables personnages. [...] Depuis le 1er mai 1897, la Société anonyme des Plaques et Papiers photographiques A. Lumière et ses Fils, a mis en vente le Cinématographe de MM. A. et L. Lumière qui ne doit pas être confondu avec ses imitations plus ou moins imparfaites, vendues à des prix très inférieures. Les commandes peuvent être adressées, soit à la Maison elle-même (Lyon-Monplaisir), soit à M. Chevrier, 35 rue de Rome, à Paris. Le prix de l'appareil, type complet, pris à Lyon est, avec tous ses accessoires, de 1650 fr. Ci-dessous le détail des objets constituant l'appareil complet : A. Un Cinématographe proprement dit comprenant les accessoires suivants : 1° Une boîte châssis à deux axes pour l'obtention des positifs ; 2° Deux boîtes châssis à un axe pour l'obtention des négatifs ; 3°. Deux boîtes réceptrices. 4° Un objectif pour négatif. 5° Un objectif à projections. 6. Une manivelle. 7. Une bobineuse. 8. Un porte-pellicule. B. Une lanterne à projections avec condensateur à ballon ; un régulateur électrique à main ; un châssis avec verre dépoli. C. Un rhéostat. d. un chevalet pour projections. E. Un pied pour prendre les négatifs. F. Une boîte à humidifier. G. presseurs de rechange. H. Ressorts de glace-presseurs. I. Ressorts contre-griffes. J. Un nécessaire pour le nettoyage de l'appareil, comprenant : brosse, tournevis, plinces, blaireau, pinceaux, seringue, burette, peaux chamois, etc." (affichette Le Cinématographe de MM. A. & L. Lumière".

"At the beginning of the year 1896, M. Trewey had an invitation from his old friend, M. Lumière, to go and inspect a new invention. He went and saw the Cinematograph, and was the first actor to see himself portrayed in living pictures on the secreen. Entrusted by the inventor with the work of showing the new amusement device to the public, Trewey at once took it to Paris, opining at the Grand Café. While telling me his story with rare enthousiasm, Trewey produced a diary. "I have kept these for the last forty years", he remarked, as he turned over the pages, then read out, "February 20, 1896, Thursday, Cinematograph exhibition at the Polytechnic". That was, he maintains, the first cinematograph show in England. It was a memorable performance. [...] After the films - they were the same as exhibited in Paris - had been shown, the screen was drawn up, disclosing on the stage Trewey ready to entertain his guests at a magnificent banquet. In addition to running his two shows at the Polytechnic and the Crystal Palace, Trewey exhibited the films at the Empire. For some curious reason, the moving pictures did not draw full hoses at the "Poly" [...]. Trewey's house is a vertitable showmen's museum" (John Cher, "Who is the father of the trade ? Interview with M. Trewey", The Bioscope, 17 octobre 1912, p. 187-188).

Bibliographie

[Léon Vidal], "Sur le Cinématographe de MM. A. et L. Lumière", Le Moniteur de la Photographie, n° 13, 1er juillet 1895, p. 200-202.

Léon Vidal, "Le Cinématographe de MM. A. et L. Lumière", Le Moniteur de la Photographie, n° 21, 1er novembre 1895, p. 327-335.

"Le Cinématographe de MM. A. et L. Lumière", Photo-Gazette, 25 janvier 1896, p. 43-46.

Société anonyme des Plaques et Papiers Photographiques A. Lumière & ses fils, Capital trois millions, Usines à vapeur : Lyon-Monplaisir, cours Gambetta, rues St-Victor, St-Maurice et des Tournelles, Notice sur le Cinématographe Auguste et Louis Lumière, Lyon, Imprimerie L. Decléris et fils, 16 place Bellecour, 1897, 30 p.

John Cher, "Who is the father of the trade ? Interview with M. Trewey", The Bioscope, 17 octobre 1912, p. 187-188.

Jacques Foiret, Cinématographie, La caméra des frères Lumière, Paris, Musée national des techniques, 1988.

Auguste et Louis Lumière, Correspondances 1890-1953, Paris, Cahiers du cinéma, 1994.

Laurent Mannoni, "Les appareils cinématographiques Lumière", 1895, revue d'histoire du cinéma, n° 82, été 2017, p. 52-86.