Une exposition peut être aussi un espace de création et de production. L'envie s'est imposée très vite d'offrir à quelques cinéastes la possibilité de tourner en toute liberté un film de quelques minutes inspiré par la chevelure féminine. Dans la logique de cette exposition, la Cinémathèque française a souhaité que ces films proviennent de pays et de cultures différentes dans leur rapport aux cheveux de femmes. Ce jeu a donc été proposé à six cinéastes appréciés pour leur ton, leur liberté de création, et bien sûr leurs films. Ils ont tous pris la balle au bond avec enthousiasme.
Isild Le Besco (née en 1982), actrice depuis l'enfance, passe à la réalisation en 2003. Inspiratrice entre autres du cinéaste Benoît Jacquot (elle reçoit le prix de la meilleure actrice à la Mostra de Venise pour Intouchable), elle interprète à plusieurs reprises des amoureuses, souvent passionnelles, toujours sensuelles, naturelles. Pour l'exposition, elle signe Bette Davis.
Yousry Nasrallah (né en 1952) est d'abord assistant de Youssef Chahine. Il réalise son premier long métrage en 1988. Il témoigne dans ses films de la société égyptienne et notamment, avec Femmes du Caire, des rapports hommes-femmes dans un pays où la montée de l'intégrisme bouleverse la place des uns et des autres. Pour l'exposition, il signe Objet trouvé sur un tournage.
Pablo Trapero (né en 1971) appartient au mouvement de la "Nouvelle Vague" argentine. Cinéaste indépendant et engagé, il collabore depuis toujours avec son épouse Martina Gusman, productrice qui joue depuis quelques années devant sa caméra. Pour l'exposition, il signe Rumor.
Nobuhiro Suwa (né en 1960) débute sa carrière au cinéma en tant qu'assistant-réalisateur, puis documentariste pour la télévision japonaise. C'est en 1997 qu'il réalise son premier film, qui, comme tous les suivants, oscille entre fiction et documentaire. Pour l'exposition, il signe Les Cheveux noirs.
Abbas Kiarostami (né en 1940) pose un regard souvent contemplatif et réflexif sur l'Iran et ses contemporains. Il observe le monde de l'enfance, la place de la femme dans un pays où se mêlent le politique et le religieux, mais surtout questionne le cinéma lui-même. Pour l'exposition, il signe No.
Abderrahmane Sissako (né en 1961) dialogue avec l'histoire contemporaine du continent africain. À travers ses films, le cinéaste et producteur mauritanien révèle subtilement des vérités cachées, notamment en imaginant un procès improbable entre la société civile et le FMI dans Bamako (2006), véritable plaidoyer pour une Afrique souveraine. Pour l'exposition, il signe Ni brune ni blonde.
Entretien inédit entre Alain Bergala, commissaire de l'exposition temporaire, et Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque française, le 12 octobre 2010.