Maxime Martinot

Marie Drouet, Chevelures en mouvement

documentaire, 2010

Depuis 2007, l'artiste nantaise Marie Drouet se consacre à des chevelures d'encre et de papier : les "paysages-chevelure", panoramas de fils graphiques tendus vers l'infini dont les dimensions varient selon l'espace d'accrochage ; les "albums", œuvres portatives aux creux desquelles se replient plusieurs mètres de dessins en attente d'un déploiement ; les "chevelures circulaires", oursins capillaires variant de 40 cm à 1,50 m de diamètre – les plus petits ayant fait l'objet d'un livre d'artiste – et, enfin, les "cadrages". Ces derniers se présentent comme des labyrinthes hypnotiques construits autour d'un vide central : la chevelure se dilate depuis cette béance, indiquant un territoire imaginaire au-delà des frontières du cadre.

Ces variations sur la chevelure féminine ont en commun l'utilisation de l'encre de Chine noire, appliquée méticuleusement à la plume. La constance du procédé est contredite par la diversité des qualités de papier choisies par l'artiste pour leurs propriétés intrinsèques : une matière opaque et solide ou au contraire une peau presque translucide où l'encre vient percer. Support traditionnel certes, mais qui se mue en un acte performatif face aux dimensions du papier et au temps qu'exigent le travail de la plume et l'inscription répétée du signe. Cet ouvrage de répétition du même dans la durée n'est pas sans évoquer celui de Roman Opalka, par son effort à matérialiser un écoulement temporel et à faire coïncider le temps de création avec celui de la vie.

C'est ce geste sec, nerveux, répétitif, presque obsessionnel, que Maxime Martinot, dans ses Chevelures en mouvement (version courte d'un documentaire sur l'artiste), parvient à saisir et préserve dans toute sa tension. Attentive à la musique du grattage, sa caméra suit le rythme du poignet de l'artiste où s'originent les milliers de traits qui, selon l'espacement, la quantité de matière, la cadence de l'application, traduisent différents états de la densité capillaire. La chevelure, comme un paysage changeant, se fait boucle, fourche, trait souple ou ligne droite, jusqu'à créer une manière d'inventaire des cheveux de femmes, toujours en mouvement malgré l'inertie du support.

Album 4
Marie Drouet - Album 4 - 2009
Chevelure circulaire
Marie Drouet - Chevelure circulaire - 2010
Livre d'artiste
Marie Drouet - Livre d'artiste - 2010
Cadrage
Marie Drouet - Cadrage - 2008-2009
Le cheveu sculpté