Alice Anderson, artiste plasticienne
L'œuvre d'Alice Anderson, plasticienne et vidéaste franco-britannique née en 1976, réinterprète son enfance et ses récits. Adepte des métamorphoses, des jeux d'échelles et de miroirs, l'artiste s'est inventé plusieurs alter ego dotés de longs cheveux roux soumis à des jeux de poupée plus proches d'Hans Bellmer que de Walt Disney. Toute en tensions et en contrastes, son œuvre est tissée d'histoires cruelles et de présences paradoxales.
The Isolated Child, sculpture constituée de 5 000 mètres de cheveux de poupée, a été spécialement réalisée pour l'exposition Brune/Blonde. Elle s'étale sur l'architecture de Gehry pour rejoindre, dans l'espace d'exposition, un personnage de cire, créé à l'image de l'artiste : ce corps enfermé dans un cylindre tapissé d'aiguilles rejoue métaphoriquement le lien qui unit l'enfant à la mère, figure sévère et punitive récurrente de son œuvre. Si le donjon moderne de Gehry peut inspirer une référence à Rapunzel, c'est exclusivement au couple mère/fille qu'il faut ici s'attacher. Les cheveux fonctionnent comme une bobine de fil, cordon ombilical où se dessinent un attachement viscéral, une tension entre intérieur et extérieur, dont la mère et la fille seraient les deux pôles conflictuels. L'image de la toile et de l'araignée qu'elle suggère – présente notamment dans les dessins de sang – n'est de toute évidence pas étrangère à la proposition freudienne de la mère castratrice.
Dans cet entretien filmé, l'artiste revient sur la question du cheveu de poupée – identifié au fil – comme élément fondamental de son vocabulaire plastique, et sur ses enjeux esthétiques. Le travail avec l'architecture est donné comme une composante essentielle de la conception de The Isolated Child, dont on peut suivre l'élaboration et le montage par des alpinistes professionnels. Alice Anderson, reliée aux techniciens par un talkie-walkie, orchestre à distance ce singulier ballet de fils.
